Sarkozy menace les "casseurs"

Le chef de l'Etat hausse le ton face aux "casseurs" qui ont fait leur apparition dans les manifestations contre la réforme des retraites. Il s'en prend aussi à ceux qui prennent "en otage" l'économie et la vie quotidienne des Français après six semaines de conflit social.

La contre-offensive de l'exécutif se poursuit et Nicolas Sarkozy est en première ligne, car la réforme des retraites est devenue l'emblème de sa présidence. Ce qui est en train de se jouer en ce moment n'est rien de moins que la capacité du chef de l'Etat à entamer en position consolidée la dernière phase de son quinquennat, avant une nouvelle campagne présidentielle en 2012.

Jeudi, Nicolas Sarkozy s'est rendu à Bonneval, un bourg tranquille d'Eure-et-Loir, pas très loin de Chartres. Dans cette France rurale, le chef de l'Etat s'en est pris avec force aux "casseurs" qui ont envahi depuis quelques jours les manifestations contre la réforme des retraites, notamment à Lyon, où des incidents ont même émaillé mercredi une visite du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux. "Ce ne sont pas les casseurs qui auront le dernier mot dans une démocratie, dans une République", a martelé le chef de l'Etat. "Ce n'est pas acceptable, ils seront arrêtés, retrouvés et punis". Côté syndical, on souligne que ces phénomènes restent marginaux dans des défilés qui rassemblent plusieurs centaines de milliers de personnes.

Nicolas Sarkozy, qui sait sa réforme impopulaire, alors que lui-même est au plus bas dans les sondages, essaie d'inverser cette tendance en essayant de désolidariser la population des grévistes. "On n'a pas le droit de prendre en otage des gens qui n'y sont pour rien. En prenant en otage l'économie, les entreprises et la vie quotidienne des Français, on va détruire des emplois. L'entreprise qui n'aura plus de fioul, qui n'aura plus de bitume alors qu'elle travaille dans les travaux publics, qui ne pourra plus avoir ses livraisons, elle va fermer. Et c'est encore une fois les petits qui vont trinquer pour les autres !" a lancé le chef de l'Etat. "On ne peut pas être le seul pays au monde où, quand il y a une réforme, une minorité veut bloquer les autres".

Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois défendu sa réforme en s'adressant aux jeunes, qui manifestaient une nouvelle fois jeudi dans toute la France. "Je ne serai pas celui qui laissera aux jeunes la dette accumulée de ma génération, qui n'aurait pas eu le courage de dire la vérité et de faire les réformes dont on a besoin", a-t-il dit.

Le débat parlementaire se poursuit au Sénat. Le gouvernement a demandé au président de la haute assemblée, Gérard Larcher, d'accélérer les débats. Il pourrait même demander le recours à la procédure du "vote bloqué" qui prévoit que, "si le gouvernement le demande, l'assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le gouvernement". Mais, selon des sources parlementaires, les sénateurs socialistes estiment avoir fait leur travail en multipliant amendements et incidents de séance et n'entendent pas jouer les prolongations outre-mesure. Le vote pourrait donc intervenir vendredi et une commission mixte paritaire Assemblée-Sénat sera convoquée - vraisemblablement lundi prochain - pour mettre au point le texte qui sera soumis aux députés et aux sénateurs pour un vote définitif mardi ou mercredi prochain.

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