On l'attendait au tournant. Une nouvelle Sandero? Mieux équipée, moins austère, plus aboutie que l'ancienne? Aïe, les prix vont déraper... Eh bien non, la petite roumaine à bas coûts en offre davantage pour le même tarif! Voilà une formidable voiture... à (tout) petit prix. Elle conserve ses qualités traditionnelles mais ses lignes redessinées la rendent un peu plus cossue et l'habitacle arbore une nouvelle planche de bord moins simpliste. La nouvelle Renault produite à Pitesti est donc une brave petite auto polyvalente, fonctionnelle et même plutôt mignonne. Nous préférons d'ailleurs cette esthétique discrète et sans chichis aux formes torturées et prétentieusement modernes de la nouvelle Clio IV...

Pratique avant tout

L'habitacle est suffisamment spacieux, très accessible, pratique, avec des commandes et une instrumentation claires. Tout est à sa place (sauf les commandes de lève-vitres en option peu naturelles sur la console centrale). Ca fait du bien, un peu de simplicité et de sens commun, face aux autos à la mode inutilement compliquées où la recherche d'une station de radio demande à se plonger dans le manuel de bord. Evidemment, les plastiques sont bas de gamme -mais correctement assemblés- et l'ambiance noire se révèle archi-sinistre. Mais, comme on retrouve des intérieurs tout aussi lugubres sur des voitures deux ou trois fois plus chères, on pardonne bien volontiers à cette petite Dacia. La position de conduite n'est pas évidente à trouver parce que le réglage en hauteur du siège par crans n'est pas pratique. Le volant est réglable en hauteur, mais pas en profondeur. Pas terrible non plus. On s'y fait, mais évidemment, ça manque de finesse. Quant aux sièges, ils maintiennent mal le dos en virages. Et ne parlons pas du brut de fermeture des portières, pas vraiment flatteur. Mais, encore une fois, vu le prix, on sera magnanimes. Bon point en revanche pour l'écran tactile central (en option), super efficace. Ah, BMW par exemple ferait bien de s'en inspirer!

Moteur moderne

Nous avons testé le modèle équipé du tout nouveau moteur trois cylindres turbo à essence de 90 chevaux, inauguré voilà un mois à peine par la Clio IV. Saluons la relative douceur d'une mécanique propice en général aux vibrations et aux à-coups. Renault a fait du bon boulot. Ce moteur est volontaire et civilisé. Mais, il ne faut pas attendre de miracles d'une si faible cylindrée! Sur un parcours varié, avec de la montagne, réalisé en Andalousie, ce moteur n'a pas démérité. Mais il est indispensable de reprendre la première dans une épingle à cheveux pour monter un col. Et ce moteur s'essouffle vite sur une rampe d'autoroute. Bref, c'est un... petit moteur aux ressources limitées, mais tout à fait utilisable sur route. On demande d'ailleurs à une Sandero de suivre le flux de la circulation. Pas de le précéder. Si la boîte de vitesses ne semble pas critiquable, l'embrayage surprend en revanche par une course assez faible. Il manque de progressivité.

Confort souple

Le comportement routier est suffisant pour une telle voiture. Mais, on ne peut pas dire qu'il se distingue par son agilité. La voiture est pataude, paresseuse à virer. Ses petites roues avec des pneus à flancs hauts comme jadis, s'ils favorisent le confort et seront très économiques à remplacer, ne plaquent pas vraiment la voiture au bitume. Il y a comme un flottement. La direction, à l'ancienne, n'est guère non plus un modèle de précision. Elle peine, de plus, à revenir toute seule au point milieu. Bref, on se croirait dans une Renault d'il y a quinze ans. Cela nuit au plaisir de conduite mais, une fois que l'on a pris ces paramètres en compte, on fait avec. De toutes façons, il n'y a rien de dangereux. Mais une Clio IV est autrement plus agréable à mener. Sur cette Sandero placide mais saine, on appréciera la souplesse des suspensions sur les inégalités volontaires (ralentisseurs) et involontaires de la chaussée.

Prix très serrés

Les Dacia sont des modèles ultra-économiques, sauf les consommations, qui ne battent aucun record, puisque nous avons consommé plus de 8 litres aux cents sur route. La Sandero II doit être jugée par rapport à son tarif. La notion de plaisir de conduite est quasi-absente. Les esthètes, les passionnés d'automobile, jugeront qu'il s'agit d'un simple outil de transport sans prétention. Et ils auront raison. La Sandero II, comme sa s?ur Logan II, ne souffre néanmoins d'aucun défaut rédhibitoire. Et ses prestations sont même très supérieures à celles de modèles qui pourraient lui être vaguement comparés comme la Chevrolet Aveo coréenne. La Sandero II démarre à 7.900 euros avec un moteur quatre cylindres de 75 chevaux, plus ancien que le trois cylindres de 90 chevaux, et un équipement spartiate. C'est grosso modo 5.000 euros de moins qu'une Clio IV. La version Ambiance (condamnation centralisée des portes à distance, lève-vitres avant électriques, radio CD MP3...) est 900 euros plus chère. La Lauréate coûte, elle, 2.000 de plus que la version de base, mais apporte la climatisation, l'ordinateur de bord, les réglages du siège conducteur en hauteur, du volant, des ceintures de sécurité. Le GPS en option demande 240 euros de plus, le radar de recul 200. On peut même bénéficier de sièges en cuir à 600 euros! Notre modèle d'essai TCe90 Lauréate était à 11.000 euros (plus les options). Ce qui reste très, très sage, et imbattable sur notre marché. Sachez que les Dacia sont par ailleurs réputées fiables, faciles et bon marché à entretenir dans le réseau... Renault, le plus dense de France. On aura droit aussi à une garantie de trois ans ou 100.000 kilomètres. Alors, si vous avez un budget contraint ou que l'automobile n'est pour vous qu'un moyen pour aller d'un point A à un point B, foncez! La seule vraie solution alternative reste une voiture d'occasion de la catégorie supérieure.

Alain-Gabriel Verdevoye

Prix du modèle d'essai : Dacia Sandero TCe90 Lauréate : 11.000 euros

Puissance du moteur : 90 chevaux (essence)

Dimensions : 4,06 mètres (long) x 1,73 mètres (large) x 1,52 (haut)

Qualités : prix canon, entretien économique, réputation de fiabilité, réseau Renault dense, polyvalence, habitabilité, tenue de route saine, confort, moteur volontaire...

Défauts : ...mais limité, direction désagréable, comportement pataud, embrayage peu progressif, sièges peu accueillants, intérieur lugubre et bas de gamme

Concurrentes : Chevrolet Aveo 1,2 16v 86 ch LT : 13.650 euros ; Hyundai i20 1,2 Pack Inventive : 13.850 euros ; Renault Clio 0,9 TCe Expression 99 gr : 17.100 euros

Note : 15 sur 20