Grèce : un excédent budgétaire en trompe-l'oeil

Athènes a dégagé un excédent primaire de 2,8 milliards d'euros, mais en grande partie grâce au soutien direct de la BCE. La question d'un troisième plan d'aide domine les discussions avec la Troïka.
Ce mardi a été marqué par une nouvelle grève du secteur public qui devrait seprolonger ce mercredi

L'Etat grec a atteint son objectif de dégager un excédent budgétaire primaire (hors intérêts de la dette). Trois ans après la mise en place de la politique d'ajustement, les dépenses courantes de l'Etat hellénique ont été entre janvier et août 2013 inférieures de 2,86 milliards d'euros aux recettes. L'an dernier sur la même période, la Grèce accusait encore un déficit primaire de 1,41 milliards d'euros, selon le ministère des Finances.

Forte baisse des dépenses publiques

Comment la Grèce est-elle parvenue à ce résultat ? D'abord et surtout par la baisse des dépenses publiques dans des proportions considérables. Les dépenses primaires ont reculé de 9,04 % par rapport aux 8 premiers mois de 2012, soit 2,9 milliards d'euros. Les coupes ont été particulièrement vives dans la sécurité sociale où les dépenses ont reculé de 1,96 milliard d'euros, soit un recul de 16 % en un an. Les salaires et retraites de la fonction publique ont, eux, reculé de 1,16 milliard d'euros, soit 8,6 %.

L'effet BCE sur les recettes

Reste que l'excédent primaire ne repose pas uniquement sur cette baisse des dépenses. Il s'explique surtout par la légère progression des recettes de l'État de 300 millions d'euros. Sauf que, dans ce cas, cette stabilisation provient principalement par un élément exceptionnel et extérieur : la dotation de 1,5 milliard d'euros accordée par la BCE au titre des bénéfices attendus par le programme SMP de rachats des obligations d'Etat en 2010-2012.

En tout, en prenant en compte les paiements de l'ensemble des banques centrales nationales, ce n'est pas moins de 2,18 milliards d'euros qui sont ajoutés par ce truchement aux recettes de la Grèce… Une rentrée d'argent exceptionnelle qui vient compenser en partie le recul conséquent des recettes fiscales de près de 3,2 milliards d'euros, soit 10,6 %.

Un excédent bien moins élevé qu'affiché

Le retour à l'équilibre n'est pas un leurre, mais il est gonflé par une aide extérieure, ce qui est un gage bien peu solide pour l'avenir. D'autant que plusieurs banques centrales ont refusé de renouveler leurs dettes issues du programme de rachat, ce qui se traduira par une charge dans le budget. Sans l'appui de l'Eurosystème, la Grèce n'aurait au cours de ces huit mois dégagé qu'un déficit primaire de 600 millions d'euros.

Une certitude en tout cas : Athènes devrait aller encore plus loin en matière de réduction de dépenses. Si la double restructuration de la dette et la réduction des intérêts demandés par le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) a fait baisser de près de moitié le poids du service de la dette dans le budget grec, il reste encore très lourd : 5,36 milliards d'euros sur les 8 premiers mois de 2013.

La Troïka peu impressionnée

Du reste, la Troïka formée de représentant du FMI, de la BCE et de la Commission européenne, qui est arrivée à Athènes ce week-end s'est montrée peu impressionnée. Elle a laissé entendre qu'elle jugeait peu crédible l'objectif d'un excédent primaire grec de 1,5 % du PIB fin 2014.

Malgré la stabilisation de l'économie, le problème des recettes fiscales demeure en effet entier puisque les éléments exceptionnels de 2013 vont disparaître. De plus, la réalisation du budget reste soumise à plusieurs incertitudes. Ainsi, si l'on en croit le quotidien Kathimerini, la sécurité sociale aurait déjà dépassé son budget annuel dans plusieurs secteurs.

