On l'aurait presque oublié mais Newt Gingrich est toujours officiellement en course pour l'investiture républicaine. Mais cela ne devrait pas perdurer bien longtemps: selon l'ensemble des médias américains, l'ancien président de la Chambre des représentants annoncera mardi prochain à Washington qu'il se retire des primaires. Cette décision ne constitue pas une surprise: depuis le retrait officiel de Rick Santorum, il est acquis que Mitt Romney sera l'adversaire de Barack Obama lors de la présidentielle de novembre.

Mardi soir, l'ancien gouverneur du Massachusetts a remporté les cinq primaires du jour, notamment dans l'Etat de New York et en Pennsylvanie. Et également dans le Delaware, où Newt Gingrich avait concentré tous ses récents efforts de campagne. Mitt Romney y a recueilli 57% des voix, bien loin des 27% obtenus par son adversaire. La défaite de trop pour Newt Gingrich, qui avait pourtant promis fin avril de se maintenir jusqu'au bout. Mais sans argent - un de ses principaux soutiens a récemment mis fin à ses contributions financières -, il n'avait plus vraiment le choix.

Vieux briscard de la politique américaine, à l'origine de la "révolution républicaine" en 1994 (prise de contrôle de la Chambre après quarante années de majorité démocrate), Newt Gingrich a connu une campagne pour le moins mouvementée. Au début de l'été, elle était enterrée, pensaient les observateurs politiques après des défections en série dans ses équipes. Mais l'ancien président républicain de la Chambre des représentants n'a pas jeté l'éponge. Il a fait le dos rond et a su saisir sa chance lorsque Rick Perry et Herman Cain commençaient à fléchir dans les sondages.

Monté très rapidement et soutenu par ses performances au cours des débats, Newt Gingrich a cependant vite rechuté alors que les attaques se multipliaient. Car son passé l'a également rattrapé. Une vidéo réalisée avec la démocrate Nancy Pelosi pour lutter contre le changement climatique est ressortie des placards. Sa vie privée - il a été marié trois fois dont une fois après une relation extraconjugale -, l'amende infligée par le comité d'éthique de la Chambre et le lobbying réalisé pour Freddie Mac ont aussi alimenté les attaques de ses adversaires.

Sèchement battu dans l'Iowa, premier Etat à voter, en janvier, il avait une nouvelle fois rebondi, en remportant la primaire de Caroline du Sud. Un succès pour l'honneur. Tout comme sa victoire début mars dans son Etat de Géorgie. Car la dynamique n'était plus de son côté, malgré le soutien apporté par Sarah Palin. Les militants les plus conservateurs s'étaient déjà tournés vers Rick Santorum, l'ancien sénateur de Pennsylvanie, portant au rang de seule alternative crédible à Mitt Romney, jugé trop modéré par une partie de l'électorat républicain.

Mais Newt Gingrich avait cependant décidé de poursuivre sa campagne, espérant peut-être un nouveau miracle. Son maintien s'explique aussi certainement par un problème d'égo et par la volonté de capter le plus longtemps possible l'attention des médias. En persévérant, il a également donné un coup de pouce à Mitt Romney en divisant les voix conservatrices entre deux candidats, coûtant des délégués et de victoires potentielles (Ohio, Michigan, Alaska) à Rick Santorum. Newt Gingrich devrait d'ailleurs annoncer mardi prochain qu'il soutient officiellement Mitt Romney.

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