L'inactivité de la BCE ne signifiera pas la fin du danger déflationniste

Les chiffres de l'inflation sous-jacente en zone euro ont rassuré les observateurs et confirme le scénario d'un statu quo de la BCE la semaine prochaine. Mais la situation reste des plus sérieuses.
La BCE ne bougera pas le 4 septembre, mais le danger persiste

Le nouveau point bas de l'inflation en zone euro est-il le signal d'une nouvelle action de la BCE dès le mois de septembre ? La question mérite d'être posée tant Mario Draghi a prouvé qu'il réagissait aux décrochages des chiffres mensuels d'inflation. Mais cette fois, il ne devrait pas bouger, malgré l'approche dangereuse de la zone négative. La plupart des observateurs tablent sur un statu quo lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE ce 4 septembre.

Une inflation sous-jacente rassurante ?

Plusieurs raisons expliquent cette analyse, mais la principale est la remontée de l'inflation « sous-jacente », celle qui ne dépend pas des facteurs les plus volatils que sont l'énergie et l'alimentation. Or, cette inflation, elle, redresse la tête à 0,9 % en août contre 0,8 % en juillet. La BCE peut utiliser cet argument pour gagner encore un peu de temps avant de déclencher la « bombe nucléaire » de l'assouplissement quantitatif, autrement dit du rachat massif de titres. Ce sera pour Mario Draghi l'occasion de donner sa chance au dispositif mis en place le 2 juin dernier, le TLTRO, ces prêts à long terme que la BCE va lancer au cours du mois de septembre.

Un recul de l'inflation préoccupant

Reste que l'on aurait tort de penser que le danger de déflation a disparu en zone euro et de se reposer sur le chiffre de l'inflation sous-jacente. D'abord, parce que ce chiffre ne doit pas être considéré comme « le seul valable. » L'économie fonctionne aussi avec de l'énergie et de l'alimentation. Et les anticipations d'inflation des acteurs économiques (sinon des marchés financiers) s'appuient aussi sur l'évolution des prix dans ces secteurs. La chute de l'inflation qui, depuis le début de l'année, est passée en zone euro de 0,8 % à 0,3 %, est clairement inquiétante pour l'économie européenne.

Risque sur les marges

Ensuite, parce que ce chiffre de l'inflation sous-jacente reste faible. De septembre dernier, cet indice évolue entre 0,7 % et 1 %. A ce niveau, la marge de manœuvre des entreprises pour fixer leurs prix et pour garantir leurs marges est réduite. Et plus l'inflation faible persiste, plus les conséquences macro-économiques demeurent dangereuses. Au final, les entreprises pourraient être tentées, pour garantir les marges, de couper dans les investissements ou dans les emplois, entraînant la zone euro dans une spirale cette fois clairement déflationniste. Impossible pour la BCE de se contenter donc d'un tel chiffre.

Tendance déflationniste

Enfin, la tendance économique de la zone euro est clairement encore déflationniste. Les récents indices de confiance se dégradent. Ce vendredi, l'indicateur Eurocoin de l'activité économique de la zone euro de la Banque d'Italie a encore reculé de 0,27 à 0,19 en août. Un peu partout, les signes de faiblesses se multiplient  : l'Italie est tombée en août en inflation négative, le moral des patrons allemands se dégrade, le chômage français continue de progresser, les ventes au détail espagnoles chutent... Tout concourt à une anémie de l'économie faute de demande, ce que Mario Draghi a déploré dans son discours de Jackson Hole et qui est le vrai moteur de la déflation.

Recul des prêts aux entreprises

L'autre moteur, c'est l'absence de financement de l'économie. Les chiffres publiés hier par la BCE montrent que les prêts aux entreprises non financières de la zone euro ont reculé sur un an de 2,3 % en juillet contre un recul de 2,2 % en juin. Preuve que les mesures adoptées jusqu'ici par la BCE n'ont pas encore porté leurs fruits et que « l'économie réelle » demeure asséchée de crédits. Dans ces conditions, compter sur une reprise des investissements ex nihilo est un doux rêve. Et c'est bien pourquoi Mario Draghi a demandé une action des pouvoirs publics. Lorsque plus personne ne veut ni investir, ni consommer, ni prêter, seule la puissance publique peut agir. Ou bien il faut attendre, selon la doctrine classique, « l'ajustement » par les prix. Mais assumer son corollaire, la baisse du niveau de vie et la récession.

Donner sa chance à la relance ?

L'inaction de la BCE de ce mois de septembre aura donc une double fonction. D'abord, donner sa chance au TLTRO. Ensuite, attendre que les chefs d'Etats et de gouvernements se mettent d'accord sur un plan d'action concernant la relance de la demande. D'ici à quelques mois, on y verra plus clair sur l'impact du TLTRO et sur le « plan Juncker » de 300 milliards d'euros sur trois ans promis par le nouveau patron de la Commission. Mario Draghi pourra alors juger s'il doit ou non sortir sa dernière arme, l'assouplissement quantitatif et dans quelle mesure. Mais il a clairement prévenu vendredi dernier que, seule, la BCE ne pourra pas sauver la croissance européenne.

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Commentaire 1
à écrit le 29/08/2014 à 14:58
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Avec la baisse de l'€uros plus besoin d'avoir peur de la déflation !

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