Vers un nouveau plan d'aide

Du coup, la Troïka pourrait encore faire pression sur le gouvernement d'Athènes avant de verser la prochaine tranche de 10 milliards d'euros de l'aide européenne. Mais, il faut bien l'avouer, la question est déjà ailleurs. Il s'agit de savoir comment financer la Grèce après la mi-2014, lorsque le programme d'aide actuel, qui est déjà le deuxième, sera achevé.

Comme alors, Athènes ne pourra pas, contrairement à ce qui était prévu par ledit programme, dégager un excédent primaire de 4,5 % du PIB, il faut prévoir un troisième plan de soutien puisque Berlin refuse toute nouvelle restructuration. Mais sous quelles conditions ? On a vu avec les deux précédents plans que faire des projections en sous-estimant l'effet des coupes budgétaires prévues étaient une erreur qui coûte cher (en l'occurrence, un troisième plan!).

Privatiser plus, demande la Troïka

La Troïka ressort donc l'arme des privatisations. Une de ses armes préférées pour résoudre les problèmes de la Grèce. Pour la Troïka, ces privatisations sont un moyen de renflouer les recettes de l'Etat. Il faut bien l'avouer, Athènes a peu avancé sur le sujet.

Les privatisations de la poste, des compagnies des eaux et des ports auraient dû débuter à la fin du deuxième trimestre. Elles ne commenceront qu'en novembre. Le programme de vente de l'immobilier de l'ancien aéroport d'Elliniko est aussi en panne. Nul doute que la Troïka va demander que l'on accélère sur ces dossiers avant de pouvoir compter sur une nouvelle aide.

Grève des fonctionnaires de 48 heures

En attendant, la Grèce est toujours en ébullition. Ce mardi a été marqué par une nouvelle grève du secteur public qui devrait durer jusqu'à mercredi. Le syndicat ADEDY entend protester contre la mise en disponibilité de 25.000 fonctionnaires d'ici à la fin de l'année. Le gouvernement prétend vouloir négocier un délai, mais la Troïka risque de ne pas céder sur un point qu'elle avait eu bien du mal à faire accepter à Athènes en juillet.

Parallèlement, le principal parti d'opposition, Syriza a appelé ses sympathisants à se joindre aux manifestations. Le tout dans une ambiance très tendue après l'assassinat par des néo-nazis d'Aube Dorée d'un musicien proche du Parti communiste. En dépit de l'optimisme des leaders européens sur la Grèce, la crise hellénique est donc bien loin d'être close.

 

A LIRE >>>>Le bulletin d'exécution budgétaire du ministère grec des Finances

Commentaires 9
à écrit le 25/09/2013 à 13:43
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Une bonne chose que les Grecs aient pris du retard dans la privatisation de leurs entreprises publiques: on fait de meilleures affaires quand la conjoncture s'améliore.

à écrit le 25/09/2013 à 11:54
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cette europe veut associer un pays riche et travailleur ,et serieux , avec la grece moins productif ,corrompu,et mettre les cytoyens sur le meme pied de revenus ,reverie d enarques et de bureaucrates !!! vive le merite !!

le 25/09/2013 à 12:09
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Associer qui à qui ???? Quel est le pays riche et travailleur et sérieux ??

à écrit le 25/09/2013 à 8:33
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Et un pays de plus qui présente un excédent brut primaire, mais pour la FRANCE on est toujours en négatif et comme le gouvernement ne fait pas de réformes, on attend la sanction des marchés financiers pour obliger le gouvernement à agir

le 25/09/2013 à 11:09
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Carlier vous êtes drôle! La Grèce est dans le coma? la sanction des marchés financiers? relevez la tête vous n'avez pas trois ans.

le 25/09/2013 à 12:00
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Quand on est toujours pas remis de mai 2012, tout est bon. Mais tout ça ne fera pas revenir le petit corrompu ...

à écrit le 25/09/2013 à 8:02
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Un pays a disparu la TROÏKA l'a tuée.

le 25/09/2013 à 12:10
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+1000000

à écrit le 25/09/2013 à 7:53
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La BCE fait du Goldman Sachs ....habillage de comptes....j oubliais Draghi...ex GS GS tu es GS tu resteras...

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