La privatisation de Royal Mail ne passe pas comme une lettre à la poste

Le gouvernement britannique a présenté devant les députés, mercredi 10 juillet, le projet de privatisation de Royal Mail. D'ici la fin 2014, le service postal national, qui affiche d'importants bénéfices, sera côté à la Bourse de Londres. Une privatisation qui suscite la colère des salariés.
Les salariés de Royal Mail ont manifesté, mercredi 10 juillet, à Londres contre la privatisation de leur entreprise / Reuters

Celle-là, même Margaret Thatcher n'avait pas osé ! Vince Cable, le ministre du Commerce britannique a présenté aux députés, mercredi 10 juillet à Londres, le projet de privatisation de Royal Mail. Fin 2014, 51% des parts du service postal anglais vont quitter le giron de l'Etat.

Dans la presse, les Britanniques comparent volontiers cette nouvelle privatisation à celles orchestrées par la Dame de fer, lorsqu'elle était Premier ministre dans les années 1980. A l'époque, des entreprises emblèmatiques comme British Gas, British Telecom ou encore British Rail avait rejoint le secteur privé.

Durant son mandat, Margaret Thatcher n'avait pourtant pas voulu s'attaquer au Royal Mail. La chef de file du parti conservateur avait d'ailleurs déclaré qu'elle n'était "pas prête à voir le visage de la reine privatisé", faisant illusion au portrait d'Elisabeth II figurant sur les timbres postaux. "Cette privatisation a une saveur piquante de Thatchérisme", a ainsi écrit The Guardian, quotidien de centre-gauche, dans son édito du 10 juillet.

10% d'actions gratuites pour les salariés

Avec cette opération, le gouvernement britannique, dirigé par David Cameron (conservateur), va réaliser la plus grande privatisation nationale de ces 30 dernières années. Une séparation qui ne plaît pas à tout le monde. La grogne est particulièrement élevée chez les 150 000 salariés du groupe. Les syndicats ont d'ailleurs menacé de faire grève malgré les 10% d'actions gratuites promises aux employés à l'entrée de la société en bourse. "On ne vas pas vendre notre âme pour ça", a même déclaré Billy Hayes, le secrétaire général du CWU (Communication Workers Union).

Et pour cause.... Royal Mail, reconnaissable à ses célèbres boîtes aux lettres et camions rouges vifs, affiche des résultats éclatants. "Alors que les détails de sa privatisation se précisent, les raisons de sa vente deviennent de plus en plus floues", relève The Guardian dans son éditorial. Après plusieurs années de pertes, la situation financière du groupe s'est redressée de manière spectaculaire depuis 2010.

556 millions de livres de bénéfices

En mars dernier, Royal Mail affichait ainsi un bénéfice annuel de 566 millions de livres (655 millions d'euros) contre 149 millions une année auparavant. Les profits de l'entreprise ont notamment été boostés par les envois de colis - redynamisés par le succès des achats en ligne - et les augmentations du prix du timbre.

Pourquoi le gouvernement britannique a-t-il donc décidé de privatiser son service postal ? Pour justifier le projet, qui remonte déjà à plusieurs années, Vince Cable (libéral-démocrate) a expliqué qu'il devait donner au groupe "la véritable liberté commerciale dont il avait besoin depuis longtemps" pour devenir "l'une des grandes entreprises britanniques". Ne l'était-elle pas déjà ? En réalité, cette opération permettra surtout au gouvernement de récolter des fonds en temps de crise. La vente de Royal Mail devrait lui rapporter plus d'un milliard de livres (1,15 milliard d'euros).
 

Commentaires 7
à écrit le 17/07/2013 à 16:55
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Comment ça ils vont privatisé Ségoléne Royal,ha autant pour moi c'est Mail Royal,j'ai eu peur.

à écrit le 11/07/2013 à 18:06
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faisant "illusion" au portrait d'Elisabeth II figurant sur les timbres postaux --- merci de corriger la coquille.

le 12/07/2013 à 10:26
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C'est le journaliste qui fait illusion, en fait.

à écrit le 11/07/2013 à 17:13
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Ces 1,15 milliards seront-ils suffisants sur le moyen terme pour financer les revenus de subsistance aux britaniques qui n'auront pas d'emploi grâce à cette privatisation? Je ne puis douter d'une perte de services, et donc d'emplois.

le 11/07/2013 à 18:26
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Ca coûtera toujours moins cher que des fonctionnaires surpayés à ne rien faire...

le 12/07/2013 à 10:28
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Comme toi, Michel.

à écrit le 11/07/2013 à 15:31
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