La peu convaincante "nouvelle donne" européenne d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a une conception particulière de la solidarité européenne. Pas sûr que la France en sorte gagnante.
Emmanuel Macron veut une "nouvelle donne" pour l'Europe...

C'est une étrange vision de l'Europe qu'a développé hier Emmanuel Macron. Revenant sur sa proposition « 50/50 », qui propose 50 milliards d'euros d'économies budgétaires en France contre 50 milliards d'euros d'investissements publics en Allemagne, il a précisé : « chacun fait ce qu'il doit faire. » Et d'ajouter ce mardi dans un tweet :


Etrange « nouvelle donne européenne » qui sanctifie le « chacun pour soi » que l'Union européenne devait précisément mettre « hors la loi. » On n'a cessé de parler de coopération, de coordination. On n'a cessé de fustiger les « retours sur soi. » Pour finalement en arriver à ce petit bréviaire libéral : que chacun poursuive ses intérêts propres et l'Europe avancera. La somme des intérêts particuliers assurera donc le bonheur commun.

Incapacité française à peser en raison du déséquilibre des exigences

En réalité, cette « nouvelle donne » est une nouvelle usine Potemkine qui cache tant bien que mal l'incapacité de la France à peser sur l'Allemagne. Pourquoi ? Parce que les cadres institutionnels mis en place en 2011 et 2012 en Europe pèsent sur la France et sur son déficit, pas sur l'Allemagne. Parce que ce cadre ne prévoit de la solidarité qu'en cas extrême, celle d'une menace de faillite d'un Etat membre. Autrement dit, et c'est la faiblesse du « new deal » d'Emmanuel Macron : la France est sous la pression directe de la Commission pour « faire des réformes » et réduire ses dépenses publiques, tandis que l'Allemagne peut déterminer elle-même, combien, quand, pourquoi et pour qui elle entend relancer son économie. Elle peut aussi continuer de s'en tenir à son plan budgétaire qui, rappelons-le, a pour finalité de préparer le grand « tournant démographique » des années 2020, mais aussi de respecter la règle d'or allemande. Cette règle constitutionnelle est plus stricte que le pacte budgétaire et n'autorise en théorie qu'une mobilisation de 25 milliards d'euros, soit les 1 % de déficit d'écart entre le schéma budgétaire prévu et l'état prévu du budget allemand. Ce qui est certain, c'est que nul ne peut en Europe, en dehors du gouvernement allemand, établir ses priorités. Il existe donc un déséquilibre radical entre la capacité de définition des intérêts particuliers de la France et de l'Allemagne.

 La « nouvelle donne » : une solution pour la France ?

Reste ensuite à déterminer si cette « nouvelle donne » basée sur les égoïsmes nationaux peut réussir à relancer la croissance européenne. Les « réformes » et la « réduction des dépenses » aura un effet forcément négatif sur la croissance française et il faudra attendre assez longtemps (Goldman Sachs estime avec optimisme que l'impact positif des réformes prend au moins 5 ans à se manifester). Evidemment, l'idée est que, pour compenser cet effet négatif, les entreprises françaises profiteront de la relance allemande. Mais là encore, c'est à voir.
La France ne sera pas seule à prétendre aux marchés allemands. Il y aura aussi des entreprises allemandes et beaucoup d'autres. Le jeu à somme nulle d'Emmanuel Macron est donc une vue de l'esprit, un miroir aux alouettes de la communication. Sans compter que si le plan de relance allemand est concentré sur l'économie allemande uniquement, son effet risque d'être assez faible sur les autres économies. Le plan de relance de 2009 - 80 milliards d'euros - avait dopé la croissance allemande de 2010 (4 %), mais le reste de la zone euro, notamment l'Italie et la France n'en avait guère profité.

 Une course à la compétitivité ?

De plus, le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel a indiqué qu'il fallait relancer les investissements pour « améliorer la compétitivité de tous les pays. » Or, non seulement, c'est déjà l'esprit des institutions actuelles de la zone euro, mais c'est là aussi un jeu de dupes : si tout le monde augmente sa compétitivité en même temps, y compris les plus compétitifs, ces derniers sont assurés in fine de remporter la mise.
La somme des intérêts particuliers n'est alors pas la représentation de l'intérêt général. Bref, la « nouvelle donne » d'Emmanuel Macron apparaît davantage comme une opération séduction que comme une vraie vision de l'Europe.

Commentaires 28
à écrit le 22/10/2014 à 20:54
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M. Macron devrait savoir que l'UE existe. Et que des règles de vie partagée sont en jeu. Il faudrait qu'il sache que tout ne s'arrête ni aux frontières de l'hexagone, ni en 2017... Pourvu que ça dure !!!!

à écrit le 22/10/2014 à 12:13
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Macron fait rire tout le monde, Sapin et Valls aussi ; Il faut envoyer massivement des sauts et des pelles à sables pour que Macron Valls Sapin puissent enfin jouer aux chateaux de sable sur les plages de matignon et bercy.

à écrit le 22/10/2014 à 11:00
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Il faut sortir de ce M... l'Europe, l'Euro. Point barre !

