Un immeuble vert à Hyderabad

Francis Pisani est chroniqueur indépendant, auteur, expert international en innovation, conférencier. Son site : francispisani.net.
Francis Pisani
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Quatrième ville de l'Inde par le nombre d'habitants, Hyderabad ressemble à toutes ces villes du sud qui attirent beaucoup de monde très vite et dans laquelle on survit au rythme chaotique d'une circulation étouffante dominée par les pétarades des cyclo-pousses à moteurs. Pour l'étranger qui débarque tout effort pour la « verdir » semble une cause perdue. Heureusement, tout le monde n'est pas d'accord. C'est ainsi qu'a été construit un immeuble vert pour héberger le siège local de la Confédération des Industries Indiennes.

Une construction pour une agglomération qui frôle les 9 millions d'habitants. Cela peut paraître ridicule. Pas sûr.

Oasis au milieu du désert urbain

Isolé au bord de Hitec City, un quartier en pleine croissance, le Sohrabji Godrej Green Business Centre fait figure d'oasis au milieu du désert urbain.

Une partie des toits est couverte de pelouses qui isolent les étages du dessous et réduisent les besoins en air conditionné. Le reste est surmonté de panneaux solaires qui fournissent 20% de l'énergie totale dont l'immeuble a besoin. Deux tours captent l'air matinal qui est ensuite rafraîchi avec des dispersions d'eau avant d'être réinjecté dans le système. « Les bureaux sont orientés de façon à bénéficier au maximum de la lumière du jour, » m'a expliqué Harshita Soni en me faisant visiter l'ensemble.

Tous les liquides sont recyclés

Aucune eau ne sort du building. Tous les liquides sont recyclés dans l'entretien du jardin. L'ensemble dispose de citernes pour recueillir la pluie. Les plantes ont été choisies parce qu'elles poussent naturellement sur ce genre de sol et pour leur faible consommation en eau. La plupart des matériaux utilisés proviennent de la région (dans un rayon de 400 km). Une bonne partie provient de produits de recyclages.

Selon Anand Muthukrishnan, Conseiller Principal du centre et du Indian Green Building Council : « La construction a deux bénéfices tangibles : nous consommons 40% d'eau fraiche et 25% d'électricité de moins que les constructions ordinaires. » Les TIC fonctionnent « comme le tableau de bord d'une voiture et nous fournissent en temps réel les données permettant de mieux gérer la consommation. »

Inauguré en 2004, le site avait pour ambition de servir de modèle au pays et, pour cela, il a, selon les propos de Muthukrishnan, « indigénisé » certaines recommandations du LEED, or Leadership in Energy & Environmental Design. Une initiative du U.S. Green Building Council pour encourager le développement des constructions vertes qui fait figure de référence dans de nombreux pays.

Ventilation transversale naturelle

LEED-India fournit aux propriétaires, architectes et développeurs du pays « les outils dont ils ont besoin pour concevoir, construire et gérer des immeubles verts » en tenant compte des conditions locales. Certaines des technologies utilisées à Hyderabad viennent d'ailleurs - comme les plateaux en nid d'abeille pour retenir l'herbe sur les toits et réduire la chaleur des étages supérieurs -, mais d'autres, comme la ventilation transversale naturelle, est courante dans le pays.

Cette initiative publique-privée (l'État d'Andra Pradesh, dont Hyderabad est la capitale, y a participé) est un des projets d'excellence de la CII qui avait, en le lançant, décidé de promouvoir les constructions vertes au niveau des immeubles, puis des usines et ensuite des quartiers et des villes. Mais pour cela, « la meilleure façon était de donner l'exemple », m'a expliqué Muthukrishnan.

Le centre est manifestement une réalisation superbe. Mais en quoi cela peut-il contribuer à « verdir » les villes du sous-continent ? Sourire d'Anand : « Quand on leur parle de quelque chose qu'ils ne connaissent pas, les Indiens demandent qu'on leur montre comment ça marche. C'est pour ça que nous avons construit cet immeuble car nous étions convaincus qu'en le voyant fonctionner d'autres suivraient. De fait plus de 2400 projets ont été lancés dans le pays en appliquant les mêmes règles. »

Il s'agit en fait d'une approche par le petit. Les micro-projets peuvent avoir - surtout en temps de vaches urbaines maigres - un impact plus positif que les grandes réalisations. Ça mérite réflexion. J'y reviendrai. 

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Commentaires 2
à écrit le 05/05/2014 à 14:04
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Hohoho, sans commentaires !

à écrit le 05/05/2014 à 9:38
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J'ai trouvé sur le net la température qu'il fait à Hyderabad (on comprend l'intérêt de la ventilation transversale, moins celui de l'exposition de l'immeuble à la lumière du soleil) mais pas de photos de l'immeuble. Y a-t-il un lien vers le projet ?

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