Marie Ekeland, le risque maîtrisé

Plus de 1.000 participants sont attendus au Théâtre de Paris lundi 1er décembre au soir pour la cérémonie de remise des prix nationaux aux lauréates des Women's Awards (#LTWA). C'est l'occasion pour latribune.fr de revenir sur quelques portraits de femmes du haut management français. Marie Ekeland est une pro du capital-risque. Le lancement spectaculaire et l'entrée en Bourse de Criteo avec Elaïa Partners, c'est elle. Aujourd'hui, cette femme qui n'hésite pas à aller là où on ne l'attend pas, entreprend depuis juillet de créer en solo sa propre société de capital-risque.
Marie Ekeland, experte indépendante en capital-risque
Marie Ekeland, experte indépendante en capital-risque (Crédits : DR)

À l'origine, Marie Ekeland n'a jamais rien fait comme tout le monde :

« Je suis entrée à Dauphine en maths et informatique avant d'intégrer J.P.Morgan pour finalement faire un DEA d'économie à l'EHESS. »

Une première expérience chez J.P.Morgan à Paris et à New York, celle dont tous les jeunes économistes rêvent, la déçoit, elle veut être au plus près des entreprises. L'argent pour l'argent n'est pas sa tasse de thé. Ce qu'elle aime, c'est accompagner une entreprise. En 2000, elle rejoint Elaia Partners et, très tôt, elle a le nez pour soutenir une jeune société à l'avenir prometteur : Criteo, la plus belle entrée en Bourse au Nasdaq l'année écoulée. Aujourd'hui, elle siège aux conseils d'administration d'une dizaine de start-up numériques. Mais, depuis juillet, elle a décidé de faire cavalier seul et de monter sa propre société.

Remettre l'ascenseur social en marche

C'est une promotrice du numérique, avec d'autres entrepreneurs et investisseurs, elle a fondé en juillet 2012 France Digitale en partant de deux constats. Le premier : il existe une très grande méconnaissance des politiques, du grand public et des médias quant au potentiel économique du numérique.

« C'est l'un des réservoirs de croissance sur lequel il faut absolument miser. Le baromètre de la performance des start-up du numérique que l'on publie chaque année démontre que ces entreprises enregistrent + 40% de croissance, + 30% à l'international et engagent 25 % d'effectifs en plus tous les ans. Les emplois créés sont des jeunes de 32 ans d'âge moyen, c'est beaucoup moins que la moyenne nationale, à 90% en CDI, donc d'emplois pérennes.

Les modèles d'entreprises formées sont à 180 degrés des structures traditionnelles, puisque, dans leur très grande majorité, ils s'établissent sur des partenariats et le partage des risques. L'écart salarial entre les dirigeants et les salariés est de 2,7%. Et 83% de ces entreprises distribuent des stock-options aux tiers de leurs salariés. Il s'agit de projets communs où l'on partage la valeur créée. Ces chiffres nous ont permis d'être très actifs dans le débat public, notamment lors de l'épisode des "pigeons". »

Son deuxième constat ? Il n'y a plus d'ascenseur de croissance en France. Entre les entreprises du CAC 40 qui ont 101 ans d'âge moyen et les PME, il n'y a plus de passage entre les unes et les autres qui permettraient à ces petites entreprises de devenir des ETI et des grands groupes.

« Nous voulons nous attaquer à ces points de friction qui bloquent l'ascenseur économique. Dans notre baromètre, on compte seulement 7% de femmes entrepreneurs sur 125 start-up. Et 27% au sein des salariés.

Donc, c'est beaucoup moins qu'au niveau national. Cela reflète les 15% de femmes ingénieurs. Plutôt que de sensibiliser, il faut donner envie aux femmes d'entreprendre, de se faire plaisir dans le travail. Cela passe par les exemples emblématiques, les représentations des femmes au sein des médias où l'on retrouve tous les stéréotypes des actrices et des mannequins.

Comment rendre glamour une chef d'entreprise et démontrer que cela ne signifie pas abandonner une vie de famille. Il y a eu des films sur Mark Zuckerberg et Steve Jobs, alors que l'on n'en trouve pas sur des success stories de femmes entrepreneures. On a besoin d'avoir une exposition différente des femmes dans les médias. Sur le financement, le monde de la finance est très masculin. Aux conseils d'administration des entreprises, où je siège, je suis la seule femme. Lorsqu'on a fait la présentation pour Criteo, on a reçu 300 investisseurs et aucune femme. Là aussi on a un vrai problème. »

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Commentaires 2
à écrit le 01/12/2014 à 23:43
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Toutes ces femmes sont aveuglées!Réver de jp morgan,une banque de truands?Croire à l'économie numérique où règnent la guerre de tous contre tous,l'espionnage réciproque,le vol d'informations,les alliances et contre-allaiance truqées,les trahisons,la ...

le 04/12/2014 à 18:54
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Mais bien sur d'ailleurs S FREUD disait “L’envie de réussir chez une femme est une névrose, le résultat d’un complexe de castration dont elle ne guérira que par une totale acceptation de son destin passif “. La hantise d’une grossesse non prévue inh...

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