La voix de la Bundesbank va porter davantage à la BCE

Paris soutient désormais la candidature d'Yves Mersch au sein du directoire de la BCE. Une décision arrachée à l'issue d'un marchandage avec Berlin qui aura des conséquences sur l'avenir de l'institution.
Yves Mersch (à gauche), président de la banque centrale du Luxembourg. Copyright AFP

La voix des faucons va prendre de l?ampleur au sein du directoire de la BCE. Ce mercredi soir, selon les informations publiées par Reuters, la France a en effet donné son soutien à la candidature d?Yves Mersch, président de la banque centrale du Luxembourg, au sein du directoire de la BCE. Le sujet du Grand-duc Henri peut désormais espérer très sérieusement occuper à partir du 1er juin prochain le poste actuel de l?Espagnol José Manuel Gonzalez Paramo. Il dispose en effet non seulement de l?appui français, mais aussi de celui de l?Allemagne et de ses principaux alliés : Pays-Bas, Finlande, Autriche. Le candidat de Madrid, Juan Antonio Sainz de Vicuña, semble donc sur le reculoir.

Représentation des pays AAA
La nomination d?Yves Mersch ne sera pas anodine. Au sein du directoire de la BCE, les pays touchés par la crise financière sont actuellement largement dominants : outre le président italien Mario Draghi et le vice-président portugais Vitor Constancio, on y trouve aussi le Belge Peter Praët et le Français Benoît C?uré et enfin José Manuel Gonzalez Paramo. Le seul représentant d?un pays noté AAA par les trois agences de notation est l?Allemand Jörg Asmussen, par ailleurs connu pour sa modération. L?arrivée d?Yves Mersch en lieu et place d?un Espagnol ferait alors entendre la voix des « faucons » proches de la Bundesbank.

Le Luxembourgeois a en effet très clairement déclaré qu?il désapprouvait les rachats d?obligations souveraines de la BCE. « A long terme, les rachats de titres grecs ou italiens n?ont pas d?avenir », avait-il ainsi déclaré voici quelques semaines à la presse allemande. On sait que la banque centrale allemande est très remontée contre la politique de la BCE et qu?elle est pratiquement entrée dans une démarche de résistance. Le choix d?Yves Mersch sera un geste d?apaisement, mais aussi de rééquilibrage. C?est ce qu?a laissé entendre le ministre des Finances néerlandais Jan Kees de Jager mercredi en précisant que la position de son pays viserait à donner « une meilleure représentation aux pays notés AAA au directoire de la BCE ».

Le choix de Mario Draghi
Pour Mario Draghi, l?arrivée d?Yves Mersch ne lui facilitera pas la tâche : tant sa politique de lutte contre la crise souveraine que sa politique monétaire vont désormais être sous le feu des critiques en interne. Devra-t-il prendre en compte ces opinions pour sauver l?unanimité du conseil ou osera-t-il passer outre et s?appuyer sur sa majorité de « colombes » au directoire ? De la réponse à cette question dépend l?avenir non seulement de la politique de la BCE, mais également du fonctionnement futur de l?institution. Déjà, il semble que ce dernier ait changé : la règle tacite qui voulait que les quatre principales économies de la zone euro fussent représentées au directoire est morte avec l?exclusion de l?Espagne.

Accord d'épiciers
Pourquoi Paris a-t-elle cédé ? Berlin a sans doute fait pression « amicalement » pour le rééquilibrage des postes au sein du directoire. Mais il semblerait, selon les informations de la presse allemande, que l?élément déterminant ait été un marchandage : contre son soutien à Yves Mersch, le gouvernement français aurait obtenu de l?Allemagne le poste de directeur de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD). L?avenir de la BCE aura donc été réglé par un accord d?épiciers.
 

Commentaires 2
à écrit le 08/03/2012 à 16:20
Signaler
Il serait grand temps que ce soit les pays les plus sérieux qui détiennent le droit de siéger dans les instances européennes et non ce Baroso dant le pays, après tous les fonds européens dont il a bénéficé, soit virtuellement en faillite, idem pou...

le 08/03/2012 à 19:11
Signaler
Vous avez 1.000 fois raison !!!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.