« Des opportunités pour les entreprises françaises dans la nouvelle donne économique albanaise »

Avec un taux de croissance de 3 %, l'Albanie fait le pied de nez à la crise ! Mieux, grâce à son statut tout neuf de candidat officiel à l'adhésion à l'Union européenne, elle va bénéficier de financements conséquents pour développer d'importantes infrastructures – routières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires… et autres grands chantiers. Si le pays est petit, il voit grand, et ne manque pas d'attraits pour les entreprises françaises. Ubifrance lui consacre une journée de présentation, le 20 novembre, à Paris, avec la présence de plusieurs ministres albanais.
Albanie

Par Dritan TOLA, Ambassadeur d'Albanie en France

Il y a quelques semaines, le dernier rapport de la Banque Mondiale « Doing Business » sur le climat des affaires pour 2015 classait l'Albanie au 68e rang mondial, la faisant progresser de 40 places par rapport au classement de l'année précédente. Il s'agit d'une avancée historique qui reflète les efforts immenses menés par l'Albanie dans un souci permanent d'amélioration du climat des affaires.

L'embellie économique va de pair avec une meilleure reconnaissance à l'international des progrès réalisés. Les 28 viennent d'accorder à l'Albanie, en juin dernier, le statut de pays candidat officiel à l'adhésion à l'Union européenne. L'ouverture des négociations d'adhésion suivra très bientôt. D'ores et déjà une zone de libre-échange est mise en place entre l'UE et l'Albanie.

L'Albanie a connu une hausse rapide de sa croissance économique durant  les quinze dernières années. Le PIB a plus que doublé pendant cette période. Les investissements ont augmenté de plus de 50% de 2008 à 2013. Alors que l'Europe s'enfonçait dans sa plus grave crise financière et économique provoquée par la crise des subprimes, l'Albanie a su maintenir un taux de croissance de plus de 3%, et ce malgré le quasi-effondrement de ses deux partenaires économiques traditionnels, la Grèce et l'Italie.

D'importants investissements dans les infrastructures

Le pays s'est engagé dans de nombreux projets de développement économique touchant l'infrastructure, le transport, l'énergie, l'agriculture, le tourisme. L'Albanie a pu financer durant la crise et sans aucune subvention extérieure la réalisation de la première grande autoroute du pays, reliant son port principal (Durrës) au Kosovo voisin, pour un coût de plus d'un milliard d'euros. Cet axe routier majeur renforce et valorise la position géographique stratégique de l'Albanie comme une porte d'entrée dans la partie sud-ouest des Balkans.

Un autre projet d'une ampleur encore plus importante est en préparation : le « Trans Adriatic Pipeline » (TAP), un gazoduc de près de 900 km qui transportera le gaz naturel azéri de la mer caspienne vers l'Italie et le marché européen, en traversant l'Albanie. Dès le début de 2015 de nombreux chantiers vont s'implanter en Albanie dans le cadre de ce projet gigantesque porté par un consortium transnational composé de BP (20 %), SOCAR (20 %), Statoil (20 %), Fluxys (19 %), Enagás (16 %) et Axpo (5 %).

D'autres projets d'infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires sont à l'étude, de grands chantiers qui devraient relier le pays à ses voisins balkaniques et au-delà. Le Premier ministre albanais Edi Rama vient d'ailleurs d'effectuer une visite officielle à Belgrade, une première depuis près de soixante-dix ans, pour évoquer, entre autres projets, la construction d'une ligne ferroviaire internationale reliant la Serbie à l'Albanie, et dans laquelle la Commission européenne pourrait engager plus d'un milliard d'euros dans le cadre des fonds de pré-adhésion auxquels les deux pays sont éligibles. L'Albanie envisage aussi d'offrir à sa capitale, Tirana, son premier tramway, et a réalisé pour cela une étude de faisabilité, notamment avec un financement de la France.

Dans le domaine de l'énergie les ambitions sont tout aussi grandes. Elles concernent la construction de lignes d'interconnexions et le développement de centrales hydroélectriques pour exploiter l'énorme potentiel du pays en ce domaine. L'Albanie est le deuxième pays plus riche en Europe en ressources hydriques, mais elle n'exploite qu'une partie de cette richesse pour ses besoins en énergie. L'économie albanaise possède aussi de beaux fleurons miniers (fer, chrome et cuivre) et dans les hydrocarbures. L'extraction du pétrole et du gaz on-shore augmente chaque année, au fur et à mesure de l'arrivée des investissements étrangers.

