Olé ! Le taux espagnol à 10 ans passe sous les 5 %

Ce jeudi matin, Madrid a levé sans difficulté 5,8 milliards d'euros de dette à moyen et long terme sur le marché obligataire. A la recherche de rendement, les investisseurs favorisent à nouveau la dette des pays dits périphériques de la zone euro.
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La crise des dettes souveraines pourrait-elle bientôt n'être plus qu'un mauvais souvenir pour les pays du sud de l'Europe ? A l'exception de la Grèce, dont la situation est toujours extrêmement critique, les pays comme le Portugal, l'Espagne ou l'Italie retrouvent peu à peu - chacun à leur façon - les faveurs des marchés. Ce matin, Madrid a levé sans difficulté 5,8 milliards d'euros de dette à moyen et long terme sur le marché obligataire. Cette première émission de l'année était très attendue. Non seulement elle donne le ton pour 2013. Surtout, elle confirme le retour de la confiance des investisseurs.

Demande deux fois supérieure à l'offre

A l'origine, le Trésor espagnol envisageait d'émettre pour 5 milliards d'euros maximum de Bonos. La demande, deux fois supérieure à l'offre, lui a permis d'aller au-delà. Cet appétit des investisseurs a aussi tiré les rendements sur les emprunts espagnols vers le bas (le rendement des obligations évolue en sens inverse des prix). Concrètement, le Trésor espagnol a emprunté 3,397 milliards d'euros avec une nouvelle obligation à 2 ans, à un taux de 2,476%, 1,95 milliard à échéance cinq ans à un taux de 3,988% contre 4,68% le 8 novembre 2012, et 470 millions d'euros à 13 ans à un taux d'intérêt de 5,555% contre 6,191% le 21 juillet 2011.

Le taux espagnol à 10 ans passe sous les 5 %

Autre signe du retour de la confiance des investisseurs, la prime de risque sur la dette espagnole (la différence entre le rendement des obligations à dix ans de l'Espagne et celui de l'Allemagne, qui fait référence) était en baisse à 335 points de base en milieu d'après midi, très loin des records de l'été. Peu après l'annonce des résultats de l'opération, le rendement des obligations d'Etat espagnoles à dix ans est repassé sous le seuil de 5% sur le marché secondaire, pour la première fois en dix mois. Les taux espagnols à 10 ans a dépassé les 7% en juillet. Enfin, à la mi journée, le CDS (credit default swap) de l'Espagne (plus son niveau est élevé, plus l'emprunteur est considéré comme risqué) s'établissait à 252 points de base. Il avait atteint 638 points de base fin juillet dernier.

La menace d'intervention de la BCE disuade les opérateurs de marché d'attaquer la dette espagnole

L'Espagne, quatrième économie de la zone euro, profite d'une accalmie sur les marchés après une année 2012 marquée par une grande défiance des investisseurs, la pression ayant atteint des niveaux record durant l'été, lorsque beaucoup pensaient que le pays serait forcé de demander le sauvetage de son économie. Depuis, la possibilité d'une intervention de la BCE a dissuadé les opérateurs de marché d'attaquer trop fortement la dette espagnole.  

L'Espagne empruntera moins sur les marchés en 2013 qu'en 2012

Le 8 janvier dernier, l'Espagne a annoncé qu'elle se fixait un objectif d'émission de 21,3 milliards d'euros de dette en 2013, soit une hausse de 7,6% par rapport à 2012. Le gouvernement espagnol, qui hésite toujours à solliciter un plan de sauvetage international, entend ramener le déficit budgétaire à 4,5% du produit intérieur brut (PIB) fin 2013, soit une économie d'environ 50 milliards d'euros. Le Trésor a dit l'an dernier avoir émis 97 milliards d'euros d'obligations, auxquelles se sont ajoutés 16 milliards d'émissions privées, pour un total de 113 milliards d'euros, un niveau nettement supérieur à l'objectif initial de 86 milliards en raison, notamment, du sauvetage de plusieurs régions autonomes.

