La vague populiste met la politique européenne sous pression

Le succès électoral de Marine Le Pen s'inscrit dans un mouvement de fonds qui oppose prospérité nationale et unité européenne.
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Depuis deux ans, en Europe, chaque année apporte son lot de « surprises » nationalistes. En juin 2010, le parti de la liberté néerlandais (PVV) de Geert Wilders imposait ses thèmes anti-islamiste et, désormais aussi, anti-européens, au gouvernement du libéral Mark Rutte. Au nom de la défense des retraites des Néerlandais, il vient de le saborder en refusant les efforts budgétaires demandés au nom de l'Union européenne. En 2010 toujours, Bart de Wever provoquait la plus grave crise gouvernementale que la Belgique ait connu en faisant de la NVA, le parti nationaliste flamand, le premier du pays. Depuis avril 2011, à Helsinki, les Vrais Finlandais tiennent en otage la grande coalition emmenée par le Premier ministre Jyrki Katainen qui s'est livré à d'incroyables contorsions à chaque sommet européen. Cette année, c'est au tour de Marine Le Pen de hisser le front national au niveau de ses partis « frères » européens en recueillant 18% des voix au premier tour de l'élection présidentielle. S'ils aiment insister sur ce qui les distinguent les uns de autres, ces nouveaux leaders ont en commun, outre leur jeunesse (ils ont tous entre 42 et 50 ans), une ligne politique mêlant l'euroscepticisme à des prétentions sociales-démocrates.

Tâche difficile pour Paris

Voilà qui compliquera le travail du prochain gouvernement français, car le gagnant du second tour va devoir dessiner une trajectoire de redressement des finances publiques à trois ou quatre ans. La montagne de dettes sous laquelle croule les pays de la zone euro (plus de 80% du PIB) et le risque, intégré par les marchés, d'un éclatement de l'eurozone exercent une contrainte objective. A cet égard, l'engagement de ramener le budget à l'équilibre en 2016 pris par Nicolas Sarkozy ne fait pas grande différence avec le 2017 de François Hollande, même si le second assure pouvoir y parvenir sans sacrifier le « modèle social » français.

Front populiste

Certes, contrairement aux Vrais Finlandais ou au Parti de la liberté néerlandais, le Front national n'a aucune intention de monter dans un train gouvernemental. Dans le système bipartisan français, Marine Le Pen convoite pour le FN la place de l'UMP, pas un strapontin ministériel. Mais peu importe que les stratégies politiques varient. Le front populiste qui se forme au fil des ans en Europe est la toile de fond sur laquelle les partis de gouvernement vont devoir jouer leur partition. La France, où l'on parle déjà d'une réorganisation de la droite suite à la faveur des élections présidentielles et des législatives à venir, ne fait pas exception. L'Allemagne, en dépit de ses excédents impressionnants, non plus.

L'Allemagne menacée

Certes, les Allemands peuvent faire le choix, en 2013, lorsqu'il s'agira de réélire le Bundestag, d'une grande coalition réunissant sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens. Son système la met relativement à l'abri des partis extrémistes mais pas de tensions au sein même de ces deux grands partis centristes, comme l'ont montré les difficultés rencontrées par la chancelière Angela Merkel avec ses alliés du parti libéral, près un temps à saborder le fonds de sauvetage européen. Cette contestation n'est pas morte même si elle a été bâillonnée par la discipline partisane. Le front des eurosceptiques réunissant les adversaires de l'austérité, d'un côté, et ceux qui « ne veulent pas payer pour les autres », de l'autre, s'élargit sans cesse.

Dans un tel contexte, la stratégie européenne du prochain gouvernement devra consister à casser l'équation qui oppose prospérité nationale et unité européenne. En dépendra le résultat de l'élection française en... 2017.

 

Commentaires 12
à écrit le 24/04/2012 à 14:58
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:le projet TEAM pôle emploi : n'en est pas compromis pour autant , car là ce serait catastrophique pour la France . nous serions privé de cette immigration de peuplement , et qui cotiserait et payerait nos retraite ? cette belle UE qui nous pro...

à écrit le 24/04/2012 à 9:45
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Prochaines Élections en Europe : A défaut de dissoudre les peuples, Faites un effort d'imagination juridique électorale : Parole gouvernementale 85%, oppositions 15% Vote Censitaire : seul le riche comprend l?Europe, Gueux, chômeurs, sur end...

à écrit le 24/04/2012 à 9:26
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L'Europe doit se réformer et doit agir. Critiquer les électeurs ou le FN ne fera pas baisser les extrêmes... L'Europe est inexistante au niveau économique, il n'y a aucune union, chacun se tire dans les pattes. L'Europe c'est devenu la création de no...

à écrit le 24/04/2012 à 8:46
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Je déteste le terme populiste! Parce qu'on souhaite conserver notre modèle et que l'on reconnait que l'intégration/immigration est un gros échec on devient "populiste", "raciste","intolérant" ... MAIS CA VA PAS NON ! C'est la France qui accueil et c'...

à écrit le 24/04/2012 à 8:36
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Bonjour, Il faut arrêter avec cette Europe. Elle a échoué. Son symbole le plus marquant : la monnaie unique est mal construit; elle devra soit être réformée soit elle disparaîtra. Enfin, La main-mise de la Finance sur ces institutions est le dernier ...

à écrit le 23/04/2012 à 20:50
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Pour l'instant c'est plutôt l'incurie politique notre problème. Le système économique Européen ne passe pas la crise. Les politichiens méprisent ouvertement les règles fondamentales de l'économie. Les administrations étouffent les sociétés à tel poin...

le 24/04/2012 à 21:02
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L'Espagne... gouverné par José Maria Aznar pendant 8 ans, de 1996 à 2004. Par la droite donc. Pour quel héritage ? la crise immobilière (du ladrillo) elle vient d'où à ton avis ?? Car c'est ça, entre autre, qui mine ce pays. Et Zapatero qui a repris ...

à écrit le 23/04/2012 à 19:06
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L'absence de vision claire pour l'avenir de la construction européenne est à mon sens de pro-européen convaincu, une des raisons de cette poussée des extrèmes. Entre l'impossibilité de l'EU de créer de la croissance, l'élargissement vers l'est mal co...

à écrit le 23/04/2012 à 18:53
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Nous devons porter des accusations contre les partis socialistes européens, ils sont responsables de l'effondrement des Nations. Nous avons affaire à des bourreaux de l'humanité. Nous devons conduire les gouvernements laxistes devant un tribunal. MLP...

le 23/04/2012 à 21:29
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Et Marine au bal de Vienne organisé par la Corporation Olympia qu'en penses-tu ?

le 23/04/2012 à 21:38
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N'importe quoi ... l'effondrement des nations (US et GB et Irlande non socialistes compris) est du a la cupidité de la finance et a une mondialisation qui fini par provoquer la colère de ceux qui travaillent dur pour des clopinettes et qui sont mis e...

le 24/04/2012 à 7:27
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C'est là tout le talent de la "novlangue". Ce qui apparaissait comme une évidence il y a quelques temps (Cf Tatcher, Reagan...) a été noyé sous un flot de contre-vérité.

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