Une hausse des salaires de 4,3% pour les metallos allemands

800.000 employés de la métallurgie du Bade-Wurtenberg vont bénéficier d'une hausse de leur salaire de 4,3% après la signature d'un accord entre patronat et syndicat. Le mouvement de hausse des rémunérations tend à se généraliser outre-Rhin après 15 ans d'austérité.
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 Après des années d'austérité, l'Allemagne renoue avec les hausses de salaires: 800.000 employés de la métallurgie du Bade-Wurtemberg (sud-ouest) ont obtenu ce samedi une augmentation de 4,3% qui va servir de référence pour le secteur dans tout le pays. Après avoir vu les salaires stagner durant la crise économique, les syndicats allemands réclament désormais leur part du gâteau dans un contexte de croissance économique dans le pays et une inflation supérieure à 2% qui menace de rogner le pouvoir d'achat. La fédération allemande de la métallurgie Gesamtmetall a recommandé d'appliquer cet accord dans les autres régions.

Signé dans le Bade-Wurtemberg, l'accord pourrait s'appliquer dans les autres régions

La vaste branche de la métallurgie, qui regroupe aussi le secteur des machines-outils, de l'automobile et de l'électronique, emploie 3,6 millions de personnes dans le pays et forme la colonne vertébrale de son industrie, très orientée vers l'export. Le syndicat IG Metall exigeait au départ une hausse de 6,5% des salaires et faisait pression sur les entreprises de la branche avec des grèves dans tout le pays depuis fin avril, qui ont touché notamment Bosch, Siemens ou encore Daimler. Outre une hausse de salaires immédiate de 4,3% à compter de mai jusqu'en avril 2013, cet accord pilote, trouvé dans la nuit de vendredi à samedi au bout d'un 5ème round de négociations, limite également le recours aux travailleurs intérimaires et favorise l'embauche des apprentis.

Limitation de l'intérim

Au bout de deux ans maximum dans la même entreprise, un travailleur intérimaire devra ainsi obligatoirement recevoir une offre d'emploi de la part de celle-ci. D'autres règles concernant le recours aux intérimaires pourront être négociées au cas par cas avec les comités d'entreprise. La coutume d'embaucher les apprentis après une période d'essai concluante a été confirmée, toutefois "en fonction du besoin de l'entreprise", selon Südwestmetall, la branche de Gesamtmetall dans le Bade-Wurtemberg.

Les hausses de salaires se sont multipliées ces dernières semaines dans différents secteurs en Allemagne. Elles ont été encouragées par le ministre allemand des Finances lui-même, Wolfgang Schäuble, qui a récemment estimé qu'il était "normal" d'augmenter à présent les salaires.

Les hausses de salaire se généralise outre-Rhin

Ces hausses interviennent en effet après quinze ans d'austérité et de réformes sociales dures dans le pays, comme le report progressif du départ à la retraite et une flexibilité accrue du marché du travail, lequel est actuellement en pleine santé avec un taux de chômage de 7%, au plus bas depuis plus de 20 ans. Cette semaine même la chancelière Angela Merkel et son gouvernement, chantres de l'austérité en Europe, se sont offert une hausse de salaires de 5,7%, la première en douze ans. Fin mars, deux millions de fonctionnaires allemands avaient donné le ton en décrochant une augmentation de 6,3%, après des grèves d'avertissement. Environ 220.000 employés des banques publiques et privées en Allemagne luttent toujours pour obtenir une augmentation de 6%.

"Le pouvoir des salariés se renforce" en Allemagne dans de nombreux secteurs qualifiés, où le manque de main d'oeuvre va s'accroître en raison du vieillissement accéléré de la population allemande, estimait récemment Günter Warsewa, directeur de l'Institut pour le travail à l'université de Brême (nord). Cependant "le système allemand de négociations sociales permet toujours d'arriver à un résultat intelligent", selon lui. "Les syndicats ne mettront pas en danger la croissance et la productivité". Cela n'empêche pas quelques déconvenues, comme la décision d'Opel cette semaine de ne plus produire son modèle Astra en Allemagne à partir de 2015 mais uniquement en Grande-Bretagne et en Pologne, où les coûts de production sont moins élevés.

 

Commentaires 7
à écrit le 20/05/2012 à 19:32
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"Au bout de deux ans maximum dans la même entreprise, un travailleur intérimaire devra ainsi obligatoirement recevoir une offre d'emploi de la part de celle-ci": cette loi n'est pas nouvelle, elle existe depuis quasiment 10 ans! Le journaliste devrai...

à écrit le 20/05/2012 à 12:59
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la france fait surement aussi bien avec les dockers cgt ou le personnel edf

à écrit le 19/05/2012 à 14:32
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Ces accords ont une contrepartie : permettre dans des groupes allemands ou étrangers la baisse global des 12 % des effectifs du secteur. On a annoncé aux travailleurs allemands que ces coupes seraient le fait d'entreprises étrangères, que cependant i...

à écrit le 19/05/2012 à 14:07
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ils n'ont vraiment pas de chance ces Allemands avec un gouvernement qui non seulement leur permet de telles augmentations mais qui de plus renforce chaque jour leur capacité d'innover et d'exporter. Vivement un Franz Holland pour les aider à recouvre...

le 21/05/2012 à 17:33
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Les ouvriers de Volkswagen sont aux 32h. Mais en bon ignorant, vous préférez colporter vos âneries. Au fait, à 14h07, vous n'êtes pas au travail ?

à écrit le 19/05/2012 à 13:26
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Ptovoquer la croissance est de l'utopie ... La croissance ne se décrète pas par un décret en gouvernement ... Sinon cela serait fait depuis longtemps ... Ce dont les entreprises qui la font ...

à écrit le 19/05/2012 à 12:24
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Après 15 ans de rigueur et d'austérité à outrance en Allemagne, ils l'ont bien mérité. Nous autres français devons nous rendre compte que ce n'est possible là bas que parce qu'ils ont déjà consenti des efforts considérables (ils ont "mangé leur pain ...

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