Le poids des investisseurs domestiques a augmenté

L'Espagne espère parvenir à attirer de nouveau en 2013 les investisseurs étrangers, qui ont fortement réduit leur exposition à la dette espagnole depuis un an. Ils détenaient ainsi 35,5% des obligations souveraines espagnoles en novembre dernier, contre une part de 50,5% fin décembre 2011. Les banques ibériques ont dû compenser ce déficit de financement en faisant passer leur part de 16,9% à 33,6% pendant la même période.

Pourquoi les investisseurs sont ils soudainement friands de dette espagnole ?

"La recherche du rendement est toujours un thème important pour les marchés, ce qui devrait continuer à soutenir les adjudications de dettes de pays comme l'Espagne", expliquent les stratèges de marché de la Société Générale. De plus, le marché étant inondé de liquidités, notamment par les banques centrales, les portefeuilles des investisseurs sont extrêmement liquides. Les banques espagnoles qui ont bénéficié du plan de sauvetage du secteur bancaire espagnol ont d'ores et déjà reçu 37 milliards d'euros sous forme d'obligations Sareb - du nom de la "bad bank" créée par Madrid - garanties par l'Etat, en échange de leurs actifs toxiques. Elles ont reçu autant d'obligations ESM dans la recapitalisation, via l'agence FROB (le fonds de restructuration bancaire). Elles peuvent apporter toutes ces obligations en repo à la BCE. "Le cash ainsi obtenu devrait contribuer à soutenir la demande de Bonos au moins dans la première partie de l'année", expliquent les stratèges de la Société Générale. "

Enfin, l'OMT et les achats de l'ESM n'ont pas été activés, et l'Espagne n'en aura probalement pas besoin dans l'immédiat, mais "cette menace d'intervention constitue toujours une certaine forme de protection pour les investisseurs", poursuivent-ils.

 

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Commentaires 7
à écrit le 11/01/2013 à 13:37
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Pour réduire la dette il faut acheter du "Made in Spain". Se lancer dans le dumping social compétitif contre les Chinois, Allemands, Coréen et j'en passe n'est pas la bonne solution. Surtout que les problèmes ne se limitent pas uniquement aux échange...

à écrit le 11/01/2013 à 11:56
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il est fou de penser que durant des années on a laissé la spéculation attaqué l'Espagne dont les taux d'interet ont explosé , sans RIEN faire et en jetant l'Espagne dans le chaos. L'Espagne retrouve peu à peu des taux d'intérêt "normaux" et non plus ...

à écrit le 11/01/2013 à 7:11
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Les bénéfices réalisés dans les pays sur-endettés, y compris la Grèce et la France étant souvent réinvestis par les grandes entreprises surtout allemandes hors de la Zone Euro, entre autres dans les pays de l'ancien bloc soviétiques que nous sommes e...

à écrit le 10/01/2013 à 17:59
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Quel est le role de la BCE dans tout ça ?

à écrit le 10/01/2013 à 17:38
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Ben, c'est sûr qu'avec les Américains qui font tourner à fond la planche à billets et pensent maintenant émettre une pièce pour effacer leurs déficits, l'endettement des nations ne veut plus rien dire :-)

à écrit le 10/01/2013 à 17:24
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le pekin moyen peut-il placer ses economies dans des dettes europeennes? ça semble parfois rapporter plus que la caisse d'epargne...et il semblerait qu'elles sont garanties par le reste de l'europe à voir comme cela se passe pour les grecs.

le 10/01/2013 à 20:53
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C'est pourtant simple: c'est connu qu'on rémunère le risque. La caisse d'épargne rapporte moins parce que c'est un placement sûr. Alors que les dettes européennes sont un placement... sûr! (merci les contribuables européens qui apportent une garantie...

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