Les huit conséquences désastreuses de la crise de 2008 sur la France

Six ans après la faillite de Lehman Brothers, retour en traveling arrière sur le (mauvais) film économique et budgétaire de la France.
le choc de 2008 a précipité le basculement d'un monde à l'autre. Entre 2007 et 2013 le PIB par tête aura augmenté de plus de 60 % en Chine et d'un tiers en Inde, mais il aura baissé dans la plupart des économies avancées.

Lundi 15 septembre 2008- lundi 15 septembre 2014. Il y a exactement six ans, la faillite de la banque américaine Lehman provoquait un funeste enchaînement mondial entre crise financière et récession économique, puis faisait place entre 2009 et 2012 à une sévère crise de la zone euro.

Dans son rapport de 2013 sur la France en 2025, France Stratégie rappelle que « le choc de 2008 a précipité le basculement d'un monde à l'autre. Entre 2007 et 2013 le PIB par tête aura augmenté de plus de 60 % en Chine et d'un tiers en Inde, mais il aura baissé dans la plupart des économies avancées. Les crises de la dette souveraine étaient jusque dans un passé récent le triste privilège des pays du Sud.

Fin 2012, cependant, l'endettement public brut atteignait en moyenne 110 % du PIB dans les pays avancés, contre 35 % dans les pays émergents. Dans le même temps le savoir, qui était jadis l'apanage du Nord, est aujourd'hui de mieux en mieux réparti. » Regardons donc dans le détail ce qui s'est passé en France, un pays auquel s'applique le diagnostic occidental général mais avec ses particularités.

  • Stagnation : uniquement 1,6% de croissance totale depuis 2008

Uniquement 1,6% de croissance totale depuis 2008 : l'économie française ne se situe aujourd'hui que 1,6% au dessus de son niveau d'avant la crise de 2008, soit moins bien que la Suède (+8%), les USA (+6%), l'Allemagne (+4%) mais mieux que l'Italie (-9%). De fait la croissance française a été exceptionnellement faible au cours de la dernière décennie et depuis 2012, avec à la clé une baisse de PIB par habitant depuis 2008. Plus inquiétant, les données INSEE font apparaître une baisse du PIB marchand, caractérisé par la valeur ajoutée des secteurs institutionnels hors administrations publiques.

  • Emploi : 800 000 chômeurs de plus

800.000 chômeurs de plus. Le nombre de chômeurs au sens du Bureau International du Travail (BIT) est ainsi passe de moins de 2 millions à près de 2,8 millions, une hausse de 40% entre mi 2008 et mi 2014. Le taux de chômage est ainsi passé de 7,3% à 10,2% de la population active.

  • Dégradation de finances publiques pas du tout rétablies six ans après.

Les finances publiques se sont massivement dégradées depuis 2007, avec une apparente et considérable difficulté à redresser la situation puisque le gouvernement semble demander pour la 3ème fois à ses partenaires de la zone euro un report du retour à un taux de 3% en 2017, alors que le retour à l'équilibre était prévu pour cette même date dans le programme présidentiel de François Hollande (2016 pour Nicolas Sarkozy).

  • Dette publique : plus de 700 milliards d'euros (+57%)

Plus 700 milliards d'euros (+57%). Mi 2008, la dette publique brute de la France s'établissait à 1,294 milliards d'euros (65,2% du PIB). Même si l'INSEE ne publiera que le 30 septembre les données à mi année 2014, la barre des 2 trilliards d'euros et les 95% du PIB ont été passés allégrement. Les niveaux de déficits prévus pour l'avenir ne permettent aucunement de maîtriser cette dette.

  • Dépenses publiques annuelles : plus de de 200 milliards par an,  3,3% du PIB

Plus 200 milliards par an et 3,3% de PIB entre 2007 et 2013 (plus de 1,200 milliards, de 57,3% au lieu de 53,9%). Les dépenses qui ont le plus progressé et de loin sont les prestations sociales (plus 130 milliards) alors que le charge d'intérêt a baissé du fait d'un effet ciseau entre la hausse considérable du stock et la baisse des taux.

  • Impôts et prélèvements obligatoires annuels : plus de 140 milliards, 1,7% de PIB

Plus 140 milliards par an et 1,7% de PIB Les prélèvements obligatoires ont notamment fortement augmenté sous les gouvernements Fillon et Ayrault. Cette méthode traditionnelle de réduction des déficits semblent avoir atteint ses limites et plus encore la capacité légendaire.

