Margaux Pelen, exploratrice dans l'éducation

À 27 ans, la cofondatrice de l'association pour les étudiants-entrepreneurs Mash Up est devenue « entrepreneure en résidence » à HEC, chargée d'accompagner les futurs créateurs d'entreprises.
Margaux Pelen.

Au gré de ses voyages, Margaux Pelen a trouvé une mascotte : un éléphant, symbole de sagesse, d'intelligence et de mémoire. Des qualités qui comptent dans le monde de l'éducation, sa nouvelle marotte. À 27 ans, la nouvelle « entrepreneure en résidence » de HEC s'emploie depuis mars dernier à accompagner les étudiants de l'école aspirant à la création d'entreprise.

« Revenir à HEC était un peu surprenant pour moi... Comme une deuxième rentrée », confie cette diplômée en 2011 d'un master HEC-Télécom ParisTech.

À peine sa fonction endossée, la jeune femme menue et débordante d'énergie a multiplié les initiatives pour inspirer des vocations entrepreneuriales et permettre aux futurs créateurs d'activités de trouver les réponses à leurs questions.

« L'entrepreneuriat est une nécessité aujourd'hui. En travaillant à HEC, en lien direct avec la Fondation HEC et la direction de l'école, j'ai un impact opérationnel fort. In fine, je travaille pour la France. »

Chaque semaine, elle ouvre son carnet d'adresses étoffé pour inviter des entrepreneurs à succès à témoigner devant les étudiants et organise des ateliers pratiques avec des experts :

« En deux heures, nous faisons le tour d'une question telle que "Comment transformer une idée en tableur Excel ?" »

Convaincue qu'il faut décloisonner les compétences, elle planche également sur le développement de synergie entre HEC et les autres écoles fondatrices du nouveau campus de Paris Saclay, dont Polytechnique.

« Margaux a proposé cet axe stratégique dès son arrivée », confie Julien Lévy, professeur affilié qui dirige le centre Digital Innovation for Business d'HEC.

« Elle a un excellent réseau et une grande détermination. Elle ignore la démagogie et la séduction : elle est extrêmement directe. Quand elle était étudiante, elle était déjà une force motrice au sein du groupe, un leader naturel qui affirmait son autorité et génère le respect par sa compétence, sa fiabilité et son énergie. »

Elle n'a pas attendu la création du statut d'étudiant-entrepreneur pour dynamiser l'écosystème en faveur des porteurs de projets encore sur les bancs de l'école. Dès 2011, elle, qu'on surnommait « Bulldozer », a créé avec trois autres étudiants une association estudiantine, le Mash Up, pour mettre en relation les étudiants et les entrepreneurs.

« Dès sa création, nous avons choisi que le bureau de l'association soit renouvelé chaque année, pour conserver la fraîcheur du regard. Les études sont le meilleur moment pour monter sa boîte », assure celle qui préfère demander pardon, si besoin, que de solliciter la permission avant d'agir.

Elle-même a profité de ses études pour créer Home'n'go avec deux camarades, en mai 2011. Pendant deux ans, elle a fait grandir cette start-up d'annonces immobilières enrichies en données publiques, qui a été lauréate du premier concours Dataconnexions organisé par la mission interministérielle Etalab. Elle a également été sélectionnée par Le Camping et accompagnée par le Réseau Entreprendre Paris. L'équipe comptait huit salariés quand elle a quitté l'aventure l'an dernier, ne partageant plus la même vision stratégique que ses associés.

« Margaux n'hésite pas à prendre des risques. Elle est exigeante et persévérante, sans obstination. Quand elle a compris que ça ne marcherait plus avec ses associés, elle est partie en veillant à transmettre. Elle ne manque ni de courage, ni de capacité à rebondir. Elle replongera dans l'entrepreneuriat, c'est certain », prédit Éric Coisne, entrepreneur et business angel au sein du Réseau Entreprendre Paris.

