Pays-Bas : pourquoi les populistes anti-européens ont échoué

Les populistes de droite comme de gauche ont dominé la campagne, mais paradoxalement ont échoué à imposer leurs vues. Le socialiste Emile Roemer et l'ultra-conservateur Geert Wilders sont les grands perdants des législatives du 12 septembre.
L'islamophobe Geert Wilders a raté son pari. Sa formation, le Parti de la liberté (PVV), est passés de 24 à 15 sièges sur 150 au Parlement des Pays-Bas. /Copyright Reuters

En avril dernier, l'islamophobe Geert Wilders avait fait tomber le gouvernement de centre-droit, qu'il soutenait depuis le Parlement. Il a payé cher pour ce coup de tête : les électeurs lui ont reproché d'être irresponsable, pour avoir fait chuter la coalition au bout de seulement deux ans de pouvoir, en pleine crise de la zone euro.

Solution trop radicale

Trop sûr de lui, Wilders a réussi à imposer le thème central de la campagne, l'Europe, sans pour autant convaincre. Sa solution, sortir les Pays-Bas de la zone euro, a paru trop radicale et aventureuse. Conséquence, son Parti de la liberté (PVV) est passé de 24 à 15 sièges sur 150 au Parlement. "Il a cristallisé contre lui les propositions des autres partis pro-européens, libéraux du VVD, travaillistes du PVDA et centristes du D66, qui ont semblé plus raisonnables et mesurés aux yeux des électeurs", note Adriaan Schout, responsable des études européennes de l'institut Clingendael.

Le candidat de du SP, Emile Roemer, a lui aussi pâti de ses commentaires sur l'Europe, bien que sa critique ait été plus mesurée. Au plus haut dans les sondages pendant plusieurs mois, il avait devant lui un bel avenir de Premier ministre. Sa cote a dégringolé à partir de la mi-août, après qu'il ait contesté la norme européenne de 3% pour le déficit budgétaire, mais surtout après ses mauvaises performances lors des débats télévisés entre candidats. Du coup, le SP n'a pas amélioré son score de 2010, et reste à 15 sièges au Parlement.

Une réputation d'eurosceptique

Les Pays-Bas se sont taillés une réputation d'eurosceptique. Pourtant, les électeurs ont indiqué leur volonté de se maintenir dans la zone euro. Au final, un débat vigoureux sur la bureaucratie de Bruxelles et les plans de sauvetage destinés à la Grèce ont abouti au maintien ou à la remontée des partis qui plaident pour le projet européen.

Les travaillistes, en déconfiture en 2010 en raison d'une crise interne de leadership, raflent 39 sièges sur 150 au Parlement, juste après les libéraux du VVD, 41 sièges. Mark Rutte, le Premier ministre libéral sortant, a félicité le leader travailliste Diederik Samsom pour son "incroyable performance". Il va devoir gouverner avec lui au sein d'une coalition "violette", où les compromis vont être âprement négociés. Pour mettre de l'huile dans les rouages de cette coalition, les chrétiens démocrates du CDA (13 sièges) ou les centristes pro-européens du D66 (12 sièges) pourraient être invités à y participer.
 

Commentaires 3
à écrit le 13/09/2012 à 20:09
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Ouais, mais attention des fois il paraît que les gens comprennent en 20 jours ce qu'ils n'ont pas compris en 20 ans.

à écrit le 13/09/2012 à 18:35
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Pourquoi ont-ils échoué ? La réponse est pourtant simple ! Ce serait très instructif de faire un scrutin électoral sans la pression des médias, nous aurions quelques surprises ...

le 13/09/2012 à 19:11
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Encore un docteur en géopolotique qui parle

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