Recherche et développement : qui sont les pays leaders en Europe ?

L'Allemagne et la France sont les deux pays qui dépensent le plus en recherche et développement selon l'Insee. L'écart entre les deux pays est conséquent. En pourcentage du PIB, la France s'éloigne dans le classement.
Fabien Piliu
La France pourrait-elle dépenser plus en R&D ?

Selon l'édition 2015 des " Tableaux de l'économie française " publié par l'Insee, l'Allemagne, puis la France sont les deux pays dont l'effort en matière de recherche et développement sont les plus élevés en Europe. En 2012, dernier chiffre connu, la dépense intérieure de recherche et développement des entreprises (DIRDE) s'est élevée à 46,5 milliards d'euros en France. Cette dépense cumule les efforts des entreprises et des administrations. Elle a progressé de 3,2% par rapport à 2011, grâce aux efforts supplémentaires des entreprises (+4,2%).

En revanche, déjà marquée par les consignes d'austérité, les dépenses de l'administration dans ce domaine n'ont pas vraiment accéléré (+1,3%).

" Cette stabilité recouvre cependant des situations contrastées ; la DIRD est en progression pour les universités, elle augmente à peine pour les établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) et se replie pour les établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) ", note l'Insee.

Si l'on ajoute le financement des travaux de recherche réalisés en France ou à l'étranger, la DIRDE devenue Dépense nationale de R&D (DNRD) a atteint 48,4 milliards d'euros, en hausse de 2 milliards d'euros supplémentaire.

Premier point encourageant, la DIRDE tricolore ne cesse de progresser malgré les soubresauts de la conjoncture. Elle s'élevait à 27,3 milliards d'euros en 1995, à 30,9 milliards d'euros en 2000, à 36,2 milliards d'euros en 2005 et à 43,5 milliards d'euros en 2010

Autre point intéressant, la part des entreprises ne cesse d'augmenter, progressivement. Elle est passée de 61% de la DIRDE en 1995 à 64,6% en 2012.

Comment se répartissent les dépenses des entreprises ? Les dépenses de recherche du secteur privé sont très concentrées dans quelques branches de recherche, qui représentent 80 % de la DIRDE. L'Institut cite l'industrie automobile qui avec 15 % du montant de la DIRDE est la première branche de recherche, la construction aéronautique et spatiale ainsi que l'industrie pharmaceutique qui totalisent ensemble 36 % des dépenses.

L'Etat s'est saisi du dossier

Cette augmentation des dépenses en R&D s'explique par le développement croissant de la mondialisation depuis le début des années 90 qui s'est accompagnée par une montée en puissance des pays émergents. Affichant une compétitivité-prix largement supérieure à celle des pays industrialisés, et notamment de la France, ces nouveaux acteurs ont poussé les entreprises occidentales à relever en gamme leur production. Pour les soutenir dans ces efforts de R&D et de modernisation de leur appareil de production, les gouvernements ont multiplié les outils et les dispositifs de soutien. En France, les pôles de compétitivité et le statut de Jeune entreprise innovante sont apparus en 2005. Fruit de la fusion de l'ANVAR et de l'Agence de l'innovation industrielle (AII), OSEO est également née en 2005. Créée en 1983, le crédit impôt recherche (CIR) a été simplifié et multiplié par trois en 2007. Entres autres mesures.

Toutefois, en dépit de tous ces efforts, la France reste largement distancée par l'Allemagne dont la DIRDE s'est élevée à 79,1 milliards en 2012. Viennent ensuite le Royaume-Uni, avec 33,3 milliards d'euros de DIRDE, l'Italie (20,5 milliards d'euros) et l'Espagne (13,3 milliards d'euros). En nombre de chercheurs, la France est également derrière son puissant voisin. L'Insee recense 259.066 chercheurs en France et 352.419 en Allemagne.

En termes relatifs, l'écart est également important. En France, la DIRDE représente 2,2% du PIB - comme la Belgique et l'Estonie - et 2,9% en Allemagne. La moyenne européenne s'élève à 2%. Si l'on retient ce critère, la France est largement distancée.

En effet, la Slovénie consacre 2,6% de son PIB à la R&D. Ce pourcentage grimpe à 2,8% en Autriche, à 3% au Danemark, à 3,3% en Suède et à 3,4% en Finlande.

