Le scénario d'explosion de la Belgique mitonné par un patron flamand

L'ancien chef de la banque KBC a préparé un scénario complet pour évaluer les modalités et les coûts d'une indépendance flamande. Une première, pas très convaincante.
La Belgique serait divisée en trois entités, mais la Wallonie serait fort endettée.

A l'heure où le monde s'indigne du séparatisme de la Crimée, voici qu'un premier scénario politique et économique complet concernant la sécession de la Flandre et, donc, la fin du Royaume de Belgique, est publié outre-Quiévrain. Ce scénario a été préparé par le groupe Warande, un ensemble de patrons flamands indépendantistes dirigé par l'ancien patron de la banque KBC Remi Vermeiren et créé en 2005. Le quotidien néerlandophone De Morgen en publie ce lundi l'essentiel.

Un simple vote pour en finir avec la Belgique

Politiquement, le groupe estime que l'indépendance de la Flandre et la fin de 184 ans de Belgique serait la chose la plus simple du monde. Le parlement de l'actuelle région flamande, une des trois régions fédérales de la Belgique, n'aurait qu'à le décider « à une majorité qualifiée. » Aucun référendum ne serait nécessaire. Selon l'étude, le précédent du Kosovo pourrait faire jurisprudence. Le cas criméen pourrait-il changer les lignes ? Peut-être, mais dans ce cas, les critiques européennes portent davantage sur le rattachement à la Russie et sur la présence militaire russe que sur le séparatisme lui-même.

Trois Etats de plus dans l'UE ?

Autrement dit, il suffirait d'une majorité séparatiste au parlement flamand pour réaliser, si elle le souhaite, l'indépendance. Pour le groupe Warande, ce nouveau pays, ainsi que les deux autres qui émergeront du cadavre fumant du royaume de Belgique, la Wallonie et la Ville-Etat de Bruxelles, seront de facto membres de l'Union européenne en tant qu'Etats héritiers de la Belgique, membre fondateur de l'Union. Une interprétation bien hardie si on se souvient que le président de la Commission européenne, José Maria Barroso, a jugé « impossible » l'adhésion de l'Ecosse en cas d'indépendance de cette actuelle région britannique après le référendum du 18 mars prochain. Mais là encore, l'interprétation du président de la Commission est très contestable.

La question bruxelloise n'est pas réglée

Le groupe Warande propose que chaque citoyen belge décide de son propre chef de sa nationalité. Rien n'empêcherait alors un Néerlandophone de Knokke-le-Zoute de devenir wallon ou un Bruxellois francophone d'opter pour la nationalité flamande… Mais l'étude contourne ici le vrai problème, celui de Bruxelles. Certes, l'actuelle région-capitale deviendrait un Etat indépendant. Mais il serait majoritairement francophone et entièrement enclavé dans la Flandre. Or, plusieurs communes de la périphérie bruxelloise, actuellement en Flandre, sont à majorité francophone, notamment celle de Rhode-Saint Genèse qui sépare Bruxelles de la Wallonie. Si une majorité d'habitants de ces communes opte pour la nationalité bruxelloise ou wallonne, comment éviter leur rattachement à leur « nouveau pays » ? De Morgen n'hésite pas à parler pour ces communes de « Crimée flamande »…

Une Wallonie criblée de dettes

Reste enfin la question économique. L'étude du groupe Warande propose de partager la dette nationale belge, 370 milliards d'euros, soit 99 % du PIB, en trois : 55 % serait assumée par la Flandre, 35 % par la Wallonie et 10 % par Bruxelles. Ce partage se ferait sur des critères de PIB, d'habitants et « d'origine de la dette. » Ils désavantageraient fortement la Wallonie qui pèse pour 22,6 % du PIB et pour 32 % de la population. Le nouvel Etat francophone hériterait de 136 milliards d'euros de dette publique, soit 155 % de son PIB ! Ce ratio serait juste derrière celui de la Grèce (177 %) et la Wallonie deviendrait un des pays les plus endettés d'Europe. Il lui sera sans doute impossible de se financer sur les marchés.

Le groupe Warande propose, pour amortir le choc, de transférer pendant encore 5 an 34 milliards d'euros à raison d'une somme annuelle de 3,6 milliards d'euros qui serait réduit de 10 % chaque année. En réalité, à moins de procéder à un ajustement très douloureux, on voit mal comment la Wallonie serait viable, même avec ce transfert. Il y a sans doute dans cette proposition une volonté de briser l'avenir économique de la Wallonie.

Une Flandre qui s'en sort bien

Côté flamand, la dette publique restera proche du niveau belge puisque sa reprise de la dette se fera au même niveau que sa part dans le PIB belge. Le coût de la séparation ne sera pas pour la Flandre de 237 milliards d'euros comme on peut le lire dans les journaux francophones, mais seulement de 34 milliards d'euros. Les 203 milliards d'euros de reprise de dettes ne sont pas une charge supplémentaire pour la partie néerlandophone du pays.

La question de la dette est traditionnellement la plus délicate en cas de séparation. Lors de la naissance de la Belgique, qui s'était séparée des Pays-Bas en 1830, il avait fallu dix ans pour régler le problème et la tension avait été vive entre les deux pays durant cette période. Entre cette question et celle de Bruxelles, on peut constater que la division de la Belgique sera source de tensions géopolitiques.

