Le (petit) rééquilibrage de l’économie allemande profite peu à la zone euro

L’analyse des importations allemandes au cours d' un troisième trimestre marqué par la croissance de la demande intérieure allemande montre que c'est l'Europe de l'est hors zone euro qui en a le plus tiré profit.
Les importations allemandes ont reculé de 0,5 % au troisième trimestre 2013

C'est une des grandes questions du moment : une croissance allemande plus équilibrée, basée sur une demande intérieure plus dynamique pourrait-elle donner un élan supplémentaire au reste de la zone euro ? On se souvient qu'en début de mois, le vice-président de la Commission européenne Oli Rehn avait consenti à ouvrir une enquête à propos des excédents allemands et avait fortement invité l'Allemagne à rééquilibrer sa croissance.

Le troisième trimestre allemand : une croissance rééquilibrée

Le troisième trimestre de 2013 offre un terrain d'expérience intéressant pour examiner la réalité du lien entre une croissance plus équilibrée outre-Rhin et les importations allemandes vers la zone euro. Pourquoi ? Parce que, selon Destatis, l'office fédéral allemand des statistiques, la croissance allemande entre juillet et septembre, quoique faible (+0,3 %) présente toutes les caractéristiques d'une croissance « rééquilibrée. »

La demande intérieure a ainsi contribué pour 0,7 point à la croissance, tandis que les comptes extérieurs lui ôtaient 0,4 points. Autrement dit, il s'agit d'une croissance basée sur la demande intérieure, principalement les investissements (qui ont contribué à 0,5 point de croissance).

Recul des importations, malgré la hausse de la demande intérieure

Y a-t-il eu alors au troisième trimestre un effet favorable sur les importations allemandes ? A priori, la réponse est négative. Selon les chiffres de Destatis publiées ce vendredi, les importations totales de l'Allemagne sur le troisième trimestre ont reculé de 0,5 % par rapport à la même période de 2012 alors que, sur un an en données non corrigées, la demande intérieure sur la même période a progressé de 1,7 %. Première leçon donc : une progression de la demande intérieure ne conduit pas automatiquement à une progression des importations.

Recul des importations chinoises

Le détail des provenances des importations rend cependant plus optimistes. L'Allemagne a beaucoup moins acheté de biens et services provenant de pays hors UE (-3,7 %). Ceux en provenance de Chine ont été particulièrement boudés (-6,7 %), tandis que les produits russes progressaient de plus de 5 %. Les investissements allemands ne se sont pas faits avec des produits chinois. De même, la petite progression de la consommation du troisième trimestre (+0,1 %) n'a pas donné de coup de fouet aux importations de l'Empire du milieu.

La Pologne, grande gagnante

En revanche, les importations en provenance de l'UE ont progressé de 2 % sur le troisième trimestre. Il semble donc bien que le dynamisme de la demande intérieure allemande profite effectivement aux économies européennes.

Néanmoins, les économies non membres de la zone euro semblent plus en profiter que celles qui le sont : les importations vers l'UE hors zone euro progressent de 3,4 %, principalement en raison des livraisons en provenance de Pologne (+ 14,6 %), mais aussi de pays comme la Hongrie (+5,10 %). Ceci est assez logique dans la mesure où ces pays représentent les bases arrières traditionnelles de l'industrie allemande qui sous-traite beaucoup en Europe de l'est.

Le mystère néerlandais

La zone euro profite donc moins de l'élan de la demande intérieure allemande, mais en profite néanmoins : les importations de la zone euro ont progressé de 1,4 % sur un an. Mais il faut prendre ce chiffre avec beaucoup de précautions. Les importations en provenance des Pays-Bas progressent ainsi de 4,5 %, mais en raison de l'importance du port de Rotterdam, il s'agit là souvent de réimportations de produits en provenance d'Asie.

Difficile donc de savoir si ces 900 millions d'euros supplémentaires d'importations néerlandaises profitent réellement à l'économie des Pays-Bas. En tout cas, la hausse des importations allemandes depuis la zone euro est aussi de 900 millions d'euros sur un an au troisième trimestre…

Italie, Espagne et Portugal parmi les profiteurs

Restent que certains pays exportent plus vers l'Allemagne : l'Italie (+0,7 %), le Portugal (+4,45 %) et l'Espagne (+3,13 %). Preuve donc qu'une reprise de la demande intérieure allemande peut accélérer la croissance des pays qui ont fait des « efforts » de compétitivité ? Sans doute puisque la France, elle, qui subit souvent de plein fouet la concurrence de ces pays, voit ses exportations vers l'Allemagne reculer de 5,1 %. Mais encore le théorème n'est pas infaillible : au troisième trimestre, les importations en provenance d'Irlande et de Grèce ont chuté respectivement de 6,8 % et 2,14 % sur un an…

Un impact limité

Cette expérience de la croissance allemande du troisième trimestre doit être prise avec prudence : un trimestre ne peut être la norme. Mais on peut néanmoins remarquer que les apports d'une progression de la demande intérieure allemande ne sont guère que des petits pas pour les pays de la zone euro qui sortent de la crise.

En termes absolus, la hausse des importations au troisième trimestre a apporté 150 millions d'euros à l'Espagne et 65 millions d'euros au Portugal. Pas de quoi réellement redonner du dynamisme à ces économies. Autrement dit : sans être inutile pour la zone euro, le rééquilibrage de l'économie allemande devrait surtout profiter aux économies d'Europe centrale et orientale.

Commentaires 8
à écrit le 07/12/2013 à 9:01
Signaler
La France n(en profite pas normal, pays pas compétitif!

à écrit le 06/12/2013 à 19:41
Signaler
Les Français n'exportent pas parce qu'ils ne maîtrisent point le service client et tout ce qui va avec.

le 06/12/2013 à 21:26
Signaler
+1 : les francais ne maitrisent pas l'anglais et se deplacent en general a l'export comme si ils etaient en territoire deja conquis par avance

le 07/12/2013 à 5:53
Signaler
Les français n'exportent rien par que ils ne produisent rien , à part du Pinard et des parfums. L'industrie en France a disparue : plus petite industrie d'Europe a égalité avec la Grèce! Pas d'industrie = pas d'export = + import = 65Mds de déficit co...

le 07/12/2013 à 6:59
Signaler
La France n'exporte pas assez à cause des parasites geignards et pleureuses qui passent leurs journées à vomir leurs petites aigreurs sur internet au lieu de travailler ... Suivez mon regard ...

à écrit le 06/12/2013 à 18:06
Signaler
Voilà le triste bilan de l'Euromark. Les allemands ne consomment pas européen mais profitent du marché commun pour concurrencer ses propres partenaires.

le 06/12/2013 à 22:16
Signaler
conclusion: cessons de consommer allemand

le 07/12/2013 à 11:35
Signaler
@Michel: Je vous conseille de vous rendre en Pologne et de leur expiquer que leurs produits achetés par les Allemands ne sont pas des produits européens. Rapportez leurs reactions s'il-vous plaît (sachant que je peux bien presager leur reaction en vu...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.