Décidément, ramener la confiance entre les banques de la zone euro est un enjeu de taille. Car, le repli national dans le secteur est le principal marqueur de l'après crise, à en croire les chiffres de la Banque des règlements internationaux (BRI) rendus publics dimanche.
La confiance fait défaut en zone euro
"Cette contraction est imputable, pour les deux-tiers, aux banques dont le siège se trouve dans la zone euro", a indiqué la BRI dans son communiqué.
Et pour cause, si le mouvement est global, c'est bien la zone euro, en plus du Royaume-Uni, qui tire tout le monde vers le bas. Les prêts transfrontaliers entre banques, qui prennent également en compte les prêts entre banques du même groupe, y ont baissé de 31% depuis 2008, année de la chute de Lehman Brothers qui a provoqué le choc financier le plus important depuis le krach de 1929. Par comparaison, aux États-Unis, d'où est parti la crise financière en 2008, les prêts interbancaires "cross border" n'ont diminué que de 16%.
L'Allemagne au dessus de la mêlée
Cette chute des prêts interbancaires transfrontaliers est le symptôme d'une très importante fragmentation du crédit en zone euro depuis la crise des dettes souveraines débutée en 2011 et les failles importantes qui ont failli emporter le système bancaire espagnol en 2012. Pour preuve, la contraction des prêts interbancaires n'a pas frappé l'Allemagne, alors que les pays d'Europe du Sud et l'Irlande en portent tous les stigmates.
C'est à bout de cette fragmentation du crédit que les autorités européennes entendent venir avec le projet d'Union bancaire. Un premier pilier sera pleinement opérationnel en novembre prochain avec la mise en place d'une supervision unique gérée par la Banque centrale européenne avec à sa tête la Française Danièle Nouy.
Mais le mécanisme est déjà critiqué car il ne surveille que les banques les plus importantes en laissant de côté les petites banques qui détiennent pourtant un grand nombre de créances douteuses. Quant au mécanisme de résolution bancaire, c'est à dire celui qui permet de renflouer les banques pour éviter les chocs systémiques, il peine à se dessiner.
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Rien n'est encore réglé
Malgré une conjoncture globale moins sombre ces derniers mois, le mouvement de chute des prêts interbancaires transfrontaliers se poursuit dans le monde. Les emprunts dans les économies avancées ont reculé de 2,6% entre fin juin et fin septembre, enregistrant leur plus fort déclin en près de deux ans, bien que le Japon ait constitué une exception notable, avec une hausse de 10%.
Mais, comme le note l'institution de Bâle, en Suisse, la diminution de l'activité interbancaire transnationale est toujours plus prononcée, sur la même période, lorsque l'une des parties au moins se situe en zone euro (-4,2%) et au Royaume-Uni (-7,8%). Signe que le problème européen persiste.
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