Quand les gendarmes préviennent les troubles à l'ordre économique

La Gendarmerie nationale fait partie intégrante de la politique publique d'intelligence économique. Avec son maillage du territoire, elle est à même de sensibiliser les entreprises, de recueillir leurs questions, leurs inquiétudes et leurs plaintes, et de détecter de potentielles menaces à l'encontre de notre tissu économique.
Gendarmes défilant pour le 14 juillet, Copyright Reuters

Que la Gendarmerie veille à la sécurité des entreprises, voilà qui peut paraître curieux. Pourtant, la protection des entreprises, de leurs salariés et de leurs savoir-faire fait bien partie de ses attributions.
"La mission de la Gendarmerie est de sécuriser les personnes et les biens. Tous nos gendarmes sont sensibilisés à la sécurité économique, avec un minimum de 20 heures de formation à l'intelligence économique. Nous sommes un service public de proximité. Et notre maillage administratif est mis à profit, de telle sorte que toute entreprise qui a un problème de sécurité économique peut bénéficier de l'aide de nos spécialistes en cybercriminalité, contrefaçon ou délinquance financière", explique Xavier Leonetti, chef d'escadron à la direction générale de la Gendarmerie nationale, en charge de l'intelligence économique.

Trouver une oreille attentive

La Gendarmerie couvre en effet 95% du territoire et 50% de la population, ce qui lui permet d'être un point de contact facile pour les chefs d'entreprise. Et si ces derniers n'ont pas toujours le réflexe de se confier aux gendarmes, l'essentiel est qu'ils trouvent une oreille attentive, auprès de la CGPME, du Medef, des élus, ou des Chambres de commerce et d'industrie, qui sauront les aiguiller vers le bon interlocuteur.
"A titre d'exemple, un chef d'entreprise du fin fonds du Larzac qui fabriquerait des pièces stratégiques pour l'aéronautique, ne connaît pas forcément d'interlocuteurs vers qui se tourner en cas d'agression ou de suspicion d'agression. La Gendarmerie est aussi un relais vers les différents services de l'Etat et nos actions sont complémentaires de celles de la DCRI [Direction centrale du renseignement intérieur] et de la DPSD [Direction de la protection et de la sécurité de la Défense], ce qui permet au final d'éviter qu'il y ait des trous dans la raquette et de ne pas laisser de demandes sans réponse", ajoute Xavier Leonetti.

Traiter et tracer toutes les failles

Il est également important que toutes les informations remontent bien, que ce soit à la Gendarmerie, à la DCRI, à la DPSD, à Bercy, au ministère de l'Intérieur ou aux ministères de rattachement de l'entreprise, pour que la moindre identification de faille ou d'attaque soit traitée et tracée. Un partage d'informations qui permet notamment de détecter des « signaux faibles » et d'avoir par exemple à l'?il les secteurs d'activité où se concentreraient des investissements étrangers ou des rachats d'entreprises.
Lorsqu'une menace est identifiée, une fiche d'information est transmise aux décideurs publics, qui informent les entreprises concernées.
Entre 20% et 30% de l'activité de la cellule d'intelligence économique de la Gendarmerie est d'ailleurs dédiée aux remontées d'informations "sensibles" et au traitement des attaques ciblées sur des secteurs stratégiques, qui peuvent porter atteinte à la sécurité nationale, en générant entre autres de lourdes pertes de compétences ou des troubles graves à l'ordre public.

Malveillance ou négligence ?

Elle exerce en outre une action importante en matière de sensibilisation, en particulier grâce à un diagnostic effectué auprès des entreprises sur la base d'une centaine de questions. Au premier semestre 2012, la Gendarmerie a ainsi dispensé 4020 conférences de sensibilisation et réalisé 1207 diagnostics.
"Le volume d'entreprise à sensibiliser est gigantesque, sachant que 70% des attaques sont lancées contre des entreprises de moins de 500 salariés. L'objectif est de sensibiliser les chefs d'entreprises, mais aussi les salariés, qui n'ont pas toujours conscience de détenir des informations stratégiques", indique Xavier Leonetti.
Sur le premier semestre, la Gendarmerie et la DCRI observent ainsi que les atteintes constatées se concentrent en particulier sur le secteur de l'énergie, et, dans une moindre mesure, sur les secteurs de l'automobile et de l'aéronautique. "Tous secteurs confondus, les risques les plus courants sont les risques informatiques et les atteintes physiques comme les vols d'ordinateurs. Viennent ensuite les atteintes aux brevets ou encore les "intrusions consenties", du fait par exemple de la présence de stagiaires étrangers. Mais la malveillance est souvent le fait de négligences. Lorsque vous partez de chez vous, vous ne laissez pas la porte ouverte ? Donc n'oubliez pas de fermer celle de votre bureau, de votre entreprise, et de sécuriser vos données informatiques. Ce sont des actes qui devraient être des réflexes", affirme Xavier Leonetti.

