Sommet européen : Angela Merkel demeure en position de force

Les chefs d'Etats et de gouvernements se retrouvent jeudi et vendredi à Ypres et Bruxelles. Berlin est sous la pression franco-italienne, mais conserve des atouts majeurs pour imposer son choix du statu quo.
Le sommet des 26 juin s'annonce tendu, mais Angela Merkel est en position de force

Le sommet européen qui débute ce jeudi à Ypres et se poursuit jusqu'à vendredi à Bruxelles s'annonce décisif pour l'avenir de l'Europe. Angela Merkel va devoir trouver une voie difficile entre plusieurs écueils : satisfaire le centre-gauche représenté par la France et l'Italie, son opinion publique et le premier ministre britannique David Cameron.

Message clair pour un « changement en Europe »

A Paris et à Rome, en tout cas, on semble décider à passer à l'offensive pour obtenir un message clair concernant un changement de cap de l'Europe. « L'Europe doit changer, elle doit absolument changer », a martelé Harlem Désir, le secrétaire d'Etat français aux affaires européennes à l'Assemblée nationale. En Italie, on est sur la même longueur d'onde. Matteo Renzi va venir à Ypres et à Bruxelles avec la même exigence de changement. Avant de partir, il a rencontré le président de la République, Giorgio Napolitano, qui a appelé à « une vraie rénovation européenne maintenant. »

Relance et assouplissement des règles ?

Les deux pays semblent s'être accordés samedi lors de la réunion des chefs de gouvernement sociaux-démocrates européens pour faire dépendre leur soutien affiché à Jean-Claude Juncker pour la présidence de la Commission d'une vraie inflexion de la politique économique en zone euro. Les idées pour réaliser ce changement ne manquent pas. Outre la « souplesse » dans l'application du pacte de stabilité sur les déficits, il pourrait également y avoir des investissements massifs, notamment dans le domaine énergétique, par l'intermédiaire de la Banque européenne d'investissement (BEI).

Sérénité allemande

Mais ce qui est frappant, c'est que l'agitation en France et en Italie tranche avec un clame olympien du côté de Berlin. Et face au festival d'idées nouvelles pour le changement de Paris et Rome, l'Allemagne oppose la « stabilité. » Devant le Bundestag ce mercredi, Angela Merkel a martelé que « personne n'a demandé de changement de règles concernant les déficits et que personne ne le demandera. » La politique allemande reste donc celle définie par le porte-parole du gouvernement fédéral lundi : oui à des adaptations au cas par cas prévu par la procédure actuel du pacte de stabilité, mais non à un changement des règles et des objectifs.

Pour la chancelière, il est essentiel de ne pas montrer qu'elle recule devant les pressions franco-italiennes. Tout assouplissement généralisé serait pris comme une défaite de la « culture de la stabilité » outre-Rhin. Il n'aura donc pas lieu. Rome a en effet accepté de ne pas réclamer de modification des règles de calcul des déficits. Le secrétaire d'Etat aux affaires européennes italien Sandro Gozzi l'a confirmé dans La Repubblica de ce mercredi.

On comprend donc la sérénité côté allemand. La presse est quasiment muette concernant le plan français dévoilé mardi soir dans Le Monde et est très ironique sur les demandes italiennes. Ce mercredi matin, Gabor Steingart, le directeur de la rédaction du Handelsblatt estimait que « apparemment, en Italie, faire des dettes est une tradition comme la mozzarella sur les tomates. » Mais grosso modo, ce sommet n'est pas perçu en Allemagne comme décisif, parce qu'aucune vraie modification de fond ne sera acceptée.

Accord a minima ?

On semble donc se diriger vers un accord a minima. Le pacte de stabilité et les 3 % seront réaffirmés, tout en rappelant que la Commission peut accorder des délais si nécessaire et que ceci constitue « un vrai changement. » Il y aura donc beaucoup d'affichage. Certes, la France pourra sans doute compter sur un nouveau délai, à condition qu'elle se prête aux exigences de réformes de Bruxelles, mais elle n'obtiendra pas de changement de mode de calcul des déficits.

Seul point en suspens : celui des investissements. Berlin acceptera-t-il un plan de relance ? C'est sur cette questions que les discussions pourraient être délicates. Sandro Gozi demande la mise en place de project bonds, qui sont des formes d'Eurobonds, dont Berlin ne veut à aucun prix. En Allemagne, on continue évidemment à se méfier de ces mesures de relance qui freinent les réformes et qui sont des mesures cachées de mutualisation des dettes.

