L'Allemagne touchée à son tour par la crise financière

Les investisseurs ont boudé la dernière émission allemande à dix ans de l'année. Sur les 6 milliards d'euros proposés, 35 % n'ont pas trouvé preneur. La Bundesbank a joué le rôle de pompier pour boucler l'opération.
Copyright Reuters

C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase et mis à l'épreuve la résistance de l'euro. L'émission obligataire à dix ans, la dernière de l'année, lancée mercredi par l'Allemagne, a rencontré une très faible demande, Berlin n'arrivant à placer que 3,6 milliards d'euros pour une offre de départ de 6 milliards d'euros. C'est dire que 35 % de l'émission de « bund », pourtant réputé comme la référence de la zone euro sur laquelle tous les investisseurs sont censés se précipiter, n'a pas trouvé preneur.

Mais ils souffrent d'indigestion : les portefeuilles croulent déjà sous des montagnes de titres d'outre-Rhin, les plus liquides de la zone euro, alors que l'émission a offert un rendement une nouvelle fois en baisse à 1,98 %, contre 2,09 % lors d'une adjudication similaire en octobre et 2,74 % en moyenne cette année. Il a fallu l'intervention de la Bundesbank pour que l'opération soit couverte (le ratio de couverture a atteint 1,1, contre une moyenne de 1,56), une pratique usuelle, mais pour des montants bien inférieurs. La Buba a mis en réserve les 2,4 milliards d'euros qu'elle a acquis et qu'elle placera progressivement sur le marché.

Si « ce résultat ne signifie en aucun cas une pénurie de refinancement pour le budget allemand », a tenu à préciser l'Agence financière allemande, l'organisme responsable de l'émission, il n'en est pas moins symbolique de l'ampleur de la crise de la dette : même la valeur refuge ne fait plus recette. La banque ING avait prévenu que tout différentiel supérieur à 1 milliard d'euros constituerait « un signe de faiblesse », même si les besoins de financement de Berlin sont bien inférieurs à ceux de ses partenaires européens lourdement endettés. C'est un signe tangible : après l'adjudication, les taux de marché se sont nettement tendus, le rendement du bund grimpant jusqu'à 2,13 %, soit une progression de plus de 20 points de base par rapport à mardi.

Les statistiques du jour, laissant redouter un plongeon de la zone euro dans la récession, n'ont fait qu'ajouter à l'atmosphère délétère. Selon la première estimation de la société Markit qui publie l'indice d'activité des directeurs d'achats, le PMI a poursuivi sa contraction en novembre dans la zone euro, chutant à 47,2 contre 49,1 en octobre. Plus grave : « il semblerait que le pire reste à venir », a mis en garde le chef économiste de Markit.

Autre chiffre morose, les commandes à l'industrie dans la zone ont accusé leur plus forte contraction depuis trois ans, chutant de 6,4 % en septembre, avec une baisse particulièrement marquée en Allemagne, en France, en Espagne et en Italie.

Conséquence la plus immédiate : l'euro a encaissé de plein fouet cette série noire, rechutant à son plus faible cours depuis six semaines face au dollar, pour ne plus valoir, au plus bas dans les transactions, que 1,3360.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 13
à écrit le 13/05/2012 à 13:33
Signaler
La crise financière actuelle est avant tout une crise de répartition des revenus: Il faut à tout prix réduire l'écart entre les revenus les plus élevés et ceux les plus bas et reglémenter sérieusement les marchés financiers.

à écrit le 25/11/2011 à 20:53
Signaler
dans mes prévisions..

à écrit le 24/11/2011 à 16:19
Signaler
Formidable, la Bundesbank achète le papier que l'Allemagne n'a pas pu fourgué sur le marché mais dans le même temps les allemands sont hostiles à ce que la BCE fassent de même !!!!! Alors on nous dit que la Buba va se charger de le vendre sur le mar...

le 24/11/2011 à 18:39
Signaler
Bien !

le 25/11/2011 à 11:36
Signaler
Pistol : les deux cas ne sont pas pareils: lorsque la Bundesbank achète de la dette allemande avec ses réserves, c'est une histoire allemande. Lorsque la Banque Centrale Européenne achète de la dette grecque, portugaise, italienne ou espagnole avec l...

à écrit le 24/11/2011 à 14:52
Signaler
L ALLEMAGNE ON NOUS BASSINE AVEC L 'ALLEMAGNE CELA FAIT DES ANNEE QUEL A UN BUDGET DE DEFENSE RIDICULE PAR RAPPORT A LA FRANCE MAIS AUCUN DE NOS SPECIALISTE ECONOMIQUE N'EN PARLE QUAND ON VOIT SE QUE LA FRANCE EN GOUFFRE POUR PAYER LES RETRAITES DE ...

le 24/11/2011 à 15:25
Signaler
Pour vous les problèmes de la France ne résident que dans les retraites des militaires? Un peu de hauteur de vue s'il vous plait, même si leur retraite est généreuse, je pense que nous avons quelques différences avec l'Allemagne, sur le taux d'indust...

le 24/11/2011 à 16:05
Signaler
pour le monsieur de la haute je vous invit a regarder les chiffres du budget des deux pays j'espere que ton monocle est bien accroche tu risque de faire tomber

à écrit le 24/11/2011 à 9:24
Signaler
Faire chuter l'EURO à 1,2 voire à 1,15 ne serait pas "déconnant" loin de là. On a encore de la marge avec notre monnaie surévaluée.

à écrit le 24/11/2011 à 7:35
Signaler
L'Allemagne a un endettement similaire à celui de la France et une baisse d'activité en Europe va se répercuter dans les autres pays du monde et plus durement encore, en Allemagne. La crise mondiale fera ses premières victimes en Europe avant de cont...

à écrit le 24/11/2011 à 7:16
Signaler
Ce qui est surprenant c'est que personne ne parle du vrai problème: le déséquilibre des balances commerciales entre les pays de la Zone Euro du aux divergences économiques grandissantes depuis l'introduction de l'Euro. Les économies, puisque divergen...

le 24/11/2011 à 13:08
Signaler
Le problème à ce jour est que l'on joue au nivellement par le bas, donc une parité future ?/$ pour tout le monde !

le 24/11/2011 à 14:15
Signaler
Mais la parité avec la monnaie de réserve internationale doit être un des objectifs de l'euro. (que ce soit le dollar ou autre) Supporter une renchérissement artificiel de ses coûts à l'export de plus de 40% en le répercutant sur la protection socia...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.