Le Plan passe au crible l'action de l'Etat auprès des entreprises et des régions

Un nouveau regard sur l'intervention de l'Etat: présenté mardi dernier, le rapport Astypalea dresse un bilan des principes qui fondent et régissent l'intervention de l'État en faveur des entreprises depuis plus de deux décennies. Selon ses auteurs, le "déficit entrepreneurial n'a plus la réalité qu'on lui prête. En effet, la France connaît un déficit d'employeurs, pas de créateurs; la question du développement des entreprises existantes et de l'émergence de challengers, aux côtés des grands groupes plutôt destructeurs d'emplois, est désormais prioritaire". De plus, les experts estiment que les entreprises ne souffrent plus d'un manque de capital ou d'un déficit chronique de financement par fonds propres et que le défi se situe bien plus du côté de la rentabilité du capital que du côté de l'orientation de l'épargne. Ainsi, au lieu de promouvoir l'épargne, le rapport suggère plutôt de mettre en avant la notion de "financement tout au long de la vie de l'entreprise".Enfin, à côté des enjeux technologiques, la politique publique doit aborder une dimension tout aussi essentielle, celle de l'organisation, indissociable de la taille et des fonctions à renforcer au sein des entreprises au fur et à mesure de leur croissance.Une fois ce bilan dressé, le rapport se rallie au point de vue largement admis selon lequel la complexité, le manque de transparence et l'instabilité des dispositifs publics en faveur du soutien aux entreprises nuisent à leur efficacité. Selon les auteurs de ce rapport, il existe "un certain nombre de défauts et de lacunes dans les dispositifs actuels". Parmi lesquels: la prolifération de mesures d'ordre symbolique, qui accroissent le coût d'accès à l'information et freinent les démarches que les créateurs d'entreprise doivent accomplir pour faire aboutir leurs projets; l'absence d'évaluation du coût budgétaire pour les deux tiers des mesures adoptées, qui jette un sérieux doute à la fois sur leur utilisation et sur leur utilité; la sous-estimation des besoins de formation et d'un accompagnement personnalisé des porteurs de projets nouveaux.DélocalisationsLe second rapport présenté par le Commissariat général au Plan porte indirectement sur les phénomènes de délocalisation, notamment sur les évolutions possibles des économies régionales sous l'effet de bouleversements considérables des conditions de production et d'échange. Le rapport Perroux part du constat suivant: simultanément, des établissements se délocalisent pour se rapprocher de marchés dynamiques ou pour profiter de bas coûts de production, et dans le même temps, des populations se déplacent pour suivre leur emploi ou pour bénéficier d'un cadre de vie agréable. L'ensemble de ces décisions individuelles transforment en profondeur le tissu économique et social des régions françaises et européennes avec un résultat plus ou moins marqué selon les régions.L'objectif de ce rapport est de poser la réflexion sur l'action publique pour accompagner, orienter et réguler ces transformations et différenciations régionales. Les défis pour l'Etat sont importants dans la mesure où il existe, à côté des grandes agglomérations dont le poids dans l'Union européenne et dans la mondialisation se renforce, des bassins d'emploi plus vulnérables dans l'avenir proche.L'enjeu est d'autant plus important que l'on se situe dans un contexte de vieillissement de la population et d'une faible mobilité de certaines catégories de travailleurs, impliquant un risque de pénurie de main-d'oeuvre dans les régions dynamiques et d'un accroissement du chômage dans les bassins d'emploi vulnérables.Une analyse partagée par le ministre de l'Economie et des Finances, Thierry Breton, qui a présenté ce mardi également plusieurs mesures pour accroître la mobilité géographique des demandeurs d'emplois. Les experts livrent ensuite leurs prévisions, dont l'horizon est fixé à 2015, permettant de construire un scénario "au fil de l'eau" qui accentue les figures actuelles des inégalités territoriales et la polarisation des activités. A partir de ce scénario, ils détaillent trois options stratégiques pouvant être adoptées par le gouvernement pour élaborer une politique d'action régionale à la fois réaliste et volontariste.La première stratégie, dite "Métropolaire" consiste à accompagner le processus de polarisation des activités, la seconde à communautariser au niveau européen une politique efficace d'innovation et de compétitivité avec une politique régionale ciblée et renforcée. La troisième stratégie, baptisée "dynamique résidentielle" choisit volontairement de s'abstraire des contraintes d'efficacité de court terme qu'exige la polarisation des activités pour privilégier une politique de long terme de localisation des ménages dans des territoires résidentiels arrimée à un objectif de développement durable des territoires."Ces orientations stratégiques ne sont pas exclusives l'une de l'autre. Il existe des opportunités pour combiner ces trois types de stratégies selon les spécificités des régions, le temps de l'action, et le volontarisme politique dans le cadre national comme dans le cadre européen", précise le rapport. Autant de pistes pour Thierry Breton et ses ministres délégués. Les deux mois de vacances ne seront pas de trop pour préparer l'avenir, qui "commence en 2006", comme l'a précisé le ministre de l'Economie au cours de sa conférence de presse.
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