L'inflation reste faible en zone euro et complique la tâche de la BCE

Selon Eurostat, l'inflation annuelle en zone euro est demeurée à 0,5 % en juin. Un chiffre qui montre la division croissante entre l'Allemagne et le reste de la région. Un dilemme difficile à résoudre pour la BCE.
Les prix ont progressé de 0,5 % en zone euro en juin sur un an.

L'inflation demeure stable à un niveau très faible. Ce matin, Eurostat a publié sa première estimation concernant la hausse des prix en zone euro au cours du mois de juin. Sur un an, les prix ont progressé de 0,5 %, soit au même rythme qu'en mai. Ce chiffre prouve une nouvelle fois la persistance de l'inflation faible parmi les 18 pays de l'union économique et monétaire. Les économistes tablaient pourtant sur une légère hausse à 0,6 %.

Inflation sous-jacente en légère hausse

Certes, la baisse des prix de l'alimentation, de l'alcool et du tabac, plus volatils que les autres, y est pour beaucoup puisqu'elle atteint 0,2 % et que, si on les exclut du décompte, ainsi que l'énergie, l'inflation sous-jacente remonte d'un dixième de point à 0,8 % contre 0,7 %. C'est plus, cette fois, que ce que prévoyaient les économistes. Mais les prix de produits manufacturés demeurent stables pour le second mois consécutif. Voici un an, l'inflation des prix industriels était de 0,7 %. Le seul soutien à la hausse des prix en zone euro est le secteur des services où l'inflation atteint 1,3 %, soit un niveau proche de celui de juin 2013 (1,4 %).

L'Allemagne à contre-courant

En termes géographique, ce chiffre est assez inquiétant et complique la donne pour la BCE. En effet, l'inflation a été plus forte que prévue en Allemagne. Elle a même bondi de 0,6 % à 1 %. Or, cette poussée n'a pas eu d'impact sur le reste de la zone euro. Ce qui signifie qu'ailleurs, la hausse des prix s'est affaiblie. On le savait depuis vendredi pour l'Espagne où l'inflation est passée de 0,2 % en mai à 0 % en juin. On en a eu la confirmation pour l'Italie ce lundi, puisque l'institut statistique Istat a indiqué que les prix à la consommation dans la Péninsule avait cru de 0,2 % en juin contre 0,4 % en mai. En Italie, l'inflation sous-jacente recule même de 0,8 % à 0,7 %.

La BCE face à une situation complexe

Bref, la situation demeure très complexe à gérer pour la BCE. S'il est sans doute trop tôt pour parler d'un impact des mesures annoncées le 5 juin dernier, il n'en reste pas moins qu'il n'y a pas eu de « choc » dans la zone euro. L'application des taux négatifs de dépôts n'a pas encore conduit à irriguer les économies périphériques et la baisse de l'euro en juin n'a pas entraîné de reprise de l'inflation. Surtout, la BCE doit faire face à deux situations différentes. En Allemagne, l'économie est portée par la demande intérieure et la consommation et l'inflation va sans doute avoir tendance à remonter. Mais ailleurs, les politiques d'austérité, le chômage élevé et le manque d'investissement continuent à peser sur l'activité et à réduire la capacité des entreprises à dicter leurs prix. La tendance est donc déflationniste.

Le dilemme de la BCE

C'est donc un dilemme qui va rapidement se présenter à la BCE. Si elle se montre prudente pour contrer les inquiétudes allemandes, elle risque d'accélérer la « japonisation » du reste de la zone euro en conduisant à des anticipations d'inflation faibles, voire négatives dans ces pays. Mais si elle lance un vaste programme de rachats d'actifs pour maintenir l'inflation de la zone euro hors Allemagne en territoire positif, elle risque de provoquer les cris d'orfraies de la Bundesbank. Non sans raison, car l'Allemagne étant un havre de croissance dans la zone euro, cet argent pourrait bien s'y retrouver sous la forme de bulles de crédits, notamment immobilier. C'est dire si les mois quoi viennent vont être difficiles pour Mario Draghi.

