Beppe Grillo, un comique poujadiste devenu arbitre de la politique italienne

Beppe Grillo, l'ancien comique, a surpris son monde en réunissant un quart des électeurs italiens sur son nom. Entre provocations et prises de positions radicales, celui qui se réclame du peuple pose question. Revue du parcours et de la méthode du nouveau troisième homme de la politique italienne.
Beppe Grillo lors d'une de ses réunions publiques à Turin dans le nord de l'Italie - Copyright Reuters

Beppe Grillo est un comique, mais il n'est pas sûr que son humour fasse beaucoup rire les hommes politiques traditionnels italiens et les milieux européens. Donné à 15% des intentions de vote dans les sondages, le trublion de la scène politique transalpine a surpris son monde lundi en réunissant près d'un quart des votants sur son nom. Revue du parcours et de la méthode d'un outsider devenu le troisième homme et arbitre de cette élection italienne.

Le comique provocateur devenu blogueur

Dans les années 1970, Beppe Grillo se fait un nom à la télévision italienne. Dans les années 1980, il apparaît même à l'affiche de films italiens. L'humoriste aux piques féroces et qualifié par certains de Coluche italien rencontre un succès important et devient millionnaire. Cette manne lui servira plus tard à financer ses activités politiques. A la fin des années 1980, il est renvoyé de la RAI et interdit de télévision sous le gouvernement socialiste de Bettino Craxi. Il animera finalement plusieurs shows dans les années suivantes, mais de manière plus discrète.

Beppe Grillo revient sur le devant de la scène en 2005 grâce à son blog devenu rapidement le plus consulté d'Italie, dans lequel il s'adonne à une critique acerbe de la classe politique italienne et européenne. Ce blog lui a valu la même année le prix du héros européen de l'année du Times. Il lui a été inspiré par le communicant Gianroberto Casaleggio, spécialisé dans la communication sur internet.

Un "Vaffanculo" à la classe politique

En 2007, porté par son succès sur la toile, l'ancien comique organise le "Vaffanculo Day" (littéralement "journée du va te faire foutre"), au cours duquel il réunit 50.000 manifestants contre le monde politique qu'il considère comme corrompu et incompétent.

Devenu blogueur, il franchit le pas de la politique en 2010, lorsqu'il fonde le MoVimento Cinque Stelle, avec la lettre "V" en capitale pour rappeler le "Vaffanculo Day" et le chiffre cinq en latin, avec Gianroberto Casaleggio, devenu son conseiller et mentor. Le principe est simple : contact direct avec les citoyens, fin de la république des partis et dénonciation de la corruption. De quoi séduire.

La polémique sur sa proximité idéologique avec les néo-fascistes

Mais sur le plan des idées, le mouvement est difficile à classer. Entre sortie de l'euro, interdiction des "boîtes" chinoises à la Bourse, refus des nouveaux droits accordés aux nouveaux italiens et migrants, celui qui se dit au service direct des électeurs interpelle.

"Le temps des idéologies est fini. Le mouvement cinq étoiles n'est ni de droite ni de gauche. Il est au dessus et va au-delà de toute tentative de ghettoïsation (...) de notre parole," s'est défendu Beppe Grillo après avoir été filmé en pleine discussion avec des militants de Casa Pound, un mouvement néo-fasciste.

>> VIDEO Beppe Grillo est ouvert aux électeurs néo-fascistes (en italien)

 

Dans cette vidéo prise par le Corriere della sera, Beppe Grillo compare ses points de vue avec un militant de Casa Pound. A la fin, il conclut : "je suis tout simplement en train de parler avec un militant du mouvement cinq étoiles".

Personnalisation du pouvoir et proximité

Sur le plan de la méthode, Beppe Grillo pratique la politique de proximité. Ainsi a-t-il lancé sa campagne, appelée sobrement "Tsunami Tour", en traversant à la nage le détroit de Messine qui sépare l'Italie de la Sicile et mené une campagne de terrain, région après région, sans jamais s'appuyer sur les 200 candidats issus de la société civile de son mouvement. Sans être lui-même candidat (il a été déclaré inéligible par la justice italienne), il est le seul représentant dans les médias du mouvement cinq étoiles.

De quoi rappeler la méthode du super-médiatique Silvio Berlusconi, qui a mené campagne seul du début à la fin. D'autant que le Gênois n'est pas à une exagération près. Lors d'un meeting, il est allé jusqu'à demander à Al-Qaïda de bombarder Rome et ses politiciens corrompus.

Commentaires 43
à écrit le 01/03/2013 à 14:38
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l' élite auto-proclamée (le journaliste ?) contre le peuple (l' essentiel des commentateurs ne tombent pas dans le panneau de ce torchon): désormais je suis résolument populiste

à écrit le 28/02/2013 à 7:53
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Le responsable du principal mouvement italien musulman indique que beaucoup de muslims ont aussi voté Grillo. Et Pouf ! Cet article se replace à sa place naturelle : la poubelle !