Une intuition confirmée par l'intéressée : Margaux Pelen imagine en effet créer sa prochaine activité dans le domaine de l'éducation, d'ici à deux ou trois ans.

« Je m'intéresse en particulier à l'usage des technologies dans le monde de l'éducation. Il faut garder une distance critique avec la technologie, et ne pas avoir peur de se poser des questions éthiques et morales sur l'efficience de son utilisation. Par exemple, on n'a pas besoin d'un iPad pour apprendre à lire au Kenya », assène cette lectrice de L'Innovation Jugaad, une méthode d'innovation frugale.

Pour nourrir sa réflexion, elle a décidé de prendre de la distance avec l'écosystème parisien lors de l'été 2013 pour aller étudier les usages du numérique à travers le monde. Après avoir visité l'Ouganda et le Kenya, elle s'est rendue en Asie, à l'occasion du Global Entrepreneurship Summit de Kuala Lumpur (Malaisie). Puis elle a mis le cap sur le Brésil, l'Argentine, la Colombie et le Vénézuela. L'Inde et Shenzhen devaient être les étapes suivantes de ce périple, destiné à lui fournir de la matière pour une thèse. Mais c'était sans compter sur l'appel de la Silicon Valley. À l'été 2014, la voilà détournée de son cap pour participer à la Singularity University, un programme développé par Google et la Nasa pour permettre à 80 participants triés sur le volet de plancher sur les solutions pour améliorer le monde de demain.

« J'avais postulé trois jours avant la clôture des inscriptions et j'ai été surprise d'apprendre que ma candidature avait été acceptée, et qu'on m'allouait une bourse pour y participer. Ces semaines ont été les plus enrichissantes de ma vie, avec des rencontres passionnantes et des conférences de haut niveau. Je n'ai jamais aussi peu dormi », sourit cette férue d'escalade et de ski, également marathonienne, qui doit courir quatre fois par semaine sous peine de perdre le sommeil.

À son retour, elle a raconté cette expérience à François Taddéi, directeur du Centre de recherches interdisciplinaires, où elle donne des cours.

« Margaux partage volontiers ses expériences. Elle a une capacité à vivre des choses extraordinaires, et ne pas s'en contenter. Elle s'interroge toujours sur l'étape qui va suivre. Elle est capable de mener plusieurs projets de front, et surtout, elle se préoccupe d'innovation sociale. Elle ne cherche pas la reconnaissance : elle veut agir pour le progrès. »

Une ambition que Margaux Pelen revendique, en citant Nelson Mandela, l'ancien président d'Afrique du Sud et Prix Nobel de la Paix 1993, décédé l'an dernier :

« L'éducation est l'arme la plus puissante que vous puissiez utiliser pour changer le monde. »

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MODE D'EMPLOI

Où la rencontrer ? : Via un réseau social. « J'aime échanger sur Twitter : s'exprimer en 140 signes maximum, ça force à la concision. Mais, SVP, pas de message sur Linkedin si vous ne me connaissez pas. »

Comment l'aborder ? De façon désintéressée. « N'essayez pas de me vendre votre idée ou votre produit. Demandez-moi simplement ce que vous voulez savoir. »

À éviter ! Poser des questions sans vouloir entendre la réponse. « Mes retours sont francs et courts, sachez-le ! Quand vous ne connaissez pas quelque chose, ce n'est pas grave : dites-le ! C'est ainsi que l'on comble ses lacunes. »

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TIMELINE

  • Mai 1987 Naissance à Paris, puis grandit à Lyon.
  • Février 2011 Cofonde le Mash Up.
  • Mai 2011 Cofonde Home'n'go.
  • Juin 2011 Diplômée de HEC et Télécom ParisTech.
  • Septembre 2013 Ambassadrice du Hello Tomorrow Challenge.
  • Mars 2014 Devient « entrepreneure en résidence » à HEC.
  • Eté 2014 Intègre la Singularity University.
  • 2017 Fonde une nouvelle entreprise, dans l'éducation.

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