Elections cette année

Cette proposition, publiée dans un livre de Remi Vermeiren, Belgique, la mission impossible, intervient alors que le pays s'apprête dans deux mois à voter deux fois. D'abord, pour les élections européennes, puis pour les élections législatives. Le parti séparatiste N-VA qui fait de l'indépendance de la Flandre un horizon de son programme, devrait encore l'emporter en Flandre. Mais le gouvernement d'alliance socialiste-libéral-chrétien démocrate du socialiste wallon Elio di Rupo a réussi à stabiliser le pays et à limiter la casse pendant la crise. Récemment, S&P a relevé sa perspective sur la note belge. Cette alliance tiendra-t-elle face à la N-VA ? C'est toute la question de cette élection. Si une disparition de la Belgique est moins d'actualité qu'au cours du long interrègne de 541 jours qui avait suivi le scrutin de 2010, sa possibilité ne peut être exclue entièrement. Surtout que les tentations écossaises et catalanes pourraient donner des idées aux Flamands. Une chose paraît cependant certaine : le projet Warande ajoutera plus de difficultés qu'il en résoudra…

Commentaires 20
à écrit le 22/03/2014 à 12:33
Signaler
Flamand de france ( une espéce en voie de disparition) et donc français grace a une frontière qui n'a jamais existé - merci louis xiv -j'aime la flandre qui va de la frise à l'artois et comme les gallois(land of my tathers)écossais(flower of scotlan...

à écrit le 17/03/2014 à 22:56
Signaler
Propagande flamouche typique : les critères de répartition de la dette publique sont tout à fait biaisés. Nous les Wallons ne voulons en aucun cas devenir Français. Plutôt crever !

le 18/03/2014 à 2:59
Signaler
Je vous comprends et vous remercie, mais moi également je ne souhaite pas que nos amis Wallons deviennent français car cela gonflerait encore notre dette ainsi que notre chômage. Par contre une entente avec nos amis flamands pourquoi pas car leur ave...

le 18/03/2014 à 5:51
Signaler
@Wallon : Moi même étant Wallon, je ne suis pas d'accord avec vous et suis partisan d'une scission de la Belgique. Le rejet des Flamands envers les Wallons milite à cette scission. Ils ne prônent que la division plutôt que l'unité. Je demande un refe...

le 18/03/2014 à 9:43
Signaler
Un peu de pudeur, d'honnêteté et de réalisme ne feraient pas de mal à vos propos. Au vu des éclatants succès sociaux, humains et économiques de la wallonie, il serait peut-être sage de ne pas trop revendiquer sa "wallonitude" qui, en plus, ne rime st...

à écrit le 17/03/2014 à 22:27
Signaler
Anvers première plaque tournante de la mondialisation qui déversent les marchandises chinoises, indiennes... Dans la vallée de la Ruhr, le Danemark et la France. Anvers c'est le moteur économique de la Flandres qui vie des importations, ouvert sur le...

à écrit le 17/03/2014 à 22:24
Signaler
Au debut j'ai cru à une blague .Ainsi donc ,aprés la Crimée ,l'Ecosse, la Belgique peut etre ,la Catalogne et le pays basque en Espagne ,la Ligue du nord en Italie qui va se reveiller......Il y a 5 ans, loin de tout ça, je me faisais la reflexion sui...

à écrit le 17/03/2014 à 22:22
Signaler
La partie flamande annexée à la Hollande, la Wallonie à la France, et Bruxelles devient une ville-Etat indépendante.

le 17/03/2014 à 22:26
Signaler
La wallonie et sa dette à la France avec le haut niveau de vie des paysans wallons qu'il faudra maintenir ou alors leur apprendre à s'en passer.

le 18/03/2014 à 11:05
Signaler
Je dirais plutôt "La partie flamande annexée par Hollande, la Wallonie à la France" Comme ça on annexe toute la Belgique.

à écrit le 17/03/2014 à 21:39
Signaler
Non merci, il y a déjà trop de socialistes en France. Pas besoin d'aller les chercher à l'étranger. Par contre, ils peuvent adhérer à la Russie ou à l'Ukraine...

à écrit le 17/03/2014 à 20:21
Signaler
Il faut faire un referendum des pro français et les annexer à la France. Faites comme moi. No problème.

à écrit le 17/03/2014 à 17:51
Signaler
KBC cela me dit quelque chose. Cette banque est celle des collaborateur flamingant avec les boches!!!

à écrit le 17/03/2014 à 17:35
Signaler
Du grand n'importe quoi dans cette réaction. Populations qui n'ont rien en commun? Relisez l'Histoire... La Bel(le)gique n'est pas plus artificielle que tous les autres pays européens. Quant à traiter les belges de citoyens issus d'un amalgame fo...

à écrit le 17/03/2014 à 15:53
Signaler
Ce qui est incroyable c'est que ce type de proposition aussi deraisonnable que malsaine soit aujourd'hui serieuse.

le 17/03/2014 à 16:08
Signaler
Ce qui est déraisonnable, c'est d'avoir façonné un pays factice de bric et de broc, en amalgamant plus ou moins mal (et plutôt plus mal d'ailleurs) des populations qui n'ont struictement rien en commun : culture, langue, mentalité, coutumes et tradit...

le 17/03/2014 à 18:10
Signaler
Après ce sera au tour du 9-3 de devenir indépendant ... Vivement dimanche ... prochain !

le 17/03/2014 à 21:38
Signaler
Il y avait quand même un critère important pour l'époque (1830), plus important que les questions linguistiques à l'époque : les Belges étaient catholiques, les Hollandais protestants. Maintenant, il est vrai que la distinction protestant / catholiqu...

à écrit le 17/03/2014 à 15:17
Signaler
il peut demander l'aide de poutine !

le 22/04/2014 à 15:01
Signaler
+100

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.