  • Relations économiques avec le reste du monde : persistance du déficit de la balance courante

Persistance du déficit de la balance courante. Depuis 2005, la France connaît des déficits jumeaux avec encore un déficit courant de 30 milliards en 2013 : la France a besoin de capitaux extérieurs pour financer son économie et son niveau de vie, soit du fait d'une surconsommation interne soit du fait d'une compétivité dégradée, ou les deux.

  • Augmentation de la dette extérieure et dégradation de la position extérieure nette

Eurostat constate une augmentation de la dette extérieure française de près de 500 milliards (passage de -2% à 35% du PIB), augmentation de très loin la plus élevée de l'Union européenne et de la zone euro, avec un rôle majeur de la dette public externe qui semble avoir augmenté d'environ 400 milliards, ce qui en fait actuellement le principal produit d'exportation français. D'où une dégradation particulièrement forte de la position extérieure nette (différence entre les avoirs financiers extérieurs de la France et ses engagements extérieurs) notée par le FMI depuis 2007 : moins 322 milliards contre « seulement » moins 181 milliards pour l'Espagne ou moins 78 milliards pour l'Italie, la zone euro étant stable dans son ensemble. Autour de 20% du PIB, la position extérieure nette française s'est d'ailleurs rapprochée du seuil d'alerte de la Commission européenne fixé à 35%.

On ne peut tirer que des conséquences moroses d'un tel paysage macroéconomique : le système français actuel a besoin de 700 milliards de dette publique et 400 milliards de dette externe supplémentaires pour simplement stabiliser l'activité économique et avec une forte augmentation du chômage. La soutenabilité à terme d'une telle configuration déséquilibrée est hasardeuse, et il faudrait vraiment en faire la pédagogie de l'opinion - sans lui cacher les lenteurs d'un redressement dans la durée -, pour éviter qu'une amère médication ne vienne de l'extérieur via les réactions des partenaires français de la zone euro ou les investisseurs internationaux dont nous semblons conserver apparemment un pressant besoin.

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Commentaires 16
à écrit le 03/02/2021 à 0:51
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Facile x)

à écrit le 28/09/2014 à 8:09
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Il faudrait ajouter un article sur la relation entre cout du travail et prix de l'énergie.

à écrit le 25/09/2014 à 14:14
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tout cet article pour dire quoi? rien de nouveau! ca fait depuis les années 80 que la France s'endette et ça n'a jamais baissé!

à écrit le 15/09/2014 à 23:49
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> Dans son rapport de 2013 sur la France en 2025, France Stratégie rappelle que « le choc de 2008 a précipité le basculement d'un monde à l'autre. Entre 2007 et 2013 le PIB par tête aura augmenté de plus de 60 % en Chine et d'un tiers en Inde, mais i...

le 28/09/2014 à 8:00
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Il y a une relation avec le prix du pétrole. C'est une voie à étudier; quel est le role de l'énergie dans le développement de l'économie?

à écrit le 15/09/2014 à 19:45
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Merci les banquiers...

à écrit le 15/09/2014 à 18:48
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Deux gouvernements catastrophiques..Ouvrons les yeux avant qu'il ne soit trop tard.

à écrit le 15/09/2014 à 15:37
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Les dépenses publiques et les impôts n'ont certainement pas progressé de 200 mds et 140 mds "par an" durant cinq ans (ce qui représenterait respectivement 1.000 mds et 700 mds de plus en 2013 qu'en 2007...). Expliquer le déficit de la balance commer...

à écrit le 15/09/2014 à 14:49
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Ou sont passé les 600 milliards que Sarkozy a empruntés et qui devait soulager la dette ?

le 15/09/2014 à 16:40
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Emprunter pour payer le dette? Vous n'avez pas l'impression d'écrire n'importe quoi?

le 15/09/2014 à 21:38
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C'est malheureusement comme ça que ça se passe....

à écrit le 15/09/2014 à 14:28
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@Asimon : le fric est passé dans le social et dans les paies et retraites des fonctionnaires. Et c'est comme ça que l'état fonctionne depuis 40 ans, même si Sarko a été de loin de meilleur pour creuser la dette. Maintenant, supposons qu'on fasse ...

le 15/09/2014 à 21:54
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Le problème, c'est que les français ne veulent pas de réformes. Ils préfèrent se fracasser contre le mur de la dette plutôt que d'accepter la moindre concession.

à écrit le 15/09/2014 à 14:06
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C'est vrai, çà : où est passé tout le fric que le gouvernement Sarkozy a emprunté pour sauver la France ?

le 16/09/2014 à 7:57
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mystere et boule de gomme !

le 01/10/2014 à 15:06
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les factures Bygmalion ?

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