Une barrière culturelle

Parmi les atteintes physiques, la Gendarmerie relève également le vol de matériel, de fichiers ou, tout simplement, de clés. Elle veille aussi aux atteintes à la réputation ou encore aux risques financiers. Sachant que, si le risque zéro n'existe pas, la mise en place de politique de prévention et de sécurité peut cependant éviter bien des nuisances.
Aux entreprises qui se trouveraient démunies devant la mise en ?uvre d'une politique de sécurité, Xavier Leonetti conseille de se poser une seule question : "Selon vous, quelle information ne souhaiteriez-vous pas voir diffusée ? Vous saurez ensuite quoi protéger".
Mais il existe une barrière culturelle à la mise en place d'une stratégie de sécurité et de sûreté dans l'entreprise. "Notre principal obstacle est l'acception culturelle de la sécurité. Pour les entreprises, mettre en place une politique de sécurité est considérée comme un coût, et la question récurrente est de savoir combien cela va leur rapporter. Sauf que la sécurité ne fait pas gagner d'argent, elle évite d'en perdre. Il faudrait davantage considérer la sécurité comme une partie prenante de la compétitivité", constate Xavier Leonetti. En somme, ne pas vous croire intouchable, vous rendra toujours plus fort !
 

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Commentaires 36
à écrit le 13/12/2012 à 11:32
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Bonjour, Certains commentaires sont particulièrement pertinent pour démontrer que leurs rédacteurs sont incultes et incapables d'avoir un minimum de réflexion. Ils ne sont néanmoins que le reflet de notre société actuelle, ou tout du moins celle voul...

à écrit le 10/12/2012 à 14:22
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Gendarmerie Nationale, (ex-)DST, etc. si l'IE en France cherche toujours le côté "barbouze", il est également des cas où des gendarmes ou la DST sont intervenus dans le passé sur des questions d'espionnages économiques et de "candeur" économique d'en...

à écrit le 09/12/2012 à 8:10
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Que de bêtises et de vision primaire dans ces commentaires.... On en vient toujours à la même oppositIon fonctionnaires/ privé hors sujet .... Dire qu ils sont trop et/ou nuls fainéants c est aussi bête que dire que tous les entrepreneurs sont des fr...

le 09/12/2012 à 16:10
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@intelligence: si tu lis bien l'article, tu vas comprendre que ce sont les gendarmes qui prétendent avoir des compétences en entreprise et pas l'inverse. les fonctionnaires sont en effet fonctionnaires parce qu'ils ne peuvcent pas faire autre chose. ...

le 09/12/2012 à 19:26
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Bien vu!!

le 09/12/2012 à 20:15
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Mon cher Patrickb, on finira par être d'accord.

le 09/12/2012 à 23:15
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@ Patrickb: avec votre raisonnement un certificat d'études de 1900 est du niveau d'un doctorat de 2012...

le 10/12/2012 à 4:49
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@grincheux: je ne connais pas le certif de 1900, donc je n'en parle pas. Mais avec le certif des années 60, les gens savaient lire, écrire et compter correctement et sans être des savants, ils étaient capables de faire autre chose que de pleurnicher ...

le 13/12/2012 à 12:22
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Un gendarme est un militaire et non un fonctionnaire.

à écrit le 08/12/2012 à 23:05
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On est entrain de tuer l'âme française qui pourtant porte en elle le meilleur. Est-ce que oui ou non cela vaut de se battre? Français vous vendez votre âme au diable! Pour ce qui est de l'administration, c'est simple: c'est un Etat de main d'oeuvre, ...

le 08/10/2014 à 18:02
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Je ne sais si la faute incombe aux journalistes ou aux professeurs eux-mêmes mais il y a toujours une impression de confusion technique quand on lit des articles ecrits ou inspirés par des professeurs d'économie ou de finance en France. ..Il faut pas...

à écrit le 08/12/2012 à 18:44
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Samedi 08 en titre sur le Point "Nord : deux gendarmes ont sauvé une famille des flammes; http://www.lepoint.fr/societe/nord-deux-gendarmes-ont-sauve-une-famille-des-flammes-08-12-2012-1547330_23.php". Pour les radars, ils font ce qu'on leur dit de f...

