Au point où j'en suis... Peut-être Jérôme Kerviel, ancien trader à la Société Générale, s'est-il dit cela, deux jours avant que la banque ne se découvre victime d'une fraude de 4,9 milliards d'euros, occasionnée d'après elle par son salarié. Le journal Le Monde daté de samedi révèle en effet que le jeune financier avait acheté plus de 11 milliards d'euros de contrats à terme, au cours des seules journées des 17 et 18 janvier. Dans le détail, le trader aurait misé 8,15 milliards d'euros le jeudi 17 janvier, et 3,09 milliards le lendemain. Des transactions astronomiques, réalisées sur des dérivés de l'indice européen Eurostoxx et de l'indice allemand DAX.

Cette information du Monde a été confirmée à l'agence Reuters par maître Jean Veil, avocat de la Société Générale. "Cela montre que Jérôme Kerviel était fou ou bien qu'il voulait détruire la banque", décrypte Me Veil. Les opérations des 17 et 18 janvier ont été mises en lumière par la Générale, afin de dédouaner cette dernière de son laxisme dans le contrôle des opérations de ses traders, riposte Christophe Reille, consultant en communication et porte-parole de Jérôme Kerviel. Un laxisme pointé du doigt le 10 avril par deux employés du gendarme du marché des produits dérivés Eurex, filiale des Bourses allemande et suisse. Les deux hommes ont indiqué à la police avoir alerté en vain la Générale sur les engagements risqués de Jérôme Kerviel.

Sorti de prison le 18 mars après 38 jours de détention, ce dernier, mis en examen pour "faux, abus de confiance" et intrusion informatique, a retrouvé du travail début avril, à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine. Au sein d'une société de conseil en informatique...