Après Valence et Murcie, d'autres régions espagnoles vont demander de l'aide

La région de Valence a été la première à solliciter le secours de l'Etat espagnol pour faire face à ses obligations de remboursement d'ici la fin de l'année, celle de Murcie l'a fait aussi et d'autres vont suivre cette voie. Les marchés craignent que l'Etat central ne puisse pas mener de front tous ces sauvetages en pleine crise de la dette.
Manifestation lundi à Valence (Espagne) des pompiers qui prostestent contre les coupes faites dans les budgets en raison de la situation finanicière de la région /Copyright Reuters

En faisant appel à l'aide de l'Etat pour faire face à ses obligations financières d'ici la fin de l'année, la communauté autonome de Valence a reconnu implicitement son incapacité à assumer seule la détérioration de ses finances.

Valence a besoin de 3,5 milliards d'euros, mais le montant qu'elle sollicitera au Fonds de Liquidité Autonomique (FLA) dépendra de ce que demanderont à sa suite les autres régions. Le FLA, créé par le gouvernement de Mariano Rajoy afin d'apporter la liquidité nécessaire aux régions pour couvrir leurs obligations financières d'ici fin 2012, comptera en effet un maximum de 18 milliards d'euros qui seront répartis entre les régions.

Strictes conditions

L'octroi de fonds ne devra pas mettre en danger l'objectif de déficit des régions fixé à 1,5% du PIB en 2012. En 2011, elles ont été responsables de deux tiers de la déviation des objectifs de l'Espagne (8,9% au lieu des 6% du PIB prévus). L'accès au fonds est assorti de strictes conditions comme l'élaboration d'un nouveau plan d'ajustement et la vigilance resserrée de l'Etat central, ce que certains médias espagnols assimilent à un sauvetage « à l'européenne ».

Ce n'est pas le premier mécanisme mis en place pour soulager les finances régionales et leurs créanciers. Outre une ligne de crédit ouverte en début d'année pour faire face aux échéances de dette antérieures au 30 juin, le gouvernement a créé un fonds destiné à faciliter le remboursement des impayés des régions à l'égard de leurs fournisseurs. Les régions lui ont emprunté 18 milliards d'euros. Les impayés de Valence représentaient à eux seuls 25% de la facture totale.

Le coût des excès d'autrefois

Valence, qui paye ses excès d'autrefois (boom incontrôlé de l'immobilier, projets pharaoniques visant à satisfaire la mégalomanie de caciques locaux, clientélisme politique...) affiche du reste des comptes parmi les plus déséquilibrés parmi les régions. Sa dette publique, de 21 milliards d'euros représente 20% de son PIB. Son déficit a atteint 4,5% en 2011 et elle doit faire face à des échéances de dette de 2,5 milliards d'euros d'ici la fin de l'année, alors que son accès aux marchés est inexistant, sa dette figurant au rang d'obligations pourries. 

Pour l'instant, outre Valence, seule Murcie a reconnu prévoir de faire appel au fonds, de la bouche de son président, malgré les démentis postérieurs de son équipe. Elle demandera entre 200 et 300 millions d'euros.

La Catalogne devrait suivre

« Il est probable que la Catalogne le demande aussi », estime Miguel Angoitia, professeur de finances publiques à l'Université Autonome de Madrid. La région la plus riche d'Espagne est aussi la plus endettée avec 42 milliards d'euros, 21% de son PIB. Les autorités régionales étudient cette possibilité sans confirmer si elles y feront appel.

Or, « si des régions comme la Catalogne ou l'Andalousie sollicitent l'aide du fonds, l'Espagne peinera sans doute à financer leur sauvetage avec les seuls 18 milliards d'euros du fonds », estime un analyste qui préfère maintenir son anonymat. Le gouvernement compte assumer l'octroi des fonds sans recourir à de nouvelles émissions de dette, toujours périlleuses actuellement compte tenu des taux en cours.

C'est justement ce que craignent les marchés, estime Daniel Pingarrón, stratège chez IG Markets, pour qui d'autres régions vont inévitablement solliciter le fonds. « Même si l'appel au FLA par Valence n'est pas la principale raison de la panique des marchés ces jours derniers », rappelle-t-il. Il reste en effet d'autres problèmes à résoudre, tout aussi pressants : régler une fois pour toutes la recapitalisation bancaire, réduire le niveau d'endettement public et privé, et retrouver, à terme, le chemin de la croissance.

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