à écrit le 27/02/2013 à 11:17
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Nul l'article on voit que le journaliste n'a pas consulté le blog de Beppe Grillo, pas très objective, et ça manque d'analyse objective. Son mouvement est participatif rien à voir avec ce que l'on veut nous faire croire ! En tout cas, notre Coluche a...

à écrit le 27/02/2013 à 10:38
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Il me semble, après avoir lu son programme, que c'est un mouvement issu de la société civile, écologiste et démocrate. Il me semble pleinement en phase avec l'époque. Beppe Grillo semble le Némésis de Berlusconi. En France ce serait la fusion de plus...

à écrit le 27/02/2013 à 9:51
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Du journalisme de bas niveau! Au-delà du manque d'objectivité et de respect flagrant pour les millions d'italiens qui ont voté "V Stelle" (ils sont probablement trop stupides pour comprendre ce que vous journalistes comprenez très bien), il y a de b...

le 01/07/2015 à 16:02
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Une Administration publique ou semi-public tant qu'elle reste dans sphère du non marchand la faible productivité des agents, le manque d'objectif, rentabilité, la piètre qualité de service, etc non aucune conséquence à part sur le portefeuille des c...

le 02/07/2015 à 11:43
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5,6 millions d'agents publics et comme Pôle Emploi : inéfficace, coûteux plombent le déficit de l'état... et aucune réforme ainsi va le Titanic France vers son déclin...

à écrit le 27/02/2013 à 9:08
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Un article à charge qui n'explique pas l?adhésion du quart des électeurs italiens à ce nouveau parti. Et se focaliser sur une discussion dans la rue avec un militant de "Casa Pound" (que personne ne doit connaitre en France) pour accuser un homme pol...

à écrit le 27/02/2013 à 9:04
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Bravo M. Renier ! Avec votre article, vous pouvez prétendre figurer dans le top 3 des " nouveaux chiens de garde " dont un documentaire récent a fait, en partie, le portrait. La " misère intellectuelle " d'un " journaliste " se mesurant désormais à l...

à écrit le 27/02/2013 à 7:50
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Viva Italianos avec leur vote contestataire, ils ont mis les politiques dans la mouise!! un peu plus, un peu moins! ils ont eu raison, de mettre l'accent sur la décadence de cette UE qui compte avilir de plus en plus les peuples..

à écrit le 27/02/2013 à 0:46
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Moi je voterais volontiers pour Gérard Depardieu. Et je suis sûr que des millions de français pensent la même chose.

à écrit le 27/02/2013 à 0:41
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En Vérité Vous, journalistes, ne Voyez pas d'ou Vient ce Vertueux "V"? de V for Vendetta!

à écrit le 26/02/2013 à 23:59
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Ne devrait-on pas faire comme les italiens, fonder un mouvement protestataire du type Vafanculo. Quand on voit le clown qui nous débarque, c?est pas sérieux ! Et les italiens vont-ils évacuer la zone ? Quand on est faible on va pas en zone de monnaie...

à écrit le 26/02/2013 à 22:40
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Populiste c quand on se moque des intellectuels, pas quand on sort des vannes

le 27/02/2013 à 10:37
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Populiste s'est un mouvement politique qui critique les élites, qu'ils accusant de tous les maux et trahir leurs pays et peuple, de critique le democratie qu'il estime peut démocratique, prône un recours aux peuples ( référendum... ) et croient qu'il...

le 27/02/2013 à 13:18
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Le dictionnaire est un livre indispensable mais sans aucune profondeur ou finesse. si les mots - et si le mot populiste, surtout - était univoque alors Grillo serait poluliste ou pas, sans débat.

à écrit le 26/02/2013 à 22:28
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Ce vote intervenu en février exclut les dégâts d'un soleil trop chaud sur la population Italienne . Le score d'un quart des votants, en la situation décadente des 17 ou 27 maquignons du foirail européen, n'est autre qu'un rejet massif fort naturel.

à écrit le 26/02/2013 à 20:01
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Le fascisme est l'enfant inévitable du socialisme``.

à écrit le 26/02/2013 à 19:57
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Un comique populiste... HOllande ?

à écrit le 26/02/2013 à 19:01
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L'analyse est mauvaise, c'est un rejet de la classe politique pas un mouvement de petits commerçants et en plus un rejet complet de la politique impériale de l'Europe. Berlusconi et Peppe Grillo font plus de 55% de l'électorat italien, vive les guign...

à écrit le 26/02/2013 à 17:46
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beppe n'est pas un comique et encore moins poujadiste,il est soutenu par exemple par le grand Dario FO prix nobel de litterature, il represente l'irresistible force qui disloquera l'union europeenne et sa monaie d'escroc.

le 26/02/2013 à 18:04
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Peut-être. Les experts de la politique ont déjà fait leurs prédictions : ils vont tous se normaliser et devenir des bons politiciens favorables à l'euro. Cependant, la dernière qu'il y a eu une révolution comparable à travers les urnes, c'est en Alle...

le 26/02/2013 à 18:27
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Nous sommes d'accord avec vous .. Les français ont 40 ans pour trouver leur Beppe Grillo.

