Le Polonais Donald Tusk nommé président du Conseil européen

Le Premier ministre polonais Donald Tusk, 57 ans, pro-européen convaincu et partisan de réponses fermes à la Russie dans la crise ukrainienne, a été choisi samedi pour présider le Conseil européen.

Avec la désignation samedi du Polonais Donald Tusk au poste de président du Conseil européen et de l'Italienne Federica Mogherini à celui de chef de la diplomatie, après la nomination fin juin du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker pour diriger la Commission, le trio de tête de l'Europe est au complet.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk, 57 ans, pro-européen convaincu et partisan de réponses fermes à la Russie dans la crise ukrainienne, a en effet été choisi samedi pour présider le Conseil européen après sept ans à la tête d'un gouvernement conservateur.

Pragmatique, Donald Tusk s'était prononcé pour des sanctions efficaces à l'égard de Moscou à la suite des opérations russes en Ukraine. En revanche, il est opposé aux initiatives prises par des pays individuellement, prônant une action "responsable" commune, dans le cadre de l'Otan et de l'Union européenne.

Fermeté

Issu du mouvement Solidarité qui a fait tomber le système communiste en Pologne en 1989, cet historien de formation s'est forgé l'image d'un homme très efficace dans le jeu politique, capable de tourner à son avantage les situations les plus délicates. Bon orateur, il s'emploie à avoir un langage modéré, avec un souci non dissimulé de séduire son auditoire. Mais il sait aussi faire preuve de fermeté face à ses interlocuteurs, notamment européens.

Le Premier ministre polonais a toujours prôné le renforcement des institutions européennes. Il a lié l'adoption de l'euro par la Pologne à un règlement durable de la crise de la dette.

Donald Tusk a ravi en 2007 le pouvoir aux frères jumeaux conservateurs Kaczynski, devenant Premier ministre à la faveur de législatives anticipées. Il a été le premier chef d'un gouvernement poonais depuis la chute du communisme en 1989 à être reconduit dans ces fonctions pour un deuxième mandat il y a trois ans.

Depuis sa jeunesse, c'est un libéral convaincu qui pense que la Pologne a besoin de moins d'Etat et de plus d'entrepreneurs. Mais, pendant la crise, il a modifié certaines de ses points de vue, admettant que la situation oblige parfois l'Etat à intervenir.

Entreprise de peinture

Opposant au régime quand la Pologne était encore communiste, il avait lui-même créé une entreprise de peinture. C'était à l'époque une rareté, dans une économie étatisée.

"C'est en peignant toutes sortes de sites industriels, des cheminées et des ponts qu'il a appris l'économie de marché et les règles de son fonctionnement", a expliqué à l'AFP son ami de longue date Jerzy Borowczak.

"C'était un travail dur, parfois 16 heures par jour, sous un soleil de plomb, pour honorer une commande dans les délais", a souligné cet ancien responsable du syndicat Solidarité à Gdansk (nord).

Dès la chute du régime communiste, Donald Tusk fonda avec des amis de Gdansk un premier mouvement libéral en Pologne. En 2001, il fut l'un des principaux fondateurs du parti Plateforme civique (PO) qu'il préside.

Admirateur de Reagan

Il affirme admirer l'ancien président américain Ronald Reagan, l'ancien Premier ministre britannique Margaret Thatcher. En Pologne, il a été un fidèle de Lech Walesa. L'ancienne figure de proue de la lutte contre le communisme le soutient maintenant. Et son fils Jaroslaw Walesa est un député de PO.

Origines kachoubes

Historien de formation, Tusk revendique aussi ses origines kachoubes, une minorité slave de la région de Gdansk longtemps disputée entre la Pologne et l'Allemagne. Donald Tusk n'a découvert ses racines que sur le tard. "A la maison, on ne parlait pas le kachoube, mais parfois mon père me disait : viens "lorbas" (petit fripon)", se rappelle-t-il. Il n'a appris cette langue qu'à l'âge adulte et lorsqu'il s'est engagé dans la vie de sa communauté. Il parle allemand, mais son anglais laisse à désirer, selon son entourage.

Marié à Malgorzata, une historienne, Donald Tusk, passionné de football qu'il pratique régulièrement en amateur, a une fille, animatrice d'un blog sur la mode, et un fils spécialisé dans les relations publiques.

Federica Morgherini, "génération Erasmus"

Nommée samedi chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, est une représentante de cette "génération Erasmus" qui a pris du galon sur la scène européenne, selon les mots du chef du gouvernement italien Matteo Renzi.

41 ans depuis le 16 juin, elle était déjà l'un des plus jeunes ministres italiens du gouvernement Renzi, nommé en février dernier, et une parfaite inconnue du grand public. A l'étonnement de tous - et notamment du président de la République Giorgio Napolitano, dubitatif sur ses compétences - elle avait alors évincé à la Farnesina, l'équivalent italien du Quai d'Orsay, la charismatique et expérimentée Emma Bonino, 65 ans.

Dès la victoire écrasante (40,8%) du Parti Démocrate (PD) aux élections européennes - qui en fait le premier parti de gauche au parlement européen -, le chef du gouvernement italien a poussé sa candidature à la place de l'anglaise Catherine Ashton.

