A l'heure où les pouvoirs publics militent en faveur d'un meilleur accès des PME aux marchés boursiers, se pose la question de l'adaptabilité de certains secteurs d'activité à ce type de source de financement. L'industrie des biotechnologies en fait partie. Le décrochage de plus de 20% de l'action Nicox mérite en tout cas que l'on se penche sur le dossier. Voilà déjà plusieurs mois que le cours du titre est suspendu aux évolutions cliniques du Naproxinod, traitement destiné à soigner l'arthrose. Il ne se passe pas un mois sans qu'une nouvelle ne provoque un fort décalage sur la valeur.
Cette fois-ci, une note d'analyse d'Aurel Leven a suffit à semer le doute quant au potentiel commercial du produit. Selon le courtier, la sacrosainte FDA représentant les autorités sanitaires américaines pourrait ne pas reconnaître d'effets bénéfiques supplémentaires de la molécule, notamment sur la pression artérielle. Or, pour que ses ventes atteignent le milliard de dollars anticipé par les analystes, soit plus de deux fois le montant de la capitalisation de Nicox, encore faudrait-il que le Naproxinod présente un réel avantage thérapeutique sur le Naproxen, son concurrent générique.
Les déboires de la société mettent clairement en lumière la compléxité de ce type de dossier, presque assimilable à un jeton de casino. Lorsqu'elles n'ont pas atteint une phase de maturité suffisante, les jeunes pousses biotechnologiques sont très mono-produits et les risques associés à leur activité sont aussi nombreux que les incertitudes afférentes à leurs avancées scientifiques. Dès lors, à ce stade du cycle économique, le recours aux marchés des capitaux peut paraître un peu prématuré. D'autant que des fonds spécialisés existent et sont généralement gérés par d'anciennes blouses blanches rompues aux techniques de laboratoire. Or, dans ce cas précis, mieux vaut privilégier une bonne connaissance du modèle économique à une hypothétique notoriété induite par une introduction en Bourse.
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