Clément Guillon, l'auditeur du développement durable

À 31 ans, Clément Guillon s'emploie à promouvoir la responsabilité sociale des entreprises. Tout en encourageant l'entrepreneuriat dans les « clean tech ».
Une centaine d'entreprises de 60 pays utilisent les logiciels de Verteego, l'entreprise de Clément Guillon, pour évaluer le cycle de vie de leurs produits, mesurer leur impact carbone.

Viser l'exploit et accompagner ceux qui cherchent à améliorer leurs performances, c'est dans sa nature. C'est donc « tout naturellement » que Clément Guillon, directeur général délégué et associé de Verteego, a décidé de sponsoriser le premier Climathon que l'association Code for Climate organisera à Paris les 13 et 14 février. Dans ses locaux, l'homme accueillera les développeurs venus prototyper en quarante-huit heures une solution numérique destinée à répondre aux enjeux du changement climatique. Il assurera aussi le ravitaillement des concurrents.

« Verteego se trouve au croisement entre les "clean tech", le développement durable et le numérique. Nous sommes des pionniers dans notre activité, l'édition d'une plate-forme logicielle en SaaS pour aider les entreprises dans l'évaluation et le reporting de leurs actions écologiques et sociétales. Nous voulons être leader, mais aussi entraîner dans notre sillage d'autres entreprises qui élaborent des solutions pragmatiques pour la planète », expose Clément, dont les concurrents sont de grosses PME et le groupe SAP.

Une centaine d'entreprises de 60 pays utilisent les logiciels de Verteego pour évaluer le cycle de vie de leurs produits, mesurer leur impact carbone, tracer l'une des 4.300 substances chimiques répertoriées au sein de la plate-forme, et présenter selon les standards officiels leurs rapports RSE (responsabilité sociale de l'entreprise). Au total, la société peut analyser 1.100 indicateurs différents.

« Par exemple, nous gérons la traçabilité de la chaîne de valeur Reach pour des acteurs de l'aéronautique, notamment Safran. Dans le luxe, nous réalisons des reportings environnementaux pour le Bon Marché et Guerlain, du groupe LVMH. Mais nous sommes aussi capables de faire du prédictif à partir des données. »

La Banque postale, la CCI Paris Île-de-France, Quiksilver, FM Logistique, Konica, Telephonica, Le Bristol et la Fédération française du sport automobile font appel à son expertise. Des villes, comme Sarreguemines, lui délèguent leur bilan carbone. Verteego fait d'ailleurs partie du réseau Vivapolis, qui fédère le savoir-faire français en matière de ville durable à l'export.

Au sein de Verteego, Clément Guillon gère la partie commerciale, aux côtés des deux cofondateurs, Rupert Schiessl et Jérémy Fain.

« Clément est multicompétent. Il est un bosseur qui tient ses promesses, et qui se montre très exigeant sur la qualité. Il a aussi une grande capacité d'analyse des signaux faibles et sent les évolutions de marché », précise Jérémy Fain, président de Verteego.

Les deux hommes ont fusionné leurs sociétés en avril 2013

Clément Guillon était alors à la tête de Bossa Verde, une société de conseil en ingénierie et en communication spécialisée dans le développement durable, qu'il avait créée en 2009.

« Clément est pugnace, très professionnel. Il peut paraître timide, car il pèse ses mots. Mais c'est surtout parce qu'il n'aime pas parler pour ne rien dire », confie Franck Bigot, le président d'Ocom & Co, et ancien client de Bossa Verde.

Plusieurs grands noms de la distribution, Auchan, E. Leclerc, Intermarché, Danone, DuPont, Elior ou PSA, ont fait confiance à Clément Guillon. Il a également participé à la conception du comparateur de produits écologiques Ecocompare. Cet ingénieur, diplômé de l'École centrale de Lyon, spécialisé dans le développement durable et les mathématiques appliquées explique :

« Bossa Verde vient du portugais, même si à l'époque je n'en parlais pas un mot. Je voulais un nom évocateur du développement durable, mais sans utiliser le terme "green" qui était alors utilisé à tout va, et surtout pour du "green washing"»

En 2005, il part au Vietnam pour accompagner Vinci dans la construction d'un pont sur la baie d'Along, un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco.

« J'étais responsable de la qualité, de la sécurité et de l'environnement. Une sorte d'oeil de Moscou sur l'ensemble des modes opératoires de construction, pour vérifier notamment qu'aucun déchet ne serait rejeté dans la rivière. À l'époque, j'avais besoin de comprendre les problématiques sur le terrain. »

Deux ans plus tard, son diplôme en poche, il testera la conduite de projets écologiques, au sein de la direction environnement de Danone, à Londres.

« À l'époque, la BBC venait de diffuser un reportage sur la prétendue dangerosité de l'eau conditionnée en bouteille, et les hommes politiques s'interrogeaient sur l'opportunité de bannir ces produits du marché britannique. Ma mission chez Danone, fournisseur d'eau en bouteilles plastiques, consistait à mesurer les répercussions écologiques de ce produit, et à mettre en oeuvre une communication transparente, basée sur des faits »

Son action s'est conclue par la réalisation d'un site pédagogique et par l'obtention d'une certification écologique. Mais Clément Guillon ne s'appesantit pas sur ses réussites. Il n'en tire aucun orgueil, comme le rappelle Jean-Christophe Bligny, aujourd'hui directeur du département environnement et énergie de Sanofi, directeur environnement de la division eau de Danone quand Clément Guillon y travaillait :

« Clément est quelqu'un de très équilibré, intellectuellement et émotionnellement. Il est vif, facile à vivre, toujours positif. C'est un homme de confiance, qui sait s'entourer et provoquer les opportunités. Clément ne se contente pas de ses réalisations : il se challenge et ose, toujours dans le respect. »

Amateur de nature, il avoue passer ses week-ends en montagne

Il se dit « triathlète sur longue distance », sans jamais citer ses exploits. Lors de la dernière Coupe du monde de football, au Brésil, Clément était sur le terrain. Pas sur la pelouse, mais dans six stades construits pour l'occasion par le groupe brésilien Andrade Gutierrez. Après un an et demi d'étude du marché local, il a créé la filiale de Verteego, à Sao Paulo.

« Clément a besoin de se fixer la barre très haut pour se motiver. Il est enthousiaste et spontané, avec un large réseau », note Frank Debouck, directeur de l'École centrale de Lyon.

Clément l'accompagne dans sa réflexion pour créer une formation optionnelle consacrée aux aspirants entrepreneurs. Père depuis peu, il donne des cours et des conférences pour promouvoir l'entrepreneuriat chez les étudiants ingénieurs. Il n'est jamais trop tôt pour penser aux générations futures.

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Commentaire 1
à écrit le 16/02/2015 à 23:43
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Quel gâchis!

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