Démission surprise de la présidente de choc de la région de Madrid

La charismatique femme politique a appliqué les recettes libérales à la région espagnole pendant neuf ans et faisait figure d'électron libre au sein du Parti Populaire.
Esperanza Aguirre, la présidente de la région de Madrid, élue sans interruption depuis 2003 semblait indéboulonnable. /Copyright Reuters

La présidente de la région de Madrid, Esperanza Aguirre, a annoncé en début d'après-midi sa démission du poste qu'elle occupait depuis 2003. A soixante ans, connu pour son franc-parler et ses saillies souvent teintées de démagogie, cette figure incontournable du Parti Populaire (PP) de Mariano Rajoy abandonne ainsi la tête de la deuxième région la plus riche d'Espagne, après trente ans de carrière politique : de conseillère municipale à Madrid (1983-1996), elle était devenue ministre de l'Education sous Aznar (1996-1999), puis avait été la première femme à présider le Sénat (1999-2002) et à être élue présidente de région en 2003, grâce à deux transfuges socialistes. Réélue en 2007 et 2011, elle semblait indéboulonnable.

Bouleversement politique

Sa démission pour « raisons personnelles » provoque un bouleversement politique. Au niveau régional, le vice-président, Ignacio González, assurera la gestion des affaires courantes avant d'être probablement investi président par le Parlement régional. « Les Madrilènes ne verront pas la différence », a affirmé Esperanza Aguirre. En neuf ans, elle a marqué de son empreinte la trajectoire de la région : libérale jusqu'au bout des ongles, elle a favorisé l'essor de l'éducation privée ainsi que la mise en place d'hôpitaux sous contrat, développé le réseau du métro, et aidé à ce que la région, premier pôle espagnol d'attraction de capitaux étrangers, apparaisse comme « business friendly ».

 A l'échelle nationale, cette démission fait disparaître de la scène politique l'un des principaux opposants à Mariano Rajoy au sein du PP. Après les échecs de ce dernier aux législatives de 2004 et 2008 face au socialiste Zapatero, Esperanza Aguirre était apparue un temps comme une alternative solide face à un Rajoy mal à l'aise dans son rôle de leader de l'opposition. Depuis l'élection de ce dernier, elle s'était faite plus discrète, mais sa liberté de ton et son indépendance ont dérangé plus d'une fois le premier ministre. Il en va ainsi de ses appels répétés à réviser le modèle étatique autonomique (entre centralisme et fédéralisme).

Politique d'austérité

La dernière étape d'Aguirre à la tête de Madrid aura été marquée par l'austérité : si la région est l'une des plus assainies financièrement (son ratio dette/PIB de 9,1% est le plus bas d'Espagne) son déficit public en 2011, de 2,2%, dépassait largement la limite autorisée de 1,5% du PIB. Dans ce contexte, les dernières mesures prises ont dressé de nombreux secteurs contre son gouvernement : hausse importante des tarifs universitaires, création de 45 nouvelles taxes, baisse des salaires des fonctionnaires, etc.

Commentaires 9
à écrit le 18/09/2012 à 16:19
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Le monde politique a besoin de donner du résultat à la société. La jeunesse espagnole souffre depuis longtemps, comme les autres en Europe, mais aujourd'hui c'est plus visible. Pourtant un monde meilleur est possible...

à écrit le 18/09/2012 à 16:10
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Certes mais ces gens qui vont dans la politique se payent la sécurité d'emploi que les salariés n'ont pas... c'est un peu facile de donner des leçons et de se servir des gens, pardon des jeunes, comme des esclaves.

à écrit le 17/09/2012 à 18:53
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N'y a-t-il donc que des femmes pour trouver le courage d'appliquer fermement les bonnes politiques ?

le 17/09/2012 à 19:13
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La bonne politique pour le business et les cathos. L'école publique affaiblie pour que chacun soit incité à offrir ses enfants à la religion. Du De Villiers à la sauce espagnole.

le 17/09/2012 à 19:31
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Et après, il y en a qui se demandent pourquoi les démocraties sont en crise. Pourtant, l'intervention de Democratix révèle précisément la source de nos maux.

le 17/09/2012 à 20:30
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À démocratix, Esperanza Aguirre n'a pas affaiblie l'école publique puisqu'elle a lancé les collèges/lycées bilingues ET publiques. Les madrilènes l'ont élu 3 fois, dont 2 avec une majorité absolue. Elle est populaire et aimé dans la Communauté de Ma...

le 17/09/2012 à 22:25
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et qui dit bonne politique pour le business dit bonne politique pour l'embauche !!!

le 17/09/2012 à 23:04
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La fin d'article ne ressemble pas aux louanges que vous lui tressez. L'ultralibéralisme est comme le communisme, un dogmatisme imbécile. Elle est issue d'un milieu bourgeois, donc manquer à la fin du mois, elle n'a jamais connu. Elle voulait privatis...

le 18/09/2012 à 7:58
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Les pauvres n'ont besoin ni de solidarité larmoyante ni d'aide sociale : ils ont besoin de travail et de la possibilité de transformer facilement les fruits de leur travail en capital. Quand le chômage et la pauvreté augmentent, c'est qu'on les prive...

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