BCE : Pourquoi Mario Draghi ne veut rien faire pour le moment

Le président de la BCE n'a pas bougé d'un pouce sa stratégie et son discours. Il est vrai que sa position est plutôt délicate.
Mario Draghi, président de la BCE,a déclaré qu'il « espérait » que le credit crunch aura disparu avant les stress tests des banques de l'an prochain.

Pas de baisse des taux. Pas de LTRO. Pas davantage de modification du « forward guidance. » Aucune action concrète et pas de changement de discours. La visite à Paris de Mario Draghi n'a guère donné au président de la BCE envie d'agir. On a donc vécu une des réunions les plus assommantes de ces dernières années.

Tout était en réalité dit dès le discours préliminaire de Mario Draghi :

« Nous resterons attentifs aux évolutions qui pourraient avoir des implications pour l'orientation de la politique monétaire et sommes prêts à examiner tous les instruments disponibles. »

Autrement dit, il est urgent de ne rien faire. La réalité, c'est que les banquiers centraux sont réellement désemparés par la situation actuelle.

Une action pour le moment inopérante

Premier élément : les mesures prises depuis mai n'ont guère amélioré concrètement la situation. La baisse des taux directeurs de mai ne s'est pas correctement transmise à l'économie. Le « forward guidance » de la BCE, cette certitude que les taux resteront durablement bas, n'a pas non plus changé fondamentalement la donne. Les marchés sont restés sensibles aux nouvelles venant de la Fed, le taux interbancaire a continué à remonter et, surtout, les prêts des banques aux ménages poursuivent leur stagnation, tandis ceux aux entreprises continuent de reculer. *

Quant au retour de la croissance, il ne peut être dû à l'action de la BCE au deuxième trimestre et il demeure très incertain et fragile. Mario Draghi l'a lui-même reconnu : la reprise sera « lente, inégale, faible et fragile. » Bref, la politique de la BCE reste désespérément inopérante.

Des instruments à double tranchant

Deuxième point : la BCE dispose certes, comme l'a souligné son président « d'un grand nombre d'instrument » pour aller plus loin, mais elle n'a guère envie de s'en servir. On a évoqué le LTRO, qui n'a guère été mis en avant par Mario Draghi ce mercredi, mais il y a aussi les taux de dépôt négatif, l'acceptation de produits structurés de crédits de PME, et tant d'autres…

L'ennui, c'est que ces instruments sont souvent à double tranchant. Le LTRO ne fait que repousser le problème, un taux de dépôt négatif pourrait avoir des conséquences incertaines. Une nouvelle baisse des taux pourrait alimenter des bulles futures. La BCE hésite d'autant plus à aller plus loin que, on l'a vu, elle ne sait si la reprise actuelle sera suffisante ou non. Si elle se révèle vigoureuse, une politique plus accommodante peut se révéler désastreuse.

Mais si la reprise actuelle n'est qu'un feu de paille, alors la politique actuelle continuera d'être insuffisante. Dans le doute, Mario Draghi préfère donc s'abstenir. Et attendre d'y voir plus clair.

Une institution  traversée par des divisions internes

Surtout - et c'est le troisième point - le conseil des gouverneurs de la BCE, le centre décisionnaire de la banque centrale européenne reflète parfaitement cette indécision. Voici deux mois que Mario Draghi insiste sur la division interne à ce conseil, ce qui est assez atypique dans une BCE où l'on avait justement l'habitude d'insister sur l'unanimité et l'unité.

« Certains gouverneurs estiment que la discussion sur la baisse des taux doit désormais être fermée compte tenu de la reprise : d'autres pensent au contraire qu'il ne faut pas fermer la porte à cette discussion », a résumé le président de la BCE.

Et l'on peut imaginer que ce qui est vrai pour les taux ne peut que l'être encore davantage pour le LTRO ou les taux de dépôts négatifs. On comprend donc que, pour maintenir la paix au sein de la BCE, Mario Draghi préfère jouer la montre. Et laisser les évènements trancher le débat… D'où sa réponse sur le LTRO : « personne ne veut vivre un accident de liquidité. »

Autrement dit, la BCE ne répondra qu'à l'urgence, lorsque la situation sera telle que la quasi unanimité du conseil des gouverneurs pourra renaître et que les risques liés à ses instruments seront nettement moins graves que le risque immédiat d'un « accident de liquidités. » En passant, on remarquera que Mario Draghi doit se féliciter qu'il n'y ait pas à la BCE de publication des comptes-rendus des délibérations internes comme il l'a été envisagé cet été.

« Prier et espérer »

Bref, Mario Draghi risque encore pendant quelques mois de ne surtout rien faire. Et espérer que tout rentrera dans l'ordre avec la reprise. Du reste, il l'a avoué en déclarant qu'il « espérait » que le credit crunch aura disparu avant les stress tests de l'an prochain. la nouvelle devise de la BCE pourrait donc être « prier et espérer. »

Commentaires 9
à écrit le 04/10/2013 à 13:56
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Vous parlez du PIB ou du PMI ou du PMU ? Des mandats postaux ou bien de la rémunération des facteurs ? En parlant banques, on trouve dans la presse qu?elles auraient remonté le niveau de fonds propres à 7%. C est pas un peu risqué en terme systémiqu...

à écrit le 03/10/2013 à 13:53
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L'Allemagne ayant voté pour Merkel mais celle-ci n'ayant pas encore défini sa coalition, il faut attendre. L'Italie, avec ses pbs récents, n'est pas disponible. L'Autriche vient de voter bizarre et il est nécessaire de voir. Le Portugal patine, l'Esp...

à écrit le 03/10/2013 à 13:19
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... Mario Drgahi ne bouge pas ? Pour deux raisons esszntielles. D'abord parce qu'il n'est jamais qu'une taupe (comme le ministre espagnol des finances, Mario Monti, ....) à la solde de Goldman Sachs et que celle-ci doit encore se faire un maximum d'a...

à écrit le 03/10/2013 à 11:37
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Mario apres avoir tué l'econnomie avec ses acolites de goldman et cie , il vous nou tuer tout court et s'en mettre plein les fouilles ..... un monde de pourri qui pense que sans eux le monde n'existerait pas....

à écrit le 03/10/2013 à 10:46
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Pourquoi! La raison est extrêmement simple:c'est l'Allemagne qui tient le cordon de la Bourse. L'indépendance de la BCE est somme toute théorique. La réélection de Mme Merkel avec un score historique n'incitera pas une inflexion de politique monétai...

à écrit le 02/10/2013 à 21:16
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les inégalités sont tellement fortes et les riches tellement cupides que ce sont eux qui aborbent toute la création de richesse; le fric pour le fric , rien de tel pour provoquer le déclin des sociétés !. Une société ne peut que se scléroser avec la...

à écrit le 02/10/2013 à 20:24
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Quand la confiance fait défaut ... et elle n'est pas proche de revenir, la croissance non plus. A force de manipulation plus rien n'est crédible. La finance a juste totalement mal évalué l'effet psychologique de la prise de conscience collective de c...

à écrit le 02/10/2013 à 20:08
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Ce qui ne change rien au fond: le salut aux couleurs!

à écrit le 02/10/2013 à 19:36
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Arretez le culte de la personnalité en personisant le president d'une institution qui ferrait tout seul ceci ou cela .La vérité c'est qu'a la BCE comme à la Fed d'ailleurs c'est un collectif de banquiers qui decident democratiquement et le president ...

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