à écrit le 26/02/2013 à 17:37
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N'oublions pas que se sont les Italiens qui ont inventés la comédie.

le 26/02/2013 à 19:02
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et les Français le théâtre ! et quel spectacle ils donnent actuellement ces poltrons !

à écrit le 26/02/2013 à 17:13
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L'Italie n'a pas 'exclusivité des comiques!!!!!!

à écrit le 26/02/2013 à 17:04
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Poujadiste, ceci cela ensuite il y aura faciste...etc... Ca ne marche plus....croyez-vous qu'elle soit dans ce genre d'anathème la bonne réflexion vous là-haut, de la doxa. L'indécrottable doxa bobo de la presse bien pensante. C'est consternant, oui,...

à écrit le 26/02/2013 à 16:58
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Les italiens ont plus d'humour que les français. La classe politique française avait menacé de mort notre comique national en 1981. Il était tué 5 années plus tard. La politique décalée mais de bon sens peut faire avancer le schmilblick.

à écrit le 26/02/2013 à 16:56
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Pourquoi vous incriminez les banques ? Elles font bien plus de prêts qu?elles n?ont de fonds? On a bien une horreur, c?est l?effondrement organisé par le politique. De plus, on parle d?une sortie de l?Italie de la zone euro, cette Europe mortifère !

à écrit le 26/02/2013 à 16:49
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Monsieur Renier, ne lisez vous pas les commentaires de vos lecteurs? Ne comprenez vous pas que personne, toute tendance confondue, ne partage votre point de vu caricatural de la sitaution? C'est le deuxième article à charge que vous signez ce jour, v...

à écrit le 26/02/2013 à 16:49
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Poujadiste peut s'appliquer au parti de Berlusconi, pour le mouvement cinq etoiles, anarchiste ou mouvementiste serait plus indiqué.

à écrit le 26/02/2013 à 16:49
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A sa manière, le Bayrou italien. A voir ce qu'il en adviendra !

le 27/02/2013 à 10:41
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Pas sur du tout que Bayrou se reconnaîtrait en Beppe Grillo. Aller trouver un site sur Bayrou. Il est pro européen...ne serait çe que ça.

à écrit le 26/02/2013 à 16:44
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Et ça continu dans la catégorie du titre le plus décridibilisant! Bravo la tribune, est ainsi que vous démontrez votre respect vis à vis des millions d'électeurs Italiens qui ont manifesté, je le rappel leurs ras le bol de la situation?? Est ce ainsi...

à écrit le 26/02/2013 à 16:39
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et alors, nous avons bien un comique tout aussi populiste, menteur comme président de la république et plus dangereux car s?appuyant sur une majorité totale, parlement, sénat, régions.

à écrit le 26/02/2013 à 16:39
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Le clivage droite gauche n'a plus lieu chez nous également. En France, un seul parti (mais plus sérieux et professionnel que le M5S) représente ce courant populaire qui bat en brèche le pseudo clivage droite-gauche et il se nomme l'UPR !

à écrit le 26/02/2013 à 16:36
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Oui je suis d accord notre classe politique est minable il faut tout changer ils mentent et font du clientélisme.

le 26/02/2013 à 17:50
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Les français ont 4 ans devant eux pour trouver leur Beppe Grillo Francese !!! Ils le trouveront à n'en pas douter ... Après le merdier UMP Nouveau Centre déguisés en UDI nous avons droit au bazar Ayrault HOLLANDE... CA SUFFIT.

à écrit le 26/02/2013 à 16:32
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Ces élections surprennent à plusieurs titres : les bulletins de vote (pour illettrés ?), un système qui parvient à faire sortir, lors d'une même élection, deux majorités différentes (Chambre vs. Sénat) et, in fine, l'arrivée caracolante d'un candidat...

à écrit le 26/02/2013 à 16:21
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D'où tenez vous l'info que Beppe Grillo est inéligible?

le 26/02/2013 à 17:31
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Il ne me semble pas non plus qu'un homicide involontaire en raison d'un accident de la route entraîne l'inéligibilité.

le 26/02/2013 à 17:33
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Remarquons aussi la belle traduction "littérale" de "vaffanculo"

à écrit le 26/02/2013 à 16:14
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les grands mots poujadiste populiste dès lors que tu sors du cadre de cette oligarchie a la botte de Bruxelles et des banques..!! le message des italiens est claire ils ne veulent plus de cette Union Europenne, ils ne veulent plus de ses politiciens ...

à écrit le 26/02/2013 à 15:52
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Il n'est pas poujadiste, il est normal.

le 27/02/2013 à 10:42
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Aller voir la définition de poujadiste...

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