Le facteur Cameron

Néanmoins, Angela Merkel va devoir compter avec un autre larron : David Cameron. Ce dernier ne veut toujours pas de Jean-Claude Juncker comme président de la Commission, mais il est de plus en plus isolé. La Suède, la Finlande et les Pays-Bas se sont ralliés. Berlin va néanmoins chercher à éviter une humiliation pour Londres afin de ne pas déclencher une campagne anti-UE des Tories. Mais pour calmer l'ire de David Cameron, il faudra lui donner des gages de réformes de l'UE. A Stockholm, la semaine dernière, on avait convenu entre Angela Merkel et David Cameron d'une Europe moins présente et plus libérale. Du coup, pour stopper les volontés keynésiennes de Rome et Paris, Berlin pourrait s'appuyer sur Londres.

Angela Merkel reste en position de force

Angela Merkel peut sembler en difficulté, mais en réalité, elle a plusieurs bonnes cartes en main. François Hollande et Matteo Renzi se sont trop avancés dans leur soutien à Jean-Claude Juncker pour revenir en arrière. Leur soutien est acquis.  Ils ne pourront guère imposer une politique de relance face à un refus germano-britannique. D'autant que Madrid maintient des positions très proches de celles de Berlin. Concernant la nomination de Jean-Claude Juncker, David Cameron est désormais totalement isolé. Il va devoir trouver une porte de sortie acceptable.

Angela Merkel peut la lui offrir. Enfin, il ne faut pas oublier que le nouveau président de la Commission sera doublement redevable à la chancelière de sa nomination : c'est elle qui l'a choisi en mars lors du congrès du PPE et qui l'a imposé au Conseil en juin. Il n'aura donc rien à lui refuser. Plus que jamais, l'avenir de l'Europe se joue donc à Berlin.

Commentaires 14
à écrit le 27/06/2014 à 21:42
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les allemands ont toujours leur vieille manie de vouloir diriger l'Europe.

à écrit le 26/06/2014 à 17:22
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Il a été punis et envoyé pour cause "d'incompétence notoire" à Bruxelles pour représenter la France. Hollande l'a rejoint pour partager cette incompétence et s'auto congratuler de leur nullité. Merkel doit se marrer devant un président aussi nul qui ...

à écrit le 26/06/2014 à 13:34
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on va se faire bouffer...normal , de toute façon..."épicétou " !

à écrit le 26/06/2014 à 13:03
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Monsieur bricolage va pouvoir montrer ses talents méconnus ....

à écrit le 26/06/2014 à 12:48
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La pression de quoi la pression de qui ! On croit réver notre neuneu va voter Junker sans contrepartie. S'il se servait de ses parties autrement à part d'aller voir la Julie. Cela commence a etre exaspérant attention tout de meme au retour de maniv...

à écrit le 26/06/2014 à 9:56
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Quel suspense ! J'émets des doutes quant à la détermination de François Hollande à infléchir la politique économique de l'Europe. Bon courage à Renzi.

le 26/06/2014 à 15:17
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Il n'en ai jamais eu de suspense, mon cher Loïc, c'était toujours la souris qui rugissait contre le gros matou qui la regarde d'un petit sourire malin....

à écrit le 25/06/2014 à 23:12
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il faut arrêter d'acheter allemand...

le 26/06/2014 à 9:15
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J'ai commencé. Faites passer le message à propos des politiques non coopératives imposées par l'Allemagne et son emprise sur la politique européenne. La CDU-CSU c'est moins de 10% des européens!

le 26/06/2014 à 15:14
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Il faut arrêter d'acheter allemand pour acheter américain et chinois, voilà la solution finale à la française !

le 26/06/2014 à 16:02
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Allez, avouez que vous n'avez pas les moyens de vous offrir une BM ou une Audi.

le 26/06/2014 à 22:54
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Les allemands se croient toujours supérieur aux autres, on sait ou cela les a amené, il faut qu'il se calment sinon on leur mettre la fessée ........

le 27/06/2014 à 21:45
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il faut acheter français !

à écrit le 25/06/2014 à 19:16
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On ne peut s'en prendre qu'à la faiblesse de François Hollande et des Italiens. Londres arrive a tout compris comme De Gaulle jadis. Quand vous êtes un grand pays, soit on vous donne ce que vous souhaitez, soit vous claquez la porte. Et ça marche to...

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