Rencontre avec Poutine

Ayant encore relativement peu d'expérience, mais dotée d'une grande confiance en elle, Federica Mogherini a multiplié les voyages à l'étranger ces derniers mois, notamment en Ukraine et en Russie, mais également au Moyen-Orient où elle est arrivée mardi. Sa rencontre avec le président russe, Vladimir Poutine, lui avait valu les critiques de plusieurs pays d'Europe de l'est, qui la jugeaient alors trop pro-russe.

Née à Rome, Federica Mogherini a fait toutes ses études dans la capitale italienne, où elle a décroché un diplôme en Sciences politiques à l'université La Sapienza.

Sa thèse, portant sur l'islam et la politique, a été réalisée au cours d'un séjour, à Aix-en-Provence (sud de la France), à l'Institut de recherches et d'études sur le monde musulman et arabe (IREMAM), dans le cadre du programme européen d'échange universitaire Erasmus.

"All different, all equal"

Engagée dans les luttes de gauche, elle participe dès le début des années à des campagnes nationales et européenne contre le racisme et la xénophobie, notamment celle lancée au milieu des années 2000 par le Conseil de l'Europe, "All different, all equal" (tous différents, tous égaux).

A cette époque, elle gagne ses premiers galons en politique en étant nommée vice-présidente du European Youth Forum, une plate-forme pour les organisations de jeunesse en Europe, et de l'Ecosy, l'Organisation des jeunes socialistes européens.

Elle commence à s'occuper de politique étrangère au sein des Démocrates de gauche (DS), le parti qui donnera naissance en 2007 au PD, aujourd'hui au pouvoir. Elle y gère plus particulièrement les rapports avec les démocrates américains et le Parti socialiste européen (PSE).

Élue députée en 2008, elle intègre les commissions des Affaires étrangères et de la Défense de la Chambre des députés.

En août 2013, elle prend la tête de la délégation italienne à l'assemblée parlementaire de l'Otan et, en décembre de la même année, devient responsable Europe et affaires internationales au sein de la direction du PD.

Federica Mogherini, qui déclare parler "correctement l'anglais et le français et un peu l'espagnol", est également membre de l'Institut italien des affaires internationales (IAI) et du Conseil pour les relations entre l'Italie et les États-Unis.

Son mari, rencontré lors de ses années de militantisme politique, a été en charge des relations internationales auprès de l'ancien maire (PD) de Rome, Walter Veltroni.

Commentaires 12
à écrit le 01/09/2014 à 22:37
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Méfiance avec un atlantiste comme ça, les racketteurs vont nous pousser à un affrontement avec la Russie! Comment a ton pu élire un laquai des américains qui sous traite la torture,il est plus que temps de sortir de L’OTAN!

le 02/09/2014 à 22:54
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Vous ne connaissez rien de sa politique. Tusk est pro-européen bien plus que pro américain. Renseignez-vous avant de vous prononcer !

à écrit le 01/09/2014 à 15:23
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A ceux qui pensaient que la présidence de U.E. allait être donnée à un(e) eurosceptique, anti-américain et anti libéral, je voudrais juste leur dire qu’ils rêvaient : de toute façon seul un européiste convaincu, ultra libéral et atlantiste de surcroî...

à écrit le 01/09/2014 à 14:03
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Ca ne choque personne qu'un membre d'un pays qui ne fait pas partie de la zone euro soit à la tête du Conseil Européen?

le 01/09/2014 à 16:55
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Bonne remarque en effet.Cependant on est plus à une ineptie près avec cette Europe. Avec tous les "sousmarins" américains qui naviguent en eaux troubles dans les couloirs de Bruxelle, l'Europe n'est plus qu'une pétaudière.

à écrit le 01/09/2014 à 13:11
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Il va suivre les américains, le nez dans la raie...

à écrit le 01/09/2014 à 9:28
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Donald Tusk, vassal des USA et viscéralement anti-Russes sera probablement celui qui entrainera l'UE dans une 3ème Guerre mondiale ! Quelle nom porte donc cette démocratie où on installe un président sans suffrage universel , où l'on fait revoter les...

à écrit le 31/08/2014 à 22:28
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Donc quand un Premier Ministre va perdre les élections, on le nomme à la Présidence du Conseil Européen ou à la Commission Européenne. Un peu comme pour le Conseil économique et social, quoi...

à écrit le 31/08/2014 à 19:31
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Une nouvelle équipe à la tête de l’Europe avec de nouvelles idées ? Je n’en suis pas sûr … Soit on a de nouvelles idées, soit on va chercher celles qu’on déjà trouvées d’autres personnes ; ou soit on pratique la politique du statu quo… et tout va ...

à écrit le 31/08/2014 à 19:18
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europe : marionnette officielle des usa

à écrit le 31/08/2014 à 18:07
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Comme mauvaise nouvelle pour éviter la guerre en Europe, on ne pouvait trouver mieux. On a mis un revanchard anti-russe au commande de l'Europe, comment croire à une sortie de crise autre que militaire maintenant ?

le 02/09/2014 à 22:58
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Votre discours en est un de cliché. Donald Tusk avait au contraire de relativement bonnes relations avec Poutine avant la crise Ukrainienne. Je vous rappelle aussi, petit cours d'Histoire, que ce qui a provoqué la Deuxième Guerre Mondiale, c'est bien...

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