La Troïka dans une impasse en Grèce

La revue d'automne des représentants de la BCE, de la Commission et du FMI reprendra en janvier. La situation semble bloquée.
La Grèce ne remplit plus depuis octobre les critères du Mémorandum.

Alors que la Vouli, le parlement grec, a voté samedi soir, un nouveau budget de rigueur, les inspecteurs de la Troïka continuent de faire pression sur le gouvernement d'Athènes. Les représentants de la Commission européenne, de la BCE et du FMI, chargés de constater le respect du « plan d'ajustement » imposé à la Grèce en échange de « l'aide » du Mécanisme européen de Stabilité (MES), ont ainsi prévenu qu'ils ne pourraient conclure leur « revue d'automne » - débutée en septembre - qu'en janvier. Les discussions reprendront mardi.

La Grèce ne remplit plus les critères de la Troïka

En réalité, la troïka parvient au bout de sa propre logique. Le « plan d'ajustement » établi en 2012 est de moins en moins réaliste à mesure que l'on approche de sa conclusion « théorique » en juillet 2014. Le « Mémorandum », le protocole d'accord signé par la Grèce en mars 2012, prévoyait en effet une accélération des performances du pays en fin de programme afin de parvenir à un autofinancement du pays.

La réalité est évidemment différente. Selon le quotidien athénien Kathimerini, la situation se détériore ainsi. Athènes aurait ainsi rempli 80 % conditions du Mémorandum en juillet 2013, 58 % en août, 28 % en septembre, 20 % en octobre. En novembre et décembre, la Grèce ne serait pas parvenue à remplir un seul des critères prévus… Autrement dit, il manquerait 75 des 135 conditions prévues à Athènes pour réussir la « revue d'automne. »

Des résultats insuffisants ?

Pourtant, la Grèce n'a pas ménagé ses efforts. Si, certes, le programme de privatisation demeure encore peu avancé, le pays est en avance sur ses prévisions budgétaires et pourrait dégager un excédent structurel dès cette année. Le FMI, l'OCDE ou le World Economic Forum ont salué le chemin parcouru. Mais ces efforts ne sont pas suffisants pour effacer le poids insoutenable d'une dette qui dépasse 170 % de la richesse nationale. Sans des mesures concrètes de restructuration de sa dette, Athènes ne pourra pas remplir les critères du Mémorandum. A moins de mener une politique encore plus sévère de rigueur.

La situation difficile d'Antonis Samaras

Or, le gouvernement d'Antonis Samaras doit également se montrer politiquement et socialement extrêmement prudent. Les sondages restent très préoccupants. Beaucoup donnent la coalition de la gauche radicale Syriza - très opposée au Mémorandum - en tête. Et le parti néo-nazi Aube Dorée frôle les 10 % d'intentions de vote et a ainsi récupéré une grande partie de ce qu'il avait perdu après le meurtre d'un musicien militant anti-fasciste par un de ses membres. Il importe donc de ne pas briser la légère reprise de l'économie enregistrée depuis quelques mois.

Résistances en zone euro

Le problème, c'est qu'il sera difficile de convaincre les gouvernements de la zone euro - et en particulier Berlin - d'apporter une nouvelle aide à Athènes si le pays ne respecte plus les critères du Mémorandum. Convaincre le Bundestag de venir encore soutenir une Grèce qui « ne fait pas ses devoirs », comme on dit en Allemagne, sera compliqué.

D'autant que la CDU et la CSU allemande craignent désormais le parti anti-euro Alternative für Deutschland, surtout avant les élections européennes. D'autant que cette fois, il faudra entrer « dans le dur » et notamment transformer les « garanties » accordées par les gouvernements européens en pertes pures et simples. Or, les exécutifs de la zone euro ont toujours promis à leurs électorats que l'aide à la Grèce ne coûterait rien…

Une solution avant juillet

La Troïka semble également peu prête à faire des concessions, car elle a le sentiment d'en avoir fait déjà beaucoup. Un de ses représentants a déclaré à Kathimerini qu'il ne voulait pas d'accord « à tout prix. » Sauf que le temps presse. En juillet, la Grèce ne pourra plus faire face à ses échéances si une solution n'est pas trouvée d'ici là, particulièrement sur la dette. L'inconscience du plan de la troïka en 2012 pourrait coûter cher à la zone euro…

 

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Commentaires 43
à écrit le 09/12/2013 à 15:06
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Un article récent sur la situation de la Grèce titrait : « reprendre les saisies immobilières pour sauver les banques ? » Le gouvernement grec refuse, pour le moment, à mettre en œuvre une mesure demandée par la troïka sur l’élargissement des saisie...

à écrit le 09/12/2013 à 11:57
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Quand la Grèce aura crevé, et les Grecs avec elle, la troika fera quoi ? Elle se félicitera de ses bons résultats au cours d'un banquet ?