Les Etats toujours passifs

C'est dire aussi que sa conférence de presse de jeudi 2 juillet sera suivie avec intérêt. Si, évidemment, il ne faut pas s'attendre à un nouveau geste de la part de la BCE, alors même que son artillerie de mesure n'est pas encore en place, Mario Draghi devra néanmoins trouver un discours alliant fermeté face au risque déflationniste et soucis de ne pas alimenter les bulles. Une quadrature du cercle. Mais il est vrai que la situation actuelle montre surtout les limites d'une stratégie qui ne repose que sur la politique monétaire pour relancer l'activité, tandis que les Etats mènent une politique à contre-courant. C'est bien plutôt sur ce point qu'il conviendrait d'avancer. Le récent sommet européen plaide pourtant, malgré les mots, pour une poursuite du statu quo.

Commentaires 17
à écrit le 01/07/2014 à 12:32
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Le 2 juillet tombe un mercredi cette année! Tant que l'on prendra la monnaie pour un "but" plutôt qu'un "moyen" nous ne trouverons pas d'issu!

à écrit le 30/06/2014 à 21:29
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Ils prennent vraiment les gens pour des idiots. Utiliser l'inflation comme justification à leurs décisions iniques est lamentable. Au profit de qui? La plupart d'entre vous le savent. Quant aux dépens idem.

le 30/06/2014 à 23:57
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le problème de l'inflation est qu'il pèse sur les salaires , par contre l'inflation casse la dette , les allemands eux ont peur de l'inflation depuis les années 20 , ils sont tétanisés mais si eux vont bien , ils pensent que les autres ne savent pas ...

à écrit le 30/06/2014 à 20:31
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Inflation faible sur les produits que l'on consomme pas, sans doute .

à écrit le 30/06/2014 à 20:23
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Vive l’inflation la baguette de pain a 500 e , je pourrais en acheter 4 apres impots bien sur Sa sa vas relancer l’économie c bien évident

à écrit le 30/06/2014 à 19:56
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Inflation faible? Ca dépend pour qui ! Si pour le commun des travailleurs elle est inexistante, les patrons ne semblent pas souffrir du même manque d’augmentation !

à écrit le 30/06/2014 à 17:27
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Les salaires ont-ils augmentés de 0.5% sur ce mois?

à écrit le 30/06/2014 à 17:08
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Déflation + déflation = récession !

le 01/07/2014 à 0:00
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le japon qui était bénéficiaire en 1997 a vu avec la crise économique de 1998 entrer en déflation et de récession en récession , l'état a injecté des milliards vers les entreprises et les projets ineptes , résultat la dette publique est colossale et ...

à écrit le 30/06/2014 à 17:01
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Si quelqu'un de sympa pouvait prévenir la BCE que nous sommes dans une logique récession mondiale type 1929, ce serait utile, je pense. D'avance, merci...

à écrit le 30/06/2014 à 16:44
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« Un dilemme difficile à résoudre pour la BCE ». Et bien, oui, un autre exemple de l'absurdité d'imposer une même monnaie à des économies / des pays différents.

le 30/06/2014 à 17:02
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Vous confondez "différence" et tirages de couverture. Comme fait tout le monde, notes...

le 30/06/2014 à 17:04
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Quoique, confondre mine de rien et gisement épuisé courre les rues, aussi.

le 30/06/2014 à 17:06
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Et certains de confondre aussi mine à ciel ouvert et missile antiaérien, je vous dis pas.

à écrit le 30/06/2014 à 15:15
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L'euro du "nord" et l'euro du "sud". Bien évidemment on se mettra dans la zone sud et je ne pense pas que nous serons les perdants à ce petit jeu.

à écrit le 30/06/2014 à 13:48
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Bein j'comprends pas c'est conforme à l'attendu dans une Europe vieillissante et conservatrice. Les actifs sont là pour être massacrés par les rentiers. L'inflation tue la rente donc.

le 30/06/2014 à 17:08
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"Fait pour les rentiers par les rentiers" Been... pour une fois que quelqu'un se tire pas une balle dans le pied, tout le monde est surpris. Te dire...

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