à écrit le 22/10/2014 à 10:54
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Vas victis

à écrit le 22/10/2014 à 10:42
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Si c'est cela l'Europe, je ne regrette pas d'avoir voté contre chaque fois que j'en ai eu l'occasion ! En effet si l'on découvre que chacun doit faire ce qu'il croit bon pour son pays sans demander l'avis des autres parce que ce sera FORCEMENT bon p...

à écrit le 22/10/2014 à 8:51
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La solution concerne une réforme fiscale à niveau constant. Tout est dit dans la note n°6 du conseil d'analyse économique et les travaux de Coe-Rexecode sur la réforme fiscale.

à écrit le 22/10/2014 à 8:40
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Qu espere l auteur ? que le contribuable allemand va payer les rond points et les retraites des francais ? Vous imaginez l inverse ? Notre ministre annoncant qu il va utiliser les impots francais pour que les allemands puisse continuer leur gabegie ...

le 22/10/2014 à 8:55
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Oui, cette "rentabilité" dépend du point de prélèvement: il faut mieux taxer l'énergie que le travail, taxer la consommation que la production. Merci.

à écrit le 21/10/2014 à 21:40
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Le gadget se retrouve face à lui-même...

à écrit le 21/10/2014 à 20:50
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Tout ça de du travail de technocrate. 0 pointé le problème est d'une autre ampleur ça touche la France L'Allemagne et le Monde entier. Rien n'aboutira sans CINQ réformes déterminantes qui ne sont pas des régressions sociales ou du matraquage fiscal d...

le 22/10/2014 à 6:20
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@j'ai mieux etc. La jalousie est un vilain défaut.

le 22/10/2014 à 10:20
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que si les politicards accablent les salariés , les professions libérales, les petits patrons, et le matraquage est systématique, il en est de même pour les étudiants qui bientôt devront s'endetter lourdement à l'américaine, c’est à se demander si co...

à écrit le 21/10/2014 à 16:48
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on présente macron comme un "philosophe"..... moi, je ne vois aucune respiration philosophique dans ses actes et dans ses pensées........ hormi le sempiternel... "compétitivité"..... mais ça c'est un peu court....... que l'on soit très vigilant su...

à écrit le 21/10/2014 à 16:34
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Eh oui, comme disait mon prof de math: "Ce trimestre, tout le monde doit remonter au classement!"

à écrit le 21/10/2014 à 16:33
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les limites d´un discours souverainiste prôné et défendu becs et ongles par la France sont évidentes...Chacun pour soi et Gott mit uns !

à écrit le 21/10/2014 à 16:28
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Encore un "champion" français qui veut faire la leçon aux autres Européens. Arrêtons de lancer des idées irréalisables, en mettant en cause la crédibilité de la France, et en s'étonnant du " French bashing ".

à écrit le 21/10/2014 à 16:09
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On ne peut pas donner raison au journaliste qui a ecrit l'article qand il parle de l'égoisme des nations .On ne peut ecire que l'allemagne est egoiste quand elle refuse de cautionner les gaspillages de la France , trop d'elus e fonctionnaires de reg...

à écrit le 21/10/2014 à 16:02
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Cela s'appelle un divorce a l'amiable. Ils font ce qu'ils veulent et nous aussi simplement on se parle encore. Le realism de Macron ne me choque pas, et il est meme bon pour la france de comprendre que son avenir ne passé plus par l'Europe.

à écrit le 21/10/2014 à 16:00
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Souvenez-vous, sous le regard des Prussiens, les Versaillais écrasèrent la Commune de Paris. 70 ans plus tard les élites politiques et industrielles collaborèrent avec le régime nazi. Décidément, qu'elles soient de droite ou de gauche, les élites oli...

à écrit le 21/10/2014 à 15:22
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La vision d'une profonde vacuité d'Emmanuel MACRON est dans l'ordre des choses d'un immature imbu de lui même, digne d'une incompétence Vallsienne et d'un Hollandosarkochiracoraffarinonitude

le 21/10/2014 à 17:17
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Ca sent le commentaire écrit sans même avoir lu l'article.

à écrit le 21/10/2014 à 15:09
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Pas de soucis, le déficit de la France vient de passer de 4,3% à 4,1% grâce à la révision du mode de calcul du PIB. encore un peu de calculs et on arrivera à 3% et les allemands seront contents. Les chiffres magiques seront atteints.

à écrit le 21/10/2014 à 14:44
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Etre homme politique, c'est etre capable de dire à l'avance ce qui va arriver demain, la semaine prochaine, le mois prochain et l'année prochaine. Et d'être capable, après, d'expliquer pourquoi rien de tout cela ne s'est produit. A bon entendeur...

le 21/10/2014 à 21:06
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Excellent, bravo !

à écrit le 21/10/2014 à 14:32
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Rien de tel que l'Europe des nations pour les États collaborent, au lieu de se concurrencer sous la houlette de Bruxelles!

le 21/10/2014 à 14:46
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L'Europe des Nations, nous l'avons sous les yeux : chacun pour soi. L'Europe deviendra fédérale ou disparaitra.

le 21/10/2014 à 15:09
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L’Europe des Nations n'a pas besoin de Bruxelles, ni d'un hymne, ni d'un drapeau, ni d'une monnaie commune...Par contre l’Europe Fédérale, oui et cela se présente très mal!

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