Pier Luigi Bersani appelé à constituer un nouveau gouvernement en Italie

Le président italien va charger le chef du centre-gauche de former un gouvernement. L'option d'une « grande coalition » pourrait resurgir sous la pression de Beppe Grillo et de l'Europe.
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Le président de la république italienne Giorgio Napolitano va charger ce vendredi soir le leader du centre-gauche Pier Luigi Bersani de former un nouveau gouvernement pour succéder à celui de Mario Monti. Le chef de la coalition arrivée en tête - de fort peu - lors du scrutin des 24 et 25 février aura la lourde charge de donner un gouvernement stable au pays. Rappelons que sa charge est lourde en raison du blocage politique au sénat où trois blocs s'opposent sans pouvoir s'allier pour trouver une majorité : centre-gauche, centre-droit et Mouvement 5 Etoiles (M5S) de Beppe Grillo.

Vers une « grande coalition » ?

La situation semble évoluer cependant. Depuis quelques jours, les couloirs romains bruissent de rumeurs sur une entente entre le centre-gauche et le centre-droit de Silvio Berlusconi. Jeudi, Pier Luigi Bersani a ainsi pour la première fois évoqué une « large entente » autour de son gouvernement, sans exclure explicitement le parti berlusconien, le « peuple de la liberé » (PDL) comme cela avait été le cas jusqu'ici. Il répondait indirectement aux avances faites par les leaders de la droite depuis quelques jours. Le dauphin du Cavaliere, Angelino Alfano, avait proposé mardi le soutien de son camp à un gouvernement dirigé par Pier Luigi Bersani contre la charge de président de la république pour un membre du centre-droit. Le mandat de Giorgio Napolitano expire en effet le 15 mai prochain et il faudra, un mois avant, lui trouver un successeur. Silvio Berlusconi lui-même, en sortant jeudi du palais présidentiel, le Quirinal, avait redit qu'il n'avait « aucune hostilité » envers le parti démocrate (PD), principale force du centre-gauche.

Beppe Grillo marginalisé

Va-t-on alors vers un gouvernement de « grande coalition » ? C'est ce que croit Beppe Grillo lui-même qui, jeudi, a indiqué à Giorgio Napolitano que son parti ne soutiendrait aucun gouvernement, qu'il soit dirigé par Pier Luigi Bersani ou par un technocrate. « Il y aura certainement un accord entre eux », a indiqué à une télévision turque l'ancien comique. Un moment, l'hypothèse d'une alliance entre le centre-gauche et des « Grillini » dissidents avait été évoquée sous la charge de Pietro Grasso, un membre du PD élu président du Sénat ce week-end avec l'appui d'une partie des élus du mouvement de Beppe Grillo. Mais l'option a été écartée.

Les raisons de ce rapprochement

En arrière-plan de cette nomination,  on devine l'influence des derniers sondages et la pression des marchés et de l'Europe. Ce dernier élément est important alors que la situation chypriote reste incertaine et que, sans gouvernement, l'Italie peut être considérée comme un pays fragile en cas de perte de confiance des investisseurs. Bruxelles et Berlin ont donc toutes les raisons de vouloir qu'un gouvernement stable s'installe à Rome pour y poursuivre les réformes afin qu'un nouveau front ne s'ouvre pas.

Quant au premier élément déterminant, il peut pousser les partis traditionnels à s'entendre tant de nouvelles élections ne changeraient pas la configuration actuelle. Selon la dernière enquête de l'institut SWG, le centre-gauche perdrait 0,8 point à 28,8 %, le centre-droit 1,5 point à 27,9 % et Beppe Grillo progresserait de 1,4 point à 26,9 %. Un autre sondage, réalisé par Ipsos, place le mouvement 5 Etoiles en deuxième position, devant la droite, à 28,5 %. Le blocage serait le même, mais surtout, compte tenu des erreurs des sondeurs avant le scrutin de février, une arrivée en tête des « Grillini » ne serait pas à exclure.

Dans ce cas, ils rafleraient la majorité des sièges à la chambre. Un risque que ni Pier Luigi Bersani, ni Silvio Berlusconi ne veulent prendre et qui les poussent à s'allier. Du reste, même Beppe Grillo refuse de nouvelles élections, il compte sur l'effet désastreux d'une grande coalition pour rafler la mise : « S'ils s'allient, ils sont morts », a-t-il résumé. Un sondage  publié jeudi a en effet estimé que 71 % des Italiens étaient hostile au "governissimo", nom italien de la "grande coalition".

Reste à présent à savoir si les ennemis d'hier pourront s'entendre malgré l'absence comme sous le gouvernement Monti d'une « instance neutre » à la tête du gouvernement. Pier Luigi Bersani a, selon la Repubblica, évoqué une alliance ponctuelle sur les réformes institutionnelle, mais pas de "governissimo".
 

Commentaires 2
à écrit le 22/03/2013 à 22:13
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Le Grillo montre bien son incapacité à la politique, autrement dit nouer des alliances, forger des compromis, avancer sur les chemins d'indifférence. Le Grillo est beaucoup trop idéaliste et les italiens s'en rendent compte. Sa progression en periode...

à écrit le 22/03/2013 à 17:05
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Marrant : le Beppe pense que si le Bersani s'allie au champion de bugga bugga, il se grillera. Il lui faudra aussi empêcher Bugga Bugga d'aller faire des grimaces à Berlin ou Bruxelles.

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