Le fonds de sauvetage fragilisé

Le FESF voit sa capacité de prêts aux pays en difficulté réduite à une peau de chagrin.
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Au-delà de l'impact dans chaque pays de la vague d'abaissement de note par Standard & Poor's (S&P), c'est l'architecture même de l'édifice de sauvetage de la zone euro qui est mise à mal. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) dépend en effet des garanties octroyées par les 17 États membres de la zone euro, et en particulier jusqu'ici par les 6 pays disposant de la meilleure note AAA.

Or, après la perte du AAA par la France (représentant 21,8 % du FESF) et l'Autriche (3 % de ce même fonds) vendredi, seuls 4 des 17 ont encore ce sésame : l'Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Finlande. Le FESF, bénéficiant pour le moment d'une semblable note AAA bien que sous perspective négative depuis décembre, devrait bientôt perdre ce rang.

À moins que les quatre mousquetaires restants, notés AAA, acceptent de contribuer encore un peu plus au FESF pour compenser la déchéance française et autrichienne. « S'il y a un plus grand engagement des autres pays alors le FESF pourrait conserver son AAA », indique le président du comité de dette souveraine de S&P, John Chambers.

Nouveau fonds

« Dans les prochains mois, le FESF doit de nouveau emprunter sur les marchés un montant de plusieurs dizaines de milliards d'euros pour le nouveau programme en faveur de la Grèce : avec une note dégradée, il lui sera difficile de trouver de nouveaux investisseurs », rappelle Thomas Mayer, l'économiste en chef de la Deutsche Bank.

Ne pouvant plus compter sur un volume de garanties AAA aussi important qu'auparavant, le potentiel de prêts du FESF aux États membres de l'euro en difficulté (comme l'Irlande, le Portugal et bientôt la Grèce) serait ainsi réduit, selon les économistes, à environ 270 milliards d'euros. On est donc loin des 440 milliards d'euros de capacité effective brandie lors de récents sommets de l'UE.

Mais à quelque chose malheur est bon. Le geste de S&P devrait accélérer l'entrée en vigueur du plus solide nouveau fonds de sauvetage, le Mécanisme européen de stabilité (MES). Dès samedi, la chancelière allemande a souligné que « nous avons vite besoin d'un MES qui se fonde sur son propre capital » et serait donc « indépendant des notes » des agences, ne devant pas se procurer des fonds sur les marchés financiers.

Collectifs budgétaires

Lundi dernier, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy avaient déjà insisté « pour anticiper [d'un an, Ndlr] la mise en oeuvre du MES à juillet 2012 [et] accélérer sa capitalisation ». « Le traité pour le MES doit encore être approuvé par les parlements nationaux et son financement supplémentaire devrait nécessiter des collectifs budgétaires », rappelait récemment Elga Bartsch, économiste à Morgan Stanley. À l'instar de ses partenaires, Paris devrait trouver ainsi d'ici à l'été quelque 16 milliards d'euros pour alimenter le MES...

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