L'Elysée a-t-il eu accès au dossier d'instruction de l'enquête Karachi ?

Dans son communiqué niant toute implication de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Karachi, l'Elysée fait allusion au dossier d'instruction de l'enquête visant deux de ses proches : Nicolas Bazire et Thierry Gaubert. Ce dernier a aussi eu par téléphone des informations, alors confidentielles, de la part de Brice Hortefeux. L'ancien ministre dément avoir eu accès aux dossiers.
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L'Elysée aurait-il eu accès au dossier d'instruction de Nicolas Bazire et Thierry Gaubert? Ces deux proches de Nicolas Sarkozy ont été mis examen, soupçonnés d'avoir participé au financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 via des ventes d'armes au Pakistan.

Directeur de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon, Nicolas Bazire était  l'alter ego de Nicolas Sarkozy dans l'animation de la campagne présidentielle du Premier ministre Edouard Balladur et est resté depuis son intime, il a même été témoin de son mariage avec Carla Bruni en février 2008. Thierry Gaubert, de son côté, a été un proche collaborateur de l'ancien ministre du Budget dans ses premières années en politique, participant à sa conquête de la mairie de Neuilly en 1983 puis travaillant comme conseiller à Bercy à partir de 1993.

La présidence de la République a démenti toute implication dans cette affaire. L'Elysée affirme dans un communiqué publié jeudi que Nicolas Sarkozy "n'a jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de (cette) campagne". Le document affirme aussi que "s'agissant de l'affaire dite de ' Karachi', le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier. Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier." Cela pourrait laisser penser que les services du présidents de la République a eu accès aux documents de l'instruction, ce qui contrevient en principe au secret qui doit être attaché à l'enquête.

Brice Hortefeux soupçonné à son tour

Par ailleurs, Brice Hortefeux, l'ancien ministre de l'Intérieur dement avoir eu accès à des informations sur la procédure en cours. Le 14 septembre, il avait prévenu Thierry Gaubert des révélations faites par la femme de ce dernier au juge. Une transcription de leur conversation téléphonique publiée par "Le Monde" ce vendredi le laisse penser.

Ces éléments pourraient relever, là encore, du secret de l'instruction. Toutefois, l'ancien ministre a précisé avoir eu vent de "rumeurs journalistiques" qu'il aurait répété à son ami.

Brice Hortefeux a aussi confirmé avoir téléphoné à Thierry Gaubert alors que celui-ci était en garde à vue le 20 septembre. Toutefois, il précise qu'il ignorait alors dans quelle situation se trouvait son interlocuteur. "C'est la preuve que je n'ai jamais eu accès à aucun élément du dossier" de l'enquête menée par Renaud Van Ruymbeke "puisque je n'étais pas au courant" a-t-il affirmé.

Me Olivier Morice, l'avocat des familles de victimes de l'attentat de Karachi a demandé l'ouverture d'une enquête préliminaire concernant ces conversations téléphoniques. En 2002, onze français avaient été tués dans un bus au Pakistan. Selon une hypothèse non confirmée, il s'agirait de représailles après la fin de contrats d'armement décidé par Jacques Chirac. Ce sont ces contrats qui sont soupçonnés d'avoir fait l'objet de rétrocommissions.

 

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