à écrit le 09/12/2013 à 9:08
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Les critères du Mémorandum ne peuvent plus être remplis car une majorité de grecs ont froid et faim. Vous ne pouvez pas donner ce que vous n'avez pas. Mais j'ai le sentiment que certains qui ne faisaient qu'insulter le peuple grec de voleur de bon à ...

à écrit le 09/12/2013 à 7:22
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Merci les Grecs. La mauvaise gestion (et la corruption) de votre pays par vos politiques nous permet de voir a l'avance ce a quoi nous allons devoir faire face dans les prochaines années en France. Le gouvernement PS de Hollande va emprunter 89 milli...

le 09/12/2013 à 7:53
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Vous proposez quoi, à part des inepties comme la planche à billets, le retour au franc et la fermeture des frontières ?

le 09/12/2013 à 9:36
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Quel optimisme !! ca sera 2020 :)

le 09/12/2013 à 10:16
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Vous croyez que les français vont supporter des années de médiocrité et de déclin accéléré ?

le 09/12/2013 à 13:53
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Regardez les analyses et conférences de Francois Asselineau sur l'UE (www.upr.fr). C'est beaucoup mieux que des longs discours.

le 09/12/2013 à 15:05
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mais oui, ils accepteront tout et n'importe quoi ! tant qu'ils ont les matches d foot truqués, les cyclistes dopés et le Café du Commerce pour râler, les français - qui sont le principal handicap de la france - persisteront dans leur médiocrité et le...

le 12/12/2013 à 13:43
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@ ce sera Le jour ou l'on va amener l'ardoise à la France sur les dettes mutualisées si chères à l'Allemagne,l'on va voir si vous ne regretterez pas le Franc.Partager les bénéfices ok,partager les dettes des voisins j'ai jamais vu cela de ma vie.

à écrit le 09/12/2013 à 7:17
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L'aide sera fournie de toute façon puisque la France et l'Allemagne sont les premières bénéficiaires de ces aides qui remboursent les contrats irresponsables passés avec la Grèce avant 2011. Ces tergiversations ne sont qu'une façade destinée à endorm...

à écrit le 09/12/2013 à 6:39
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Comme la Grèce est en excédent structurel, elle n'a plus besoin d'emprunter pour financer son budget. La solution évidente pour elle est de faire défaut sur sa dette. c'est la Troïka qui se retrouverait en mauvaise posture

à écrit le 09/12/2013 à 0:08
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A qui le tour aprês la grèce et l'Espagne ? Une petite aide : un état avec un pouvoir socialiste.... Vous savez la doctrine qui tire tout vers le bas!

le 09/12/2013 à 12:50
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C'est bien beau d'être endoctriné par une idéologie quelconque (et même très quelconque). Mais encore faudrait-il avoir le courage de regarder la réalité en face. Car, en Grèce, c'est bien la Nouvelle Démocratie, pendant grec de l'ump française, qui ...

à écrit le 08/12/2013 à 18:51
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On ne fait pas en quelques années des réformes qui prennent au moins une décennie avant d'être opérationnelles. Peut-être est-ce propre aux pays méditerranéens où, la notion de rigueur n'a pas la même signification qu'en Europe de nord ? Leur malheu...

à écrit le 08/12/2013 à 14:30
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Sait-on que seul 20% de la TVA est payée en Grèce ? Ça explique pourquoi l'Etat grec n'arrive pas à boucler son budget...

le 09/12/2013 à 15:51
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ET de quel torchon sortez-vous une parille donnée mensongère ? Les Grecs fraudent nettemnt moinsle fisc que les français. Plus de 75 % de la population grecque est directement prélevée à la source, sans possibilité de fraude et la tva est perçue à p...

à écrit le 08/12/2013 à 13:37
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Comme quoi il faut que je continue à jouer la baisse des marchés.

à écrit le 08/12/2013 à 13:13
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... contonue d'être la victime d'un racket européen dont quelques états-voyous, france en tête, tirent tous les bénéfices. Seuls, 15 % de l'"aide" (qui n'est qu'une escroqerie) apportée à la Grèce arrive dans le pays. Les reste, plus de 85 %, est dét...

le 08/12/2013 à 21:22
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Et bien sur vous avez des preuves....?

le 09/12/2013 à 7:20
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@ la Grèce, Il me semble que vos connaissances sont limitées. Peut être êtes vous membre d'aube dorée ou de syrisa ?

le 09/12/2013 à 9:59
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Merci pour vos commentaires aussi édifiants qu'amusants. Des preuves, demandez-vous, "Ben, voyons" ? Facile! Il suffit d'avoir le courage et l'intelligence (ce qui ne semble pas donné à tout le monde) de regarder les chiffres (officiels, publics et d...

