L'Allemagne sereine à l'ouverture du sommet budgétaire à Bruxelles

La chancelière Angela Merkel aborde la négociation sans être liée par un compromis préalable franco-allemand, laissant Paris isolée dans sa défense de la politique agricole et ses demandes sur le rabais.
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« Habituellement, le résultat de ce genre de négociation, c'est que les Français gardent la PAC, les Anglais leur rabais et que l'Allemagne paye un peu plus. » Cette remarque d'un journaliste allemand au moment où les chefs d'Etat et de gouvernement se retrouvent à Bruxelles pour parler du budget européen jusqu'à 2020 est en soi assez révélatrice. Mais ce qui l'est plus encore c'est l'hilarité qu'elle a provoquée parmi ses confrères. Le vieil adage : « L'Allemagne payera », ce résumé lapidaire de la politique européenne n'est désormais plus tabou. Et c'est précisément parce qu'il devient public qu'il est probablement sur le point de devenir faux.

Berlin pas pressée

Non, l'Allemagne ne règlera pas automatiquement le solde laissé par une négociation où chacun veut préserver ses recettes sans alourdir ses charges. Non, Berlin n'est pas pressé d'obtenir un accord et se donne tout le temps nécessaire pour atteindre ses objectifs qui s'avèrent relativement en ligne avec les premières esquisses de compromis mis sur la table par le président du Conseil Herman van Rompuy. Si le sommet de cette semaine ne doit être que « la première strate » de négociation, ce n'est pas un problème. Dans ces conditions, toute idée de veto est simplement dépourvue de sens puisque la négociation va se poursuivre dans les mois à venir.

Berlin tient certes à la politique agricole commune (PAC) mais pas plus qu'au reste. Elle n'a pas l'intention de défendre bec et ongles l'enveloppe prévue dans la proposition de la Commission européenne (de 25 milliards plus élevée que celle proposée par Herman van Rompuy) la semaine dernière. Or c'est ce que demande la France. « La PAC est une partie de la négociation et ne peut être considérée indépendamment du reste... Tous les domaines doivent contribuer à la consolidation », expliquait-on jeudi matin à Berlin.

Paris et Rome isolées

Le gouvernement CDU/FDP est prêt à rogner sur les aides à ses agriculteurs qui pourraient baisser de 20 à 25% dans certains cas, selon le ministère fédéral de l'Agriculture. L'effort qu'il est prêt à demander aux siens, on imagine mal qu'il ne l'exige pas des autres... sauf à obtenir de sérieuses contreparties... qu'il ne demande pas.

C'est un troisième point d'achoppement potentiel avec Paris : il n'est pas prioritaire pour Berlin de toucher à la structure des contributions au budget. Le rabais allemand étant lié au rabais britannique, si on ne touche pas le deuxième, il n'y a aucune raison de toucher au premier. Du coup, Paris et Rome sont bien seuls dans leur demande de réforme. Grand seigneur, le gouvernement fédéral accepte que sa contribution nette augmente (sous l'effet de la baisse des aides aux Länder de l'Est dont la situation économique s'est considérablement améliorée depuis la précédente négociation il y a 10 ans), puisque cela traduit le jeu des règles en place... dont Paris conteste l'équité.

Les positions française et allemande se rejoignent en définitive sur un nombre plutôt limité de points : la nécessité de faire davantage contribuer l'administration communautaire (préservée de façon assez prévisible dans les propositions venant de Bruxelles) et la possibilité de modérer les hausses parfois colossales des budgets de recherche et d'infrastructure. C'est maigre comme base de compromis. Finalement, à y regarder de près, cette sérénité allemande pourrait être un facteur d'anxiété française.
 

Commentaires 4
à écrit le 23/11/2012 à 14:22
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En parlant budget et tonneau des danaides, il faut parler de la grèce qui n'est pas une démocratie puisque les comptes publics sont faux. Ils ont été faussés volontairement à l'entrée dans l'Europe. Et que dire de la comptabilité publique française, ...

à écrit le 22/11/2012 à 16:02
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c'est drole dans le fond : londres isolé (merkel tance CAmeron) paris isolé rome isolé sans parler de madrid lisbonne ou athènes bref je commence à me demande si à forcer den ne pas isoler tout lemonde ce n''est pas Berlin qui est isolé ! :)))

à écrit le 22/11/2012 à 15:00
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Ce sera bien la première fois que Paris et Berlin ne seront pas d'accord sur l'essentiel du budget européen et la PAC en particulier si chère aux Français. Berlin peut se permettre vu sa santé économique de laisser filer 20 à 25% du budget PAC lui re...

à écrit le 22/11/2012 à 14:55
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le mieux, c'est de supprimer le budget europeen et que chaque etat garde sa contribution pour s'aider soit meme.

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