Pays-Bas : l'austérité met à mal la coalition gouvernementale

Trois sénateurs travaillistes néerlandais ont rejeté un projet de loi sur la santé du gouvernement. La coalition regroupant libéraux et Travaillistes est en danger.
Les Pays-Bas sont au bord de la crise gouvernementale
Les Pays-Bas sont au bord de la crise gouvernementale (Crédits : DR)

Le gouvernement néerlandais pourrait bien entrer en crise. Mardi 18 décembre, la réforme de la santé de la coalition libérale-travailliste a échoué devant la Première chambre des Etats-Généraux, l'équivalent du Sénat, par 38 voix contre 33. Si le texte a échoué, c'est que trois sénateurs du parti travailliste, le PvdA, ont décidé de briser la solidarité de la coalition et de voter contre le texte.

Un projet de loi controversé

Ce projet de loi, présenté par la ministre de la santé libérale Edith Schippers, prévoit de donner plus de pouvoir aux assurances santé pour pouvoir réduire le choix des patients concernant le choix des lieux de traitement des patients. Aujourd'hui, la loi oblige les assureurs à payer 75 % de la facture d'un patient si ce dernier a choisi une société médicale qui n'est pas en contrat avec son assureur. Edith Schippers proposait de contraindre les patients à adopter des prescripteurs choisis par l'assureur. Elle considérait que la concurrence entre assureurs et entre établissements en serait renforcé et les prix abaissés. Elle espérait pouvoir économiser un milliards d'euros par an. Mais les organisations de médecins et de patients étaient vigoureusement opposées à ce projet de loi, considérant que le choix était un élément essentiel de la tradition néerlandaise en matière de santé.

Les Travaillistes divisés

Au PvdA, de plus en plus de voix s'élève contre la politique d'austérité très sévère menée depuis deux ans par la coalition. Il est vrai que les Travaillistes ont payé le prix fort sur le plan électoral de leur collaboration à cette politique. En septembre 2012, le PvdA avait obtenu 24,8 % des voix lors des élections générales. En mai 2014, il avait rassemblé 9,4 % des voix lors des élections européennes. Il était entretemps passé de la deuxième à la sixième place. Devant cette hémorragie, bien des Travaillistes s'interrogent sur leur participation au gouvernement.

 La majorité du PvdA demeure cependant fermement attaché à cette participation, ne serait-ce que parce que l'éclatement de cette « grande coalition » néerlandaise conduirait à des élections anticipées qui pourraient se muer en désastre pour le parti. Le leader du parti, Diederik Samson a mené des discussions toute la journée de mercredi avec le groupe travailliste du sénat. L'affaire est sérieuse, car la coalition ne dispose pas de majorité au sénat, elle dépend déjà de la bonne volonté de certains partis d'opposition, comme les Chrétiens-démocrates. Sans les trois sièges travaillistes dissidents, le gouvernement ne pourrait quasiment plus disposer de majorité à la première chambre, ce qui rendrait son travail impossible.

Risque déflationniste

L'économie néerlandaise a déçu au troisième trimestre avec une croissance de 0,2 %, inférieure à celle de la France (0,3 %), soit moins qu'anticipé par les économistes. Les mesures d'austérité continuent de comprimer la demande intérieure et notamment la consommation qui a été pratiquement à l'arrêt (+0,1 %), tandis que les exportations ralentissaient. La politique de gouvernement du premier ministre Mark Rutte n'a pas réellement permis de dynamiser l'économie néerlandaise. Certes, le taux de chômage a reculé de 7 % à 6,5 % en un an, mais le pays est, comme le reste de la zone euro, menacé par la déflation. En novembre, le taux d'inflation annuel a été de 0,3 %, mais sur un mois, les prix ont reculé de 0,7 % ! Et les projets du gouvernement n'aident pas à sortir de ce danger.

Pays difficilement gouvernable

En cas d'élections anticipées, le royaume doit s'attendre à de nouvelles secousses. Le paysage politique néerlandais est très instable et très éclaté. Les partis traditionnels (CDA chrétienne-démocrate, VVD libérale et PvdA) peinent désormais à dépasser les 15 %. De nouvelles forces émergent, comme les libéraux de gauche de D66, le Parti socialiste à la gauche du PvdA ou les xénophobes du PVV, mais, eux aussi peinent à percer suffisamment. Le pays risque donc de devenir difficilement gouvernable.

Commentaires 5
à écrit le 19/12/2014 à 1:48
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Ce n'est pas la bonne volonté des Chrétiens-Démocrates du CDA qui permettent de faire passer des lois au sénat, mais le Parti Chrétien tout court, le ChristenUnie, tout comme D66 et le SGP (Parti Réformé).

à écrit le 18/12/2014 à 14:13
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Le pays gouvernait un immense trading dont les clients étaient les autres pays dont la France et l'Allemagne. Cette posture commerçante était alimentée par le pétrole car le pays est un producteur de pétrole. Or les clients voient leurs économies ral...

à écrit le 18/12/2014 à 8:49
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La porte ouverte aux poussées extremistes déjà bien présentes aux Pays-Bas ... la tolérance a trouvé ses limites.

à écrit le 18/12/2014 à 8:49
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La porte ouverte aux poussées extremistes déjà bien présentes aux Pays-Bas ... la tolérance a trouvé ses limites.

à écrit le 17/12/2014 à 22:29
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Cet incident marque un tournant. Jusqu'a present les hollandaise etaient dans la ligne de l'allemagne, ne serait que pour eviter d'atirer l'attention. Aujourd'hui, cette position vacille et la remise en cause de la coalition inevitable, sauf a ce que...

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