Justice, Parlement et exécutif : les points faibles de la lutte anti-corruption

La France fait moins bien que les Scandinaves, l'Allemagne ou encore la Grande-Bretagne en matière de lutte contre la corruption, lésée par un manque de transparence concernant notamment le Parlement.
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La France est à la traîne en matière de lutte contre la corruption. L'Hexagone se classe loin derrière les États scandinaves qui donnent l'exemple en Europe, mais également derrière l'Allemagne, la Suisse et le Royaume-Uni, selon un rapport comparant les systèmes de lutte anti-corruption dans 25 pays d'Europe publié ce mercredi par l'ONG Transparency International (TI). "La France ne fait pas partie des deux groupes d'États les plus performants, écrit Transparency International (TI), qui situe le système d'intégrité hexagonal sur le même plan que celui des Pays-Bas et de la Belgique.

Forces et faiblesses du système français

En France, le système de lutte anti-corruption reste "solide" comparé notamment aux mauvais élèves que sont la Bulgarie et la Roumanie, lanternes rouges des 25 pays passés au crible par l'ONG. Les juridictions financières (Cour des comptes, chambres régionales des comptes), constituent le point fort du système français. De même que les organes de contrôle des élections. Les faiblesses se situent en revanche du côté du Parlement. TI souligne par exemple que "la France est le seul pays, avec la Slovénie, où les déclarations de patrimoine et les déclarations d'intérêts des parlementaires ne sont pas rendues publiques." Autres maillons faibles du système anti-corruption français : l'exécutif et la Justice, affirme l'organisation non gouvernementale .

Le petit pas du gouvernement vers plus de transparence

A l'inverse, les services publics et la société civile sont mieux notés en France en matière de lutte contre la corruption que dans la moyenne des autres pays. L'ONG qui avait milité durant la campagne présidentielle pour que chaque candidat s'engage pour plus de transparence signale par ailleurs l'adoption, à l'issue du premier conseil des ministres, d'une charte de déontologie pour les membres du gouvernement.

3 parlements sur 4 ont des mécanismes d'intégrité "insuffisants"

Le manque de transparence et d'intégrité dans la vie poltiique ne sont cependant "pas spécifiques à la France", relativise l'ONG. L'ensemble de l'Europe doit continuer à faire des efforts. Un sentiment visiblement partagé par les citoyens européens puisque 74% d'entre eux estiment que la corruption est un problème croissant dans leur pays, selon l'Eurobaromètre de la Commission européenne publié en février. Et de fait, le rapport de Transparency International publié ce mercredi révèle que 75% des parlements européens ont des mécanismes d'intégrité "insuffisants ou mal appliqués".

Les premiers de la classe ont aussi des lacunes

Car les États les plus efficaces en matière de lutte contre la corruption ne sont pas pour autant des modèles. Les liens "trop étroits" entre le secteur privé et la classe politique sont notamment pointés du doigt par l'ONG. La Suisse et la Suède, par exemple, n'ont aucune réglementation en ce qui concerne le dons versés aux partis politiques. Et divers scandales ont éclaboussé les bons élèves de la lutte anti-corruption ces dernières années. Le scandale des notes de frais à la Chambre des Lords a secoué la Grande-Bretagne; en Norvège, des fraudes sur les retraites  complémentaires ont été révélées, quand des conflits d'intérêts ont écorché la crédibilité de la classe politique finlandaise, cite pour exemples Transparency International pour qui l'Europe peut mieux faire.

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