Londres : pendant les Jeux, les commerces se vident

Comme les précédentes villes hôtes des Jeux Olympiques, Londres a souffert pendant la compétition. Les touristes viennent avant tout pour voir des épreuves et évitent les magasins.
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Petit café-restaurant installé au bord d?un canal de l?est de Londres, le Stour Space dispose d?une terrasse flottante. Dès que le soleil brille, les clients affluent pour profiter de ce joyau méconnu. Les Jeux Olympiques auraient pu s?avérer être une formidable impulsion pour ses propriétaires, d?autant que de l?autre côté du canal se profile le stade olympique. Ou plutôt son sommet car le reste du bâtiment est obstrué par le large pavillon réservé aux VIP.

Pas d'effet d'aubaine

« Sur les conseils du comité d?organisation, nous avons effectué d?importants travaux de rénovation pour faire face à l?afflux promis de clients en provenance ou en direction du parc olympique, » se désole Neil McDonald, l?un des deux gérants du lieu. « Aujourd?hui, non seulement le pavillon bloque la vue vers le stade donc aucune société n'est intéressée par la location de notre espace restaurant mais en plus il y a moins que de clients que d?habitude. Et tous mes voisins sont dans la même situation. » Les tablées ne sont en effet constituées que d?habitués. « Le pire est que les volontaires installés à l?entrée sud du parc olympique, et formés par le comité d?organisation, empêchent les gens de se rendre dans notre direction car la zone serait désaffectée, » assure-t-il. « Et un de nos voisins, qui distribuait des tracts non loin de l?entrée pour attirer les gens dans son bar, a été expulsé manu militari et ses tracts confisqués? »

Quartiers commerçants déserts

En plein centre-ville, la situation n?est guère plus réjouissante. Toute l?année, Londoniens, banlieusards et touristes internationaux se déversent dans les principales boutiques de Regent Street et d?Oxford Street. Depuis deux semaines, le quartier s'avère pourtant méconnaissable : ses trottoirs ne débordent pas de monde. Les allées de l'incontournable magasin Top Shop sont clairsemées, tandis que les enseignes voisines sont presque désertes. « C?est très calme depuis deux semaines, » admet une employée du magasin Benneton. « Nous nous attendions tous à avoir plus de monde que d?habitude mais l?inverse se produit. Il faut croire que tous les touristes sont là pour les Jeux Olympiques et pas pour faire des courses, ou en tout cas qu?ils restent à l?autre bout de la ville, » admet-elle en indiquant l'est de Londres du revers de la main. Signe de leur détresse, la municipalité diffuse dans le métro des spots sonores encourageant les visiteurs « à se rendre dans le centre-ville », ses commerces et ses musées, et à ne pas se limiter aux zones olympiques

Phénomène connu

« Il y a effectivement moins de ventes mais les achats sont plus conséquents car principalement dirigés vers les produits de luxe en raison de la venue de VIP et hauts responsables étrangers, » assure Jace Tyrrel, responsable de la société privée New West End Company, chargé de la gestion et de la promotion du quartier. « Mais nous savions tout cela : le même phénomène s?est produit à Atlanta, Sydney, Athènes et Pékin. Les retombées seront surtout visibles sur le long terme car en termes de publicité pour la ville, les J.O. s?avèrent formidables. » Les touristes habituels repoussent en effet leur passage dans la ville olympique, le budget des touristes olympiques est grevé par les prix exorbitants des hôtels et les locaux fuient leur ville.

2,5 milliards d'euros de retombées financières attendues

Les autorités avaient pourtant assuré que, durant la quinzaine olympique, plus de 2,5 milliards d'euros reviendraient directement dans l?escarcelle des commerçants, des Londoniens à travers la location d?appartements et de l?Etat. Elles avaient bien besoin de ces arguments pour calmer la colère des Britanniques et des Londoniens après six ans de travaux et 13 milliards d'euros dépensés pour l'organisation de l'événement, soit 1/9e des économies exigées par le gouvernement de David Cameron entre 2011 et 2015.
 

Commentaires 4
à écrit le 11/08/2012 à 0:53
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Les jeux olympiques sont un véritable gouffre financier sur le long terme comme tout évènement sportif éphémère... Montréal 1976 est le summum. Il faut calculer le chiffre d'Affaire dégagé auxquels on soustrait les couteux frais d?infrastructures... ...

à écrit le 10/08/2012 à 19:50
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Pour y etre aller c est surtout du au fait que les commercants restaurateurs etc ont surtout pensé a encaisser a max en augmentant les prix de maniere outranciere. Faut pas prendre les touristes pour des imbeciles. Comme dit le proverbe anglais: pork...

à écrit le 10/08/2012 à 18:12
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Véritable scam commercial ces JO. La ville est complètement vide! Jamais vu ça en 8 années ici... Longue sera la route du remboursement de cette dette colossale!

à écrit le 10/08/2012 à 16:09
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Pour acheter quoi des chinoiseries on a les mêmes ici.

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