Les entreprises françaises sont plus petites que leurs concurrentes allemandes

Comment expliquer cette différence avec l'Allemagne ? Dans son rapport intitulé "Le financement de la recherche publique, un enjeu national" publié en juin 2013, la Cour des comptes explique :

" Si le niveau de R&D des administrations en France paraît comparable à ceux d'autres pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), le ratio de R&D des entreprises en France est inférieur à la moyenne de l'OCDE. La comparaison avec l'Allemagne montre que les différences de structure économique et, en particulier, la taille du secteur industriel, expliquent pour une large part cet écart "

En France, l'Insee précise que les entreprises de plus de 500 salariés réalisent 68% de la DIRDE. En Allemagne, les grandes entreprises sont également les plus dépensières.

" Les dépenses de recherche font apparaître de fortes différences selon la taille des entreprises menant des travaux de recherche. Ainsi, les entreprises de moins de 1.000 salariés ont investi autant dans la recherche dans les deux pays (environ 10 milliards d'euros), alors que les entreprises de 1.000 à 5.000 salariés ont investi 5,9 milliards d'euros en France, contre près de 10 milliards d'euros en Allemagne et celles de plus de 5.000 salariés ont investi 10,3 milliards d'euros en France, contre 25,4 milliards d'euros en Allemagne."

La différence s'explique par la structure du tissu économique. La France compte environ 4.800 entreprises de taille intermédiaire (ETI) de plus 250 salariés quand le Mittelstand allemand en possède environ 12.000. Par ailleurs, si le nombre d'entreprises est à peu près égal - un peu moins de 3,6 millions en France, un peu plus en Allemagne - 94,3% des entreprises tricolores ont moins de 10 salariés, contre 80,3% en Allemagne. Cette différence de taille est visible quelque soit la taille des entreprises, comme en témoigne les données compilées par Natixis.

Taille des entreprises

Concrètement, les TPE et les PME font peu de R&D, faute de moyens financiers suffisants. Ou de projets. Ce constat apporte un peu d'eau au moulin de ceux qui souhaitent un recentrage des soutiens publics, et notamment du CIR, vers les PME. Son coût pour les finances publiques a explosé, passant de 1,8 milliard d'euros en 2008 à 5,340 milliards d'euros selon le projet de loi de finances 2015.

La Cour des comptes s'est penchée sur le sujet

Dans ce contexte, et compte tenu de l'impérative nécessité pour le made in France de monter en gamme, avec le soutien de l'Etat, la France peut-elle faire davantage, sinon mieux ? La réduction prévue des dépenses publiques autorise-t-elle une augmentation de la DIRDE ?

Après avoir insisté sur les insuffisances de la recherche privée, les sages de la rue Cambon constataient dans leur rapport que la participation des équipes françaises aux appels à projet européens connaissait "un recul préoccupant". Selon ce rapport, la France a contribué à hauteur de 6 milliards d'euros à cette politique entre 2007 et 2012 et a remporté des projets de recherche pour un montant de 3,42 milliards d'euros seulement.

" Par ailleurs, malgré des ressources accrues, les universités et organismes de recherche disposent paradoxalement de marges de manœuvre en réduction. Enfin, en termes de valorisation de la recherche, les performances scientifiques de la France apparaissent meilleures que leurs retombées économiques ", explique la Cour, qui formulait alors cinq axes de recommandations : mieux retracer, fiabiliser et programmer le financement public, poursuivre le développement du financement sur projets, se remobiliser pour obtenir plus de crédits européens, améliorer la gestion des établissements et renforcer les retombées économiques.

Fabien Piliu
Commentaires 5
à écrit le 26/02/2015 à 8:30
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Non. Vous vous trompez complètement. Et c'est pour cela que l'on en est là. Je dirais que la France se comporte en Recherche comme elle s'est comportée lors de la défaite de 1940. Vous disposiez de moyens supérieurs. Chasseur Dewoitine 520 . Char S...

le 26/02/2015 à 9:10
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nous disposons toujours de moyens supérieurs : d'ou domination du classement Deloitte Fast 500 EMEA et Paris classée N°1 des métropoles mondiales par PWC en capital intell./innovation. et l'industrie semble vouloir rebondir.

le 26/02/2015 à 9:51
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Thanxx , Effix , ouf ;-) Je traduis : PWX Price Waterhouse Cooper. Oui , l'Industrie Française va rebondir... ;-)

à écrit le 25/02/2015 à 18:20
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le pb c'est pas de depenser, le pb c'est d'etre efficace! la france depense plus que tout le monde pour l'education nationale, et arrive a etre classee 26 eme au pisa, avec des gosses au bac qui ne savent pas lire ni ecrire ni compter ( pour rappel,...

à écrit le 25/02/2015 à 11:01
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L'important n'est pas de dépenser des fortunes en R&D mais de s'assurer que cette R&D trouve des relais dans l'industrie.

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