Le piratage de logiciels a bon dos

Le constat est sidérant. Selon une étude publiée par IDC et le BSA (Business Software Alliance, une association internationale d'éditeurs de logiciels), une baisse de 10 points du piratage de logiciels dans le monde (à 35% contre 45% actuellement) permettrait de créer 2,4 millions d'emplois, dans les quatre prochaines années, rapporterait 67 milliards de dollars de taxes fiscales et contribuerait à hauteur de 400 milliards de dollars à la croissance économique mondiale. Pour la France, les chiffres sont également significatifs puisque, toujours selon l'étude, ce sont 30.000 nouveaux emplois qui pourraient être créés, 13,7 milliards d'euros injectés dans l'économie française et 4,5 milliards d'euros récupérés par l'Etat en recettes fiscales. A tous ces chiffres s'en ajoutent d'autres sur l'apport que cette baisse pourrait avoir sur la croissance de l'industrie du logiciel et sur son impact positif sur l'économie des pays émergents (notamment la Chine et la Russie). Il faut admirer ici la précision de ces chiffres et les conclusions émises par les experts sur un phénomène qui reste encore difficilement quantifiable. De même, on soulignera le changement de style du BSA. Pendant longtemps en effet, cet organisme s'est caractérisé par la violence de ses propos et ses attaques systématiques contre les entreprises. Le rapport publié hier est plus subtil, même si au final le résultat est similaire. On préfère mettre en avant les gains qu'apporterait une baisse du piratage plutôt que les coûts qu'engendre ce fléau.Mais quelle qu'en soit la forme, le problème de fond demeure: à qui la faute? Aux seules entreprises et particuliers? Ou bien à tout l'écosystème, éditeurs compris, qui ont également leur part de responsabilité? Soyons clair: il n'est pas question ici de défendre le piratage qui, surtout provenant des entreprises voire même des gouvernements, est une pratique répréhensible. Les éditeurs investissent lourdement pour mettre au point leurs logiciels et il est normal qu'ils soient rétribués en retour pour leurs efforts. Mais par leur politique tarifaire excessive, leur situation monopolistique pour certains et leur absence de concertation pour d'autres, les professionnels ont créé leurs propres anticorps. Quant on fait 80 à 90% de marge sur un produit, comment réclamer des tarifs élevés de licences auprès de PME indiennes, chiliennes ou mêmes françaises qui peinent déjà à payer leurs outils de production? Et s'étonner que ces mêmes clients piratent ou, mieux se tournent, vers le logiciel libre? Les éditeurs doivent comprendre que la solution, s'il y en a une, ne viendra pas que des entreprises et des gouvernements mais aussi d'une réflexion sur leur modèle économique.
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