L'entrée de la Croatie dans l'UE menacée par une querelle bancaire

Croates et Slovènes se déchirent sur les créances d'une banque de l'ex-Yougoslavie. Ljubljana menace à présent de son veto l'adhésion croate à l'UE.
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Décidément, la Slovénie ne voit pas d'un bon œil l'arrivée dans l'Union européenne, annoncée l'été prochain, de son voisin croate. Après la menace de veto sur la question de la frontière maritime au large de l'Istrie, qui devrait être réglée par un arbitrage de l'UE, voici la querelle bancaire.

Eclatement de l'ex-Yougoslavie

Le quotidien viennois Der Standard résume dans son édition de ce lundi toute l'affaire. Au début des années 1990, la banque yougoslave basée en Slovénie, Ljubljanska Banka (LB) fait faillite dans la foulée de l'implosion de la république fédérale socialiste à partir de 1991. Cette banque disposait de dépôts provenant de toute l'ex-Yougoslavie, notamment de Croatie. Le nouvel Etat slovène ne s'est jamais soucié réellement de ces créances. En revanche, l'Etat croate a accepté à l'époque de garantir la moitié des dépôts de ses ressortissants pour un montant de 272 millions d'euros. 130.000 épargnants croates (et 140.000 bosniaques) ont cependant perdu leurs avoirs.

Querelle de vingt ans

Un combat judiciaire s'est alors ouvert. Le gouvernement slovène a freiné de toutes ses forces l'affaire. En 1994, il a créé la Nova Ljubljanska Banka (NLB) avec les actifs sains de la LB et a conservé les dettes dans une LB désormais coquille vide. En 1998, Ljubljana passe une loi excluant toute possibilité de plainte sur ce sujet. En 2001 et 2010, les Etats ont décidé cependant de se mettre d'accord sur le principe d'un arbitrage de la Banque des Règlements Internationaux (BRI). Pour le moment, l'affaire reste cependant en suspens.

Nouvelle plainte

Mais la plainte la plus récente déposée par deux banques croates, Privredna Banka et Zagrebcaka Banka, contre LB et NLB, concerne les montants payés par Zagreb dans les années 1990. Et non les sommes pas encore versées qui étaient visées par les accords de 2001 et 2010. Les établissements croates considèrent que la Slovénie doit rembourser à Zagreb les sommes garanties par la Croatie. Evidemment inacceptable pour Ljubljana. D'autant que le pays souffre de son secteur bancaire et pourrait faire appel à l'aide européenne. La Slovénie a alors sorti son atout: l'adhésion de la Croatie à l'UE.

Veto slovène?

Car, à cause de cette querelle, le marché croate est en effet fermé aux banques slovènes. Voilà qui contredit la libre circulation des capitaux au sein de l'UE, affirme la Slovénie qui agite donc implicitement la menace d'un veto. En attendant, alors que la Commission appelle (vainement) les parties à s'entendre, la BRI s'est elle déclarée incompétente sur le sujet. Bref, le 28e membre de l'UE n'est pas encore dans la forteresse UE.

 

Commentaire 1
à écrit le 15/10/2012 à 11:35
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Et les peuples ans tout cela ils sont consultés ? Tout se décide à Bruxelles évidemment. pas étonnant que de plus en plus de régions veuillent se détacher de leur pays et de l'UE. Les Flandres dernier exemple en date.

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