L'agriculture affiche également un potentiel largement inexploité et devient une priorité dans un pays qui bénéficie d'un climat méditerranéen et d'une main d'œuvre très compétitive. Le traitement des déchets domestiques et des eaux usées, ainsi que l'approvisionnement sans encombre de la population en eau, en électricité et en haut débit dans tout le pays, constituent aussi des projets stratégiques immédiats et d'avenir. Tout comme le développement du tourisme balnéaire et de montagne qui offre à l'Albanie des opportunités considérables en termes de croissance.  Ces projets, par leur ampleur, appellent un partenariat renforcé avec des entreprises européennes et naturellement avec les entreprises françaises.

L'Albanie, un marché et un pays qui offre 
des garanties réelles aux investisseurs

Le marché albanais semble à première vue de taille modeste (une population de trois millions d'habitants), mais il doit être considéré dans son étendue linguistique et culturelle. Il y a quelque sept millions d'albanophones dans la région. De plus, de par sa position géographique sur la mer Adriatique et en face de l'Italie, l'Albanie est susceptible de devenir une plaque tournante du commerce régional, notamment grâce à son port de Durrës. Avec la suppression des barrières douanières, les économies de la région sud-ouest des Balkans deviennent de plus en plus interdépendantes.

Contrairement aux idées reçues, l'Albanie est un pays totalement sûr. Il dispose de convenables axes routiers, même si le réseau secondaire est à améliorer. Les Albanais ont un sens sacré de l'hospitalité à l'égard des étrangers. La population est jeune et parle les langues étrangères. L'anglais est la langue des affaires, l'italien est une sorte de lingua franca, et il est courant de trouver des interlocuteurs parlant français, y compris dans le gouvernement, dont plus d'un tiers est parfaitement francophone et d'éducation française. L'Albanie est d'ailleurs un pays membre de la Francophonie. Le nombre de jeunes inscrits dans les cours de langue française et le nombre des étudiants ayant choisi le français a augmenté de presque 30% en 2014. L'Albanie est un pays laïc où les religions vivent en pleine harmonie. Un exemple salué par le pape François qui vient d'effectuer une visite officielle dans le pays, dans un contexte de ferveur populaire. En Albanie, près d'un tiers des entreprises sont gérées par des femmes.

L'Albanie a mis en place des mesures de soutien aux investissements, visant surtout la réduction des coûts pour les investisseurs. Ceux-ci peuvent bénéficier de divers allégements de charges. L'installation pour un investisseur étranger peut s'effectuer, sous certaines conditions, avec un loyer à un euro symbolique. Le taux des charges patronales est sans commune mesure comparé au reste de l'Europe, sachant que le « smic » horaire en Albanie est inférieur à un euro, et que le salaire mensuel moyen est en dessous de 300 euros. Les sociétés sont imposées à un taux maximal de 15 %, voire exonérées d'impôts dans les zones franches. La suppression des tarifs douaniers avec les pays de l'Union européenne offre à ce titre à l'Albanie des opportunités grandissantes en matière de sous-traitance, notamment dans la fabrication de vêtements et chaussures, très prisée par des industriels italiens.

L'Albanie et la France ont signé une convention évitant les doubles impositions en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune. Cette convention est aussi destinée à accompagner le développement des échanges économiques entre la France et l`Albanie.

Les sociétés et banques françaises sont fort bien présentes en Albanie dans les secteurs comme le commerce, les mines, le textile, les finances, les services, l'aviation, etc. Elles se développent dans un climat qu'elles jugent comme amical et francophile. Une chambre de commerce France-Albanie les appuie dans leur démarche.

Pour clore ce bref aperçu de l'économie de mon pays, encore une toute dernière bonne nouvelle : un vol direct prévu pour la fin du premier trimestre 2015 reliera les deux capitales Tirana et Paris en 2 heures et demie. Les échanges et la circulation des hommes d'affaires et des touristes s'en trouveront grandement facilités.

C'est dans ce climat qu'Ubifrance (l'Agence française pour le développement international des entreprises) en collaboration avec l'Ambassade de France à Tirana et les autorités albanaises organisera le 20 novembre à Paris un atelier « Journée Albanie »* avec la participation de quelques ministres albanais, notamment ceux en charge des infrastructures et du transport, de l'énergie et des industries de l'innovation et de l'administration publique. Le gouvernement albanais, à l'instar du gouvernement français, est très "pro-business" et accueille avec une attention particulière les investisseurs étrangers.

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* Pour plus d'informations, cliquez ici.

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Mini-bio - Dritan TOLA est ambassadeur d'Albanie en France depuis mars 2013. Il a effectué des études de lettres et de droit. Avant de prendre ses fonctions à Paris, il a travaillé auprès de l'Union européenne où il a été en charge de questions politiques, de démocratisation et de développement.

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