Manifestation monstre contre l'austérité en Grande-Bretagne

Sans doute 400.000 personnes - peut-être un demi-million - défilaient dans la rue ce samedi. Un avertissement politique pour David Cameron.
La plus grande manifestation depuis celle contre la guerre en Irak

"Non aux coupes." "Cameron, le boucher de la Grande-Bretagne." "Osborne (chancelier de l'Echiquier), le seul déficit est entre tes deux oreilles."

Avec ces slogans simples et clairs, entre 400.000 et 500.000 personnes sont descendues dans la rue ce samedi. Ils protestaient contre les coupes budgétaires historiques qui entrent en vigueur dans les semaines qui viennent. Dans une ambiance familiale et bon enfant, ils ont défilé de Westminster à Hyde Park, pour ce qui est la plus importante manifestation depuis celle contre la guerre en Irak en 2003 (qui était elle-même l'une des plus importantes depuis la Seconde guerre mondiale).

"Le gouvernement fait croire que ces coupes budgétaires sont inévitables, mais c'est un écran de fumée pour cacher leur idéologie", s'agace Sigrid Holeward, un artiste présente dans le défilé. Lizzie Hone, une enseignante dans un quartier pauvre du sud de Londres, estime quant à elle que l'austérité touche ses élèves à tous les niveaux. "L'allocation pour élèves pauvres (35 euros par semaine pour le transport et la cantine) est supprimée le mois prochain, les frais universitaires ont triplé, et les parents de mes élèves sont également touchés."

Après avoir longtemps hésité, craignant de perdre la bataille de l'opinion publique, les syndicats britanniques -rejoints sur le tard par l'opposition travailliste- ont finalement décidé de descendre dans la rue. Ni eux, ni presque personne dans la manifestation, ne pense un seul instant que le gouvernement de David Cameron va reculer. Mais le simple fait qu'ils aient réussi à largement mobiliser est un avertissement pour son gouvernement. Tous les sondages le montrent: les Britanniques continuent à croire en majorité que les coupes sont "inévitables", mais une majorité pense aussi qu'elles sont trop rapides et brutales. Par rapport à juin dernier, quand l'ampleur de l'austérité avait été présentée pour la première fois, c'est un changement de l'opinion.

Certes, David Cameron peut se rassurer en se disant que les manifestants était essentiellement les employés du secteur public, qui sont les plus touchés par les coupes (plus de 300000 emplois publics doivent être supprimés dans les quatre années à venir). Dans le défilé, il était très difficile de trouver quelqu'un travaillant dans le secteur privé. Ceux présents étaient des enseignants, des médecins, des employés de mairie, des salariés d'associations caritatives, des étudiants...

"Il ne faut pas oublier que nous sommes un pays ex-thatchérien, explique Lauren Pascoe, une retraité présente dans le défilé, qui avait fait le déplacement depuis l'Ile de Wight (sud de l'Angleterre). Les manifestations ont mauvaise presse, et la majorité des gens font le gros dos face à l'austérité. Mais ça ne veut pas dire qu'ils ne nous soutiennent pas."

Un autre avertissement intéressant pour David Cameron est qu'Ed Miliband, le leader du parti travailliste, est venu s'exprimer à cette manifestation. S'il n'en est pas un organisateur, il a décidé de s'y afficher. C'est un changement par rapport à l'attitude habituelle des travaillistes, qui ne veulent pas paraître trop proches des syndicats, ni ne s'associer au moindre débordement social, craignant de se mettre à dos "Middle Britain", c'est-à-dire la majorité silencieuse britannique. "Nous sommes forts et unis, affirme Ed Miliband. Nous combattrons ces coupes sauvages."

Si cette manifestation n'est pas encore un tournant politique, elle vient rappeler que la colère qui règne dans une partie de la population -au moins les 6 millions d'employés du service public- est profonde. C'est un premier sérieux avertissement pour le gouvernement de David Cameron.


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Commentaires 6
à écrit le 19/08/2011 à 12:19
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Si les britanniques se mettent a manifester c'est bien qu'il y a un reel probleme de societee. Ce pays n'est pas repute pour etre un pays dit "social"(ca va heurter certaines personnes) et pourtant ils sont dans la deche et le seul moyen qu'ils ont t...

à écrit le 09/08/2011 à 10:34
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A Tottenham, ce n'etait pas contre le "cut". Je trouve qu'il y a un cocktail "dangereux".

à écrit le 28/03/2011 à 11:53
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MAggy avait réussi à endormir le peuple grace au pétrole de la mer du nord, (qui lui a permis de détruire les mineurs et leur force politique, depuis, l'angleterre a vendu petit à petit les bijoux de famille et le pétrole est de plus en plus difficil...

à écrit le 28/03/2011 à 11:42
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Quand notre Président aura t il le courage de prendre des mesures dans le même sens :notre pays succombe sous le poids de ses fonctionnaires et assimilés :EDF GDF ,SNCF etc... dont la productivité est très basse et les privilèges exorbitants . Nous ...

à écrit le 28/03/2011 à 10:18
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A la lecture des commentaires post électoraux, j'étais convaincu qu'il n'y avait qu'en France que tout allait mal.

à écrit le 28/03/2011 à 9:46
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Finalement c'est partout pareil. Quant il s'agit d'avoir des avantages tout le monde est d'accord. Quand il s'agit de se serrer la ceinture, alors c'est le drame. Vivre sur la collectivité est devenu une habitude... suicidaire.

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