Roxanne Varza : la « french start-up lover »

Cette Américaine de 28 ans s'emploie à faire connaître outre-Atlantique les start-up françaises. Et milite pour promouvoir la mixité dans l'entrepreneuriat high-tech.
Business Insider, le site américain de référence de l'information techno-business, l'a classée parmi les 30 femmes de moins de 30 ans qui comptent dans les nouvelles technologies

En avril dernier, Business Insider, le site américain de référence de l'information techno-business, l'a classée parmi les 30 femmes de moins de 30 ans qui comptent dans les nouvelles technologies. Pourtant, Roxanne Varza se défend d'être une « geek ».

« Quand j'avais 12 ans, raconte cette jeune brune de 28 ans née à San Francisco, mon père a voulu me montrer comment fabriquer un ordinateur. Cela ne m'intéressait absolument pas ! Aujourd'hui encore, on me pose souvent des questions pointues sur les technologies de Microsoft, mais ce n'est pas mon expertise ! »

Non, son expertise est plus « humaine », bâtie dans la Silicon Valley, puis à Londres et à Paris où elle a posé ses valises. Depuis septembre 2012, Roxanne Varza travaille pour Microsoft où elle est responsable des relations avec les start-up françaises. Un titre à rallonge qu'elle résume par « start-up lover ».

Microsoft, un nouveau tremplin

Cette jeune femme décontractée au sourire éclatant s'apprête à accueillir en janvier prochain une nouvelle promotion de huit start-up au sein de Spark, l'incubateur du groupe informatique, implanté rue du Sentier, le quartier historique des premières jeunes pousses parisiennes. Piloter la sélection de ces jeunes entrepreneurs qui seront accompagnés pour transformer leur idée en prototype fait partie de ses missions chez Microsoft. Une passion plutôt, née en Europe où elle est venue s'installer en 2009.

« À San Francisco, je travaillais pour l'Agence française pour les investissements internationaux [AFII, ndlr]. J'accompagnais les start-up de la Valley qui voulaient investir en France, mais je ne connaissais pas le pays. J'ai ressenti le besoin de venir le découvrir. »

Elle décide alors de compléter sa formation littéraire à l'université de Californie, à Los Angeles, par un master à Sciences Po, puis à la London School of Economics. À l'issue de ces deux ans, séduite par la qualité de vie en Europe, elle s'installe à Paris.

« L'écosystème des start-up commençait à s'organiser, se souvient-elle. Ma connaissance de la Silicon Valley pouvait être utile ici. »

Roxanne Varza lance alors le blog Techbaguette.com pour faire connaître les start-up françaises aux investisseurs anglo-saxons. Michael Arrington, le fondateur de Techcrunch, blog dédié à l'entrepreneuriat numérique, la repère et lui confie la rédaction en chef de TechCrunch France, alors en sommeil. L'aventure est menée tambour battant avec de jeunes passionnés comme Cédric Giorgi (fondateur de Cookening. com) et Julien Méchin (cofondateur de Creads).

Mais, à l'été 2011, Roxanne Varza quitte le site francophone, promis à la fermeture, et met le cap sur Londres. Elle y devient directrice des contenus de Carmine, l'éditeur de coffrets de produits de beauté de luxe. Puis elle gère la communication de Shopcade, la plate-forme d'e-commerce fondée sur la recommandation sociale créée par Nathalie Gaveau, cofondatrice de PriceMinister. C'est ainsi qu'elle a forgé son expertise sur les nouvelles offres en e-commerce, les variétés des business modèles et les leviers de la réussite entrepreneuriale.

"Failcon", les conférences à la gloire de l'echec !

« Ces expériences ont été intéressantes. Mais je me sentais à l'étroit, la diversité des rencontres avec les entrepreneurs et leur foisonnement d'idées me manquaient », reconnaît aujourd'hui la jeune Américaine.

En 2010, elle fonde l'association Girls in Tech Paris avec la spécialiste du capital-risque Mounia Rkha. Leur but ? Donner de la visibilité aux femmes dans les nouvelles technologies.

« Roxanne trouve tout le temps des gens exceptionnels à faire intervenir. Ses idées sont originales et son enthousiasme est rafraîchissant », confie Mounia Rkha.

Si elle apprécie l'Europe, Roxanne Varza n'en oublie pas pour autant ses racines californiennes. Un exemple ? Convaincue que « témoigner de ses échecs permet à un entrepreneur d'avancer et de faire gagner du temps aux autres », elle a organisé en France, dès février 2011, les premières « Failcon », des conférences dédiées à l'échec entrepreneurial. Elle y a reçu Jean-Baptiste Rudelle (PDG de Criteo, qui vient d'entrer au Nasdaq), Jean-David Chamboredon (ex-Price-Minister et fondateur du fonds Isai), Michel de Guilhermier (président de L'Accélérateur) ou encore Tatiana Jama (LivingSocial.fr).

« L'échec est un tabou en France, plus encore qu'ailleurs. Je pense que cela tient au système éducatif », assène la jeune Californienne qui a été sollicitée par le cabinet de Fleur Pellerin, la ministre de l'Économie numérique, en marge des Assises de l'entrepreneuriat.

Aujourd'hui, Roxanne Varza aime à échanger avec Xavier Niel, « sur l'ensemble des projets qu'il porte ». Et, à l'instar du patron iconoclaste de Free, cette pragmatique se plaît à vanter les qualités de l'écosystème parisien pour créer une start-up.

« Les entrepreneurs français voient la Silicon Valley comme un eldorado, mais en France, ils ont un réseau de contacts qui facilite les recrutements, par exemple, alors que là-bas, ils ne connaissent personne. Sans oublier qu'embaucher un bon développeur coûte deux fois plus cher aux États-Unis. Et puis, en France, il y a le crédit impôt recherche... »

« Roxanne suscite le respect de ses pairs. Son carnet d'adresses à l'international est impressionnant. Elle est brillante et fidèle, avec un parcours qui justifierait qu'elle ait davantage confiance en elle et qu'elle se mette plus en avant », confie une amie, Céline Lazorthes, la fondatrice de Leetchi.com.

Sans doute. Mais quand les feux de la rampe s'éteignent et que ses activités lui laissent un peu de temps libre, Roxanne la discrète préfère le calme de l'écriture. Petite-fille d'une poétesse iranienne, elle caresse un projet de roman. En attendant de réaliser ce rêve, elle se contente de raconter les belles histoires des start-up françaises aux investisseurs américains en quête de jolies pépites.

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Commentaire 1
à écrit le 29/07/2014 à 16:42
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