Le président fédéral allemand poussé à la démission

Christian Wulff a annoncé qu'il quittait la tête de l'Etat suite à des soupçons de corruption. une affaire gênante pour la chancelière Angela Merkel.
Christian Wulff, ancien ministre président de Basse-Saxe, avait été cité dans des affaires d'avantages perçus auprès de chefs d'entreprise et d'amis. Il aurait notamment bénéficié de vacances de luxe payées par un producteur de cinéma. Photo : Reuters

Le président fédéral allemand Christian Wulff a, vendredi, annoncé sa démission. C?est la fin d?un feuilleton de plusieurs mois qui avait tenu l?opinion en éveil outre-Rhin. L?ancien ministre président de Basse-Saxe, dans le nord du pays, élu en 2010, avait été cité dans des affaires d?avantages perçus auprès de chefs d?entreprise et d?amis durant son mandat à la tête du Land. Il aurait notamment bénéficié de vacances de luxe sur l?île de Sylt, dans la mer du nord, payées par un producteur de cinéma, David Groenewold. Or, la société de ce dernier avait, par la suite, obtenu du Land de Basse-Saxe une garantie pour un prêt de plusieurs millions d?euros.

Menace de levée d'immunité
Mercredi, le procureur de Hanovre avait annoncé qu?il transmettait au Bundestag une levée de l?immunité du président. Une première dans l?histoire de la République fédérale. La situation de Christian Wulff était dès lors intenable, d?autant qu?il avait au cours de ces affaires multiplié les maladresses, comme ce coup de fil au rédacteur en chef de la Bild Zeitung l?intimant de ne pas publier les informations qu?il détenait.

Un revers pour Angela Merkel
Cette démission sonne également comme une nouvelle défaite pour Angela Merkel. Car c?est elle qui, lors de la démission du précédent président Horst Köhler, avait imposé Christian Wulff aux élus de sa coalition. L?idée alors était d?écarter un de ses rivaux les plus redoutables dans son propre camp. La stratégie de la chancelière était, en pleine crise européenne et alors que sa politique était contestée au sein même de son gouvernement, de faire le " vide autour d?elle". Elle avait donc refusé de soutenir le candidat du SPD, Jochen Gauck, un ancien dissident de la RDA, personnalité consensuelle et non partisane et avait dû en venir au troisième tour de scrutin pour faire élire "son" candidat. Cette défaite est d?autant plus amère que le prédécesseur de Christian Wulff, Horst Köhler, avait également été choisi en 2004 par Angela Merkel et avait démissionné avec fracas cinq ans plus tard sans cacher ses critiques envers la chancelière. A cela s?ajoute que depuis son arrivée à la chancellerie plusieurs ministres importants ont dû quitter leurs postes, notamment le très fringant Karl-Theodor von Guttenberg.

Choix délicat
La situation est donc difficile pour Angela Merkel qui a annulé la rencontre prévue ce vendredi avec le président du conseil italien Mario Monti. Désormais, une « assemblée fédérale » devra être convoquée. Composée des députés au Bundestag et de délégués des Länder, cette assemblée éphémère n?a que la fonction d?élire un président fédéral. Certes, ce poste est surtout honorifique et n?a guère de poids politique, pas même celui de nommer le chancelier qui est élu par le Bundestag. Au point du reste qu?outre-Rhin, nombreux sont ceux qui se posent la question de la pertinence d'un tel poste. Néanmoins, ce vote sera un test pour Angela Merkel et un message envoyé à l?opinion. En 2004, l?élection de Horst Köhler avait été perçue comme une défaite pour Gerhard Schröder, un an avant les élections fédérales qui l?avait chassé du pouvoir. Or, en septembre 2013, Angela Merkel devra faire face à des élections fédérales qui s?annoncent difficiles. Et compte tenu des défaites enregistrées par le camp conservateur ces derniers mois, cette élection n?est pas acquise pour la chancelière. Cette dernière devra donc sans doute faire le choix d?une figure consensuelle. Peut-être l?heure de Jochen Gauck a-t-elle enfin sonné.
 

Commentaires 2
à écrit le 17/02/2012 à 16:39
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au moins sur ce point, ils ne font pas mieux que nous!!!!!

à écrit le 17/02/2012 à 15:47
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en voilà un ex qui ne sera pas repris en france?? ben pourquoi?? en voilà de l'exemplarité mr le futur ex president.

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