La guérilla allemande contre la BCE se poursuit.

Les économistes allemands s'inquiètent de "l'indépendance et de la crédibilité de la BCE", tandis qu'une plainte a été déposée à Munich contre le système de paiement paneuropéen, Target-2.
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Dans leurs prévisions macro-économiques de printemps publiées ce jeudi, les 5 grands instituts germano-suisses se montrent ainsi très critiques vis-à-vis de la politique monétaire de l'institution de Francfort. Ils consacrent ainsi un paragraphe à ce sujet : « l'indépendance et la crédibilité de la BCE sont aujourd'hui en cause ».

Le LTRO, preuve du manque d'indépendance de la BCE

« La BCE a fait naître l'impression qu'elle n'est plus indépendante, mais qu'elle réagit pour combler les manques de la politique budgétaire », estime le rapport qui exige que la BCE « affirme clairement qu'il revient aux gouvernements de trouver des solutions à la crise de la dette souveraine et aux problèmes des banques. » Selon les économistes allemands, les opérations de refinancement à long terme (LTRO) de la BCE ont été décidés certes pour tenter de réduire l'écart du coût de financement entre les pays en crise et les autres, mais « sous la pression de la crise de la dette ». Or, pour eux, la solution réside non pas dans des mesures monétaires ou de liquidité, mais dans une « réglementation politique sur les banques en difficulté ». « La politique monétaire ne peut aider qu'à la marge », estime le rapport et c'est pourquoi lorsque la BCE agit comme elle le fait, elle donne l'impression de se substituer à des Etats qui n'assument pas leurs responsabilités.

Risques sur le système bancaire allemand

Les instituts mettent en garde contre les dangers que feraient porter le LTRO contre le secteur bancaire allemand. Beaucoup de banques allemandes pourraient en effet préférer se diriger vers la BCE plutôt que de recourir aux mesures de recapitalisation nécessaires sur le marché. A terme, la stabilité bancaire allemande serait donc menacée. D'où la demande d'un arrêt de ces mesures de refinancement à long terme de la BCE.

Critique des déséquilibres de Target-2

Mais la hantise de l'Allemagne aujourd'hui, c'est Target-2, le système de paiement européen centralisé par la BCE. Le rapport insiste à nouveau sur les déséquilibre au sein de ce dispositif : Allemagne, Pays-Bas et Luxembourg ont 650 milliards de créances envers Target-2, les autres étant débiteurs. Les instituts conviennent qu'il s'agit d'abord d'un symptôme de la crise. Les flux de capitaux étant négatifs dans les pays en crise, les agents économiques se refinancent auprès de leurs banques centrales nationales qui tirent ainsi des créances sur Target-2. Le rapport en tire alors cette conclusion : « les flux de capitaux privés ont été remplacés dans les pays en difficulté par des flux de capitaux publics ». Selon lui, ceci a entraîné un plus grand laxisme budgétaire dans ces pays. Ceci ajoute-t-il « ne peut durer », sinon « les causes de la crise ne seront pas traités ».

Contestable

Cette accusation sur Target-2 est contestable car cet « argent public » est le fruit de transferts intereuropéens. Le débit de la Banque de Grèce vis-à-vis de Target-2 reflète la circulation des fonds vers d'autres pays. Et les créances de la Bundesbank reflètent de leur côté les paiements d'agents européens vers des agents allemands. Il n'y a pas de « pertes » ni de « création monétaire ». Le système est équilibré. Tant que la zone euro tient, évidemment. Et si un pays sort, il n'y aura de pertes qu'à hauteur de la participation du pays dans la BCE, pas au niveau de ses créances, car le système est centralisé. L'Allemagne ne risque pas de perdre 600 milliards d'euros, mais 27 % du total, soit 175 milliards d'euros. C'est certes beaucoup, mais il s'agit alors du scénario du pire : un éclatement complet de la zone euro.

Plainte contre la Buba

Ceci ne rassure pas les Allemands qui sont très nerveux vis-à-vis de ce système. Mercredi, un avocat d'affaires munichois, Bernd Schünemann a ainsi porté plainte contre le directoire de la Bundesbank à propos de Target-2. Pour lui, la Buba et le gouvernement, en « laissant faire la BCE » fait peser de grands dangers sur l'Allemagne et ses contribuables ». Il est vrai que le président de la Buba lui-même, Jens Weidmann, avait apporté de l'eau à son moulin en s'inquiétant ouvertement de ce système.

 

Commentaires 5
à écrit le 24/04/2012 à 13:16
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Notre problème de la dette n'en n'est pas moins réel. J'ai pas très envie que ça finisse comme en Espagne avec la moitié des jeunes qui n'ont pas accès à la vie active. On parle de croissance de la production très bien, mais alors il faut changer de ...

à écrit le 20/04/2012 à 10:21
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Etonnant non ? Quand la BCE manifeste son indépendance par rapport à l'Allemagne, l'Allemagne proteste. Quand des pays voudraient remettre en cause l'indépendance de la BCE, l'Allemagne proteste. Tout le monde sait ce que recouvre cette idée d'indépe...

le 21/04/2012 à 16:37
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Dites donc, vous savez compter sans les doigts? Qui a fait le mark? La France ou l'Allemagne? Croyez-vous qu'un peuple qui a connu la RDA cèdera aux sirènes du socialisme? Certes la France est faible, on le voit maintenant, dans la campagne on parle ...

à écrit le 19/04/2012 à 18:51
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Je ne suis pas d'accord sur le raisonnement ci dessus, prenons le bilan de la BCE: Si on arrête demain. Que se passerait il? Eh bien très probablement les créanciers target de la BCE ne toucheraient pas un radis, le passif global c'est à dire les prê...

le 19/04/2012 à 20:19
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Mais quand on veut le beurre, l'argent du beurre et la crémière... Ou le crémier pour Angela ! Parfois on se brûle les ailes ! Après il faut assumer.

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