à écrit le 08/12/2013 à 13:09
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La Troïka a désormais perdue car elle vient de supprimer qui vient de faire supprimer l'accès aux soins pour 3 millions de grecs. Pétition aux députés européens : https://secure.avaaz.org/fr/petition/Deputes_Europeens_virer_les_responsables_de_l...

à écrit le 08/12/2013 à 12:41
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La France commence déjà a sentir le greco-hollandisme. Voilà ce qui attend au peuple français.

à écrit le 08/12/2013 à 11:31
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Ce sera bientôt au tour de la France dont le gouvernement continue de dépenser sans compter alors que les caisses sont vides... Dans son architecture actuelle, l'UE est vouée à la désintégration. Les élections de juin prochain vont faire trembler le ...

à écrit le 08/12/2013 à 11:23
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Les plans de rigueur ne servent qu'à ruiner les pauvres : faire la poche des pauvres, ça ne rapporte pas d'argent, tout le monde le sait. Pourtant, c'est ça qu'a programmé l'Europe ! Bravo ! On applaudit bien fort, vive l'Europe et ses technocrates g...

le 08/12/2013 à 12:34
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Les banques d'Europe ne doivent plus détenir beaucoup de dette venant de Grèce, une faillite ne les touchera donc pas vraiment, ni donc l'euro.

le 08/12/2013 à 17:55
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Ce ne sont pas les banques qui détiennent les Junk Bonds mais la BCE or comme elle garantit aussi la monnaie. Si on en arrive a annuler encore plus de dette grecque la chaîne de Ponzi risque bien de s’écrouler. Il est temps de sortir de la bourse et ...

le 09/12/2013 à 14:02
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Conclusion de vos propos : faut pas être pauvre ! Mais pour ça, faut se retrousser les manches et oser prendre des risques. Autant dire que votre france va encore plus sombrer dans la pauvreté et le misérabilisme ! ceci dit, la meilleure chose serait...

à écrit le 08/12/2013 à 10:56
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"Convaincre le Bundestag de venir encore soutenir une Grèce qui « ne fait pas ses devoirs », comme on dit en Allemagne, sera compliqué." L'Allemagne se permet de critiquer mais oublie ses propres devoirs ... Comme payer à la Grèce, sa dette de guerre...

le 08/12/2013 à 18:52
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Sauf que c'etait Mussolini qui y etait pendant 3 ans et donc il faudrait le demander aux italiens

le 09/12/2013 à 10:03
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Vous avez entièrement raison ! L'allemagne, aujourd'hui résolument tournée à droite par une dirigeante qui, hier, était une ardente propagandiste de l'allemagne de l'est, a toujours une dette de guerre vis-à-vis de la Grèce; dette qui couvrirait d'ai...

le 09/12/2013 à 12:42
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Vous avez raison : + 1.000 et, surtout, kali ebdomada kai ta leme.

à écrit le 08/12/2013 à 10:54
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De toutes façons, tant que les grecs, en grande majorité, ne payeront pas leurs impôts, aucun redressement ne sera possible !

le 08/12/2013 à 10:59
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Avec près de 30% de chômeurs, les impôts...

le 08/12/2013 à 13:07
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Il faut vraiment être intoxiqué par une certaine propagande nauséabonde et être totalement dépourvu du moindre morceau de cervelle pour avoir de tels propos. Contrairement à ce que vous prétendez sans rien y connaître, mais en vous faisant le servile...

le 08/12/2013 à 15:18
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@ Réponse à Yves + 10000

le 08/12/2013 à 17:57
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Donc la solution pour la France: relancer la colonisation de l'Afrique.

le 08/12/2013 à 18:55
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J'y avais aussi pensé ! Mais appelons cela plus pudiquement un....protectorat ! Et même Hollande a des chances de se faire élire président là-bas.

le 09/12/2013 à 10:18
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ce qui signifie que la france va continuer à faire ce qu'elle a toujours fait : truander des populations, racketter des pays entiers et tenter de vivre à leurs crochets. On appelle ça du parasitisme.

à écrit le 08/12/2013 à 10:31
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Quand on mets en compétition des pays avec des disparités d'économies de 1 à 10 dans une zone euro unifiée ,on a le résultat escompté.Nous sommes bien dans la démonstration de ce qu'il ne fallait pas faire non ?.

le 08/12/2013 à 10:39
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Bientot la Croatie, Serbie, Macedoine qui vont debarquer dans l'UE pour plomber encore plus cette union defendue et voulue par les technocrates europeens qui se gavent sur son dos

à écrit le 08/12/2013 à 10:17
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Et dire que la dette Grecque aurait pu être liquidée à 80%, cela leur et nous aurait couté moins cher, mais ce n’était pas possible psychologiquement. Mathématiquement c'est un gouffre sans fin...

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