Les eurosceptiques allemands, nouvelle pomme de discorde entre Londres et Berlin

Le groupe des conservateurs britanniques au parlement européen a accepté l'adhésion d'Alternative für Deutschland. Une mauvaise nouvelle pour Angela Merkel et pour l'Europe.
La relation entre Angela Merkel et David Cameron pourrait se refroidir. Durablement ?

C'est une douloureuse défaite que vient d'encaisser Angela Merkel. Le parti eurosceptique allemand Alternative für Deutschland (AfD) vient d'être accepté au sein du groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR) au parlement européen. Les membres de ce groupe, constitué en 2009 par les Tories britanniques après leur divorce d'avec le PPE, ont majoritairement décidé d'accueillir le parti allemand qui avait réuni 7 % des voix le 25 mai et obtenu 7 élus.

Troisième groupe au parlement européen

Cette acceptation reflète surtout le changement de nature du groupe ECR qui n'est plus le seul groupe de soutien des Tories. Les Britanniques n'ont en effet obtenu que 19 sièges au lieu de 26, soit autant que les Polonais du parti PiS (Ordre et Justice) de Jaroslaw Kaczynski qui, en 2009, n'avait que 7 élus. De plus, plusieurs partis ont quitté le groupe du UKIP, appelé EFD, pour rejoindre ECR qui représente un euroscepticisme plus « convenable. » C'est le cas des Vrais Finlandais (2 élus) ou du Parti populaire danois (DF, 4 élus). Il y a donc une perte de pouvoir des Conservateurs anglais dans ce groupe. Cette adhésion permet à ECR de devenir le troisième groupe politique au sein du nouveau parlement, avec 63 députés.

Mauvaise nouvelle pour Angela Merkel

Et c'est précisément la raison pour laquelle AfD a été admis au sein du groupe, car la majorité des Tories ont voté contre cette admission qui n'a été adoptée qu'à 29 voix contre 26. Il est vrai que ce geste risque d'exaspérer un peu plus Angela Merkel contre le premier ministre britannique David Cameron. Car AfD est désormais l'obsession de la CDU allemande qui s'inquiète d'un débordement sur sa droite. Certains élus conservateurs au Bundestag ont demandé une réflexion sur une éventuelle alliance avec AfD, ce qui représenterait un désaveu pour la politique de sauvegarde de l'euro de la chancelière.

Les Tories ont officiellement regretté l'adhésion d'AfD à ECR, mais ces regrets risquent de ne pas apaiser la colère de la chancelière car il est évident que quelques élus conservateurs ont voté en faveur de l'adhésion du parti allemand. Or, désormais, en entrant dans un groupe politique et en étant la troisième composante numérique de ce groupe, AfD va bénéficier d'une tribune qu'elle n'aurait pas eue en demeurant parmi les non-inscrits. Autre souci : cette adoption permet de conforter l'idée développée par AfD qu'elle n'est pas un parti d'extrême-droite. C'est dans ce même esprit que les partis finlandais et danois ont rejoint ECR. Or, c'est un des arguments qui est souvent utilisé pour contrer les eurosceptiques en Allemagne. En se rangeant au côté des Tories, AfD va pouvoir disputer à la CDU/CSU la qualité de « conservateurs », ce qui pourrait séduire une partie de l'électorat d'Angela Merkel agacé par sa « grande coalition. »

Les conséquences de cette adhésion en Europe

Les relations entre Londres et Berlin vont-elles se dégrader pour autant ? Certes, la chancelière pourrait répondre à ce « mauvais coup » par un durcissement de sa position concernant Jean-Claude Juncker qu'elle a encore - sous la pression de son parti - défendu à Stockholm en début de semaine. Mais il est peu probable que le cas AfD soit une pomme de discorde durable. Angela Merkel est trop pragmatique pour s'aliéner le premier ministre britannique. La chancelière a en effet besoin de Londres et de ses projets de réformes libéraux pour peser face aux partisans méridionaux d'une « relance. » La rencontre du début de semaine avec les premiers ministres néerlandais et suédois a montré qu'elle était prête à une alliance « sur le fond » avec ces pays. Car désormais AfD apparaît comme encore plus dangereuse pour Angela Merkel. Et, pour la contrer, il ne faudra pas faire de concessions en Europe. L'entrée d'AfD dans ECR pourrait donc conduire à un durcissement des positions de Berlin sur l'austérité et les « réformes. » Un durcissement qui trouvera un allié du côté de Londres, mais qui risque encore d'exaspérer Paris et Rome…

 

Commentaires 11
à écrit le 14/06/2014 à 17:51
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Vas'y Angela c'est bon,Vas'y Angela c'est bon c'est bon. En musique c'est mieux :https://www.youtube.com/watch?v=MIYRTUyW678

à écrit le 14/06/2014 à 11:35
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C'est dingue; tous les articles parlant de la politique Européenne tourne autour des choix qu'effectue Merkel... On est Allemand ou Européen quand on rentre dans l'Europe? Tous les article montrent bien que le problème de l'Europe c'est qu'elle n'est...

à écrit le 13/06/2014 à 12:27
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Action/réaction. Tout emporte toujours en soi son contraire et les germes de sa propre destruction sont ancrés dans ce qui a présidé à sa création. Nous avons dit NON à cette Europe mortuaire pour les peuples. Pauvre Merkel qui va manquer de temps t...

à écrit le 13/06/2014 à 9:09
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Tres bonne nouvelle tout ce qui va dans le sens de la fin de l'union europeenne et le bien venu Quand a A Merkel ,dereglements hormonaux ou frustrations sexuelle peuvent expliquer une attitude proche de celle de Folcoche de "vipere aux poings "

à écrit le 13/06/2014 à 0:58
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Eh, eh, ce que vous souhaitez est UTOPISTE avec cette Europe et pour le long termes ! Fort de ce constat, il serait temps de retirer les œillères et d'arrêter cette folie qui plonge la France dans un déclassement tel et à une vitesse qui surprend plu...

à écrit le 12/06/2014 à 21:43
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nous voulons une Europe des nations sociales et démocratiques sans tutelle allemande ou américaine

le 14/06/2014 à 11:38
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Ce qu'on a est encore pire. On a une tutelle de riches politiciens qui détournent notre argent publique a leur bienfaits en détruisant nos vies a tous...

à écrit le 12/06/2014 à 20:40
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Je vois la campagne de Cameron pour mettre un ou une atlantiste à Bruxelles comme encore une ingérence flagrante de son patron à Washington. Pour cela je soutient J-C Juncker, le candidat de Mme. Merkel, c'est le moins que je peux faire.

à écrit le 12/06/2014 à 18:12
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Il n y a pas de peuple européen donc pas de vrai solidarité avec le plombier polonais ni avec ceux des pays du club med ! Ne pas en tenir compte ne ferra que faire croître l extrême droite !

le 12/06/2014 à 19:48
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Pourquoi lorsque l'on n'est pas eurogaga, est-on d'extrême droite ? N'est-ce pas réducteur ? Quand vous baserez vous sur les faits des conséquences des politiques de l'UE et de la mise en place de la monnaie unique plutôt que rester benoîtement dans ...

le 12/06/2014 à 20:21
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Exactement.

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