L'Italie, cimetière des travaux publics inachevés

Le gouvernement italien vient de recenser 400 chantiers jamais terminés tout au long de la péninsule, qui ont coûté aux contribuables 1,5 milliard d'euros. L'Union européenne menace d'exiger la restitution des fonds alloués pour les infrastructures non terminées.
Giulietta Gamberini
Le bilan est destiné à s'aggraver quand la Sicile et la Sardaigne fourniront leurs listes.

Pour les Italiens, le spectacle est habituel: un édifice à moitié construit par-ci, le squelette d'un pont par-là, une autoroute qui s'arrête devant le vide… Mais c'est la première fois qu'une liste officielle des infrastructures publiques jamais terminées est établie en Italie. Elles sont plus de 400 et ont coûté aux contribuables italiens plus d'un milliard et demi d'euros.

L'initiative du recensement a été prise par l'État lui-même, notamment par le gouvernement Monti, qui a institué en 2011 un registre de ces chantiers (laissant présumer que, avant cette date, l'utilisation de l'argent public ne faisait pas l'objet d'un tel suivi). Appelé Simoi (Système informatique de monitorage des travaux inachevés) et géré par le ministère des Infrastructures et des Transports, il a été perfectionné cette année et vient de publier ses premiers résultats.

Des situations très diversifiées

Le paysage de ce cimetière de l'argent public est varié. Les écoles et les hôpitaux y côtoient les casernes et les centres sportifs. Mais il y a aussi des routes, des tunnels, des gares… Parfois les travaux, initiés par l'État ou les collectivités locales, ont à peine commencé. Dans d'autres cas il ne manque plus que quelques détails pour que les citoyens puissent utiliser les structures qu'ils ont financées: seulement les tests finaux, par exemple. Mais qui bloquent l'utilisation des infrastructures. Celles-ci attendent parfois des finitions durant des décennies, un laps de temps pendant lequel la construction se dégrade.

Les causes de l'arrêt peuvent être nombreuses. Si, souvent, cela est du à des lois trop compliquées ou au dysfonctionnement des administrations, il peut aussi s'agir de tremblements de terre ou de faillite de l'entreprise ayant remporté les travaux. Sans parler des responsabilités éventuelles de la criminalité organisée...

Le bilan pourrait encore s'aggraver

La liste est d'ailleurs encore - elle aussi - incomplète, puisque la Sicile et la Sardaigne n'ont pas terminé de sonder leur territoire. Pourtant, leur apport pourrait être très sensible. Dans la première de ces deux îles, l'association Incompiuto siciliano (qui publie sur internet un plan interactif) comptabilise 160 chantiers incomplets, dont une douzaine dans la seule ville de Giarre, près e Catane.

Cette dernière, qui compte 30.000 habitants, a réussi à trouver les fonds pour un stade de polo aux pieds de l'Etna destiné à accueillir 20.000 personnes… alors que ce sport demeure quasiment inconnu des Siciliens. A Sciacca (près d'Agrigento), ville de 40.000 habitants, un théâtre populaire pouvant accueillir 1.500 personnes est en chantier depuis trente ans.

Démolir coûte aussi très cher

Mais une fois cet affligeant tableau complété  "que faire?" se demandent les Italiens, alors que le moment n'est sans doute pas le plus propice aux investissements de l'État. Débloquer la situation pour terminer les travaux complétés à 98% pourrait sans doute être plus avantageux pour la collectivité que de construire de nouvelles infrastructures.

En revanche, la démolition de celles non stratégiques et à peine initiées pourrait non seulement être compliquée, mais aussi coûter très cher. Des architectes et des artistes ont ainsi déployé des projets permettant un recyclage de ces lieux intelligent et bon marché, dont certains ont même été exposés à la Biennale de Venise.

L'Union européenne risque d'aggraver les choses. Elle a déjà menacé de bloquer les financements pour certains travaux non terminés avant la fin 2015, voire d'exiger une restitution des fonds alloués à hauteur d'une dizaine de milliards d'euros.

Giulietta Gamberini
Commentaires 5
à écrit le 15/12/2013 à 2:23
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La Renaissance II

à écrit le 14/12/2013 à 16:48
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L'Italie a certes un cimetière des travaux publics inachevés, mais son tissus industriel est plus solide, plus diffus et plus efficace pour exporter. En France nous avons plusieurs cimetières de friches industrielles, et des communes surendetté...

à écrit le 14/12/2013 à 11:26
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En France nous avons par exemple une ville comme Bagnolet avec 35.000 habitants dont le maire a fait construire un Hôtel de ville de 35 millions d'Euros en endettant les habitants pour ...perpète !!

le 14/12/2013 à 18:59
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les elus tous confondus sont occupes a fait mourir la region du nord (rien n'est trop beau pour eux) des reunions conseil municipal arroses au champagne a 786 euros la bouteille de plus rien a craindre en cas de de controle positif , l'affaire est et...

le 22/12/2013 à 22:06
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Champagne à 786 Euros la bouteille : pour être si précis vous avez du voir la facture : c'est quelle cru ?

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