à écrit le 08/12/2012 à 10:40
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Mission 1ere rapporter des sous avec les radars .... le reste c'est de la blague !!!!!!!!

le 08/12/2012 à 18:03
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Voilà un avis particuliÚrement éclairé... à la lumiÚre noire.

à écrit le 08/12/2012 à 10:23
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Les commentaires hostiles ont de quoi surprendre, l'image de la gendarmerie dans l'opinion est bonne. J'ai un cousin par alliance qui est gendarme et un oncle patron d'une petite entreprise, et je peux vous assurer que les contraintes sur la vie fami...

le 08/12/2012 à 19:35
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Mais oui, je vous confirme que les FDO sont des hommes comme les autres en dehors de leurs fonction répressives, j'ai moi-même plusieurs FDO dans ma famille. Quant à dire que l'opinion est bonne, euh, ce n'est pas ce que j'entends.

à écrit le 08/12/2012 à 8:18
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rassurez moi, cet article.........c'est bien une blague ?

à écrit le 07/12/2012 à 21:31
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En effet. Mais depuis la dépénalisation des affaires, les Gendarmes doivent avoir beaucoup moins de boulot...

à écrit le 07/12/2012 à 19:05
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EN effet la Gendarmerie veille sur nous à tous les coins de rues avec leurs radars, mais pour le reste ce n'est pas leur problème ...

le 07/12/2012 à 19:20
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@paulo , c'est bien vrai , ils ont une primes à chaque PV

à écrit le 07/12/2012 à 19:04
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J'ai eu plusieurs tentatives de cambriolages (ratés ou réussis) et une vitrine d'un magasin détruit par par un pavé. A chaque fois ne sont pas déplacés et aucune nouvelle par la suite. Ah oui, je me rappelle il y une dizaine d'année je venais de subi...

à écrit le 07/12/2012 à 18:49
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ils n'ont pas fait grand chose pour maintenir à flot l'entreprise doux

le 07/12/2012 à 19:28
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Entre poulets, ils auraient pu se comprendre !

le 08/12/2012 à 10:52
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http://www.fncv.com/activites/lecture/humour/guerre/images/poulet_gendarmes_370x260.jpg

à écrit le 07/12/2012 à 18:32
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à lire :"la France : un pays sous influences? de Claude Revel chez Vuibert.

à écrit le 07/12/2012 à 18:04
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Et quand c'est leur services qui espionnent ou ceux de l'état ( ex: Transparency, Greenpeace, etc...) on va se plaindre chez eux aussi?

le 07/12/2012 à 19:29
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Vous allez ouvrir la boite aux Pandores !

à écrit le 07/12/2012 à 17:39
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C'est la gendarmerie qui va sans doute rééquilibrer la balance commerciale. Digne du Gendarme à St-Trop. D'ailleurs pourquoi 2 entités chargées de la sécurité alors que les finances publiques sont mal en point ? Au R-U et en RFA c'est la Police seul...

à écrit le 07/12/2012 à 17:38
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je vous trouve un peu dur.cetes l'intelligence économique est avant tout de la responsabilité de l'entreprise ,mais contrairement aux anglophone saxons les Français n'y sont pas préparés ,bien que depuis quelques années des cours sont dispensés da...

à écrit le 07/12/2012 à 14:58
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Ben, c'est sûr qu'avec un réseau administratifs et des milleirs de fonctionnaires, les entreprises n'ont rien à craindre :-) mais au fait, pourquoi tous ces fonctionnaires si intelligents et expérimentés ne créent jamais leur propre entreprise ?? :-)

le 07/12/2012 à 15:34
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C'est hors sujet meme si je suis d'accord avec votre propos... En tout cas je me vois mal aller a la gendarmerie pour me plaindre du racket de l'etat...

le 07/12/2012 à 15:57
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Sauf que c est pas eux le problemes, pour memoire allez voir les chiffres d'evolutions des forces de l ordre, ce journal les a relaye fin 2010 si mon souvenir est bon, qui rappelait que la population a augmenter de 15% entre 88 et 98 si mon souvenir ...

le 07/12/2012 à 16:19
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Ce que je dis: chacun son métier et je n'attends pas que les gendarmes ou les fonctionnaires se préoccupent de mes problèmes d'entreprise pusique de toute façon...ils n'y connaissent rien :-)

le 07/12/2012 à 17:37
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il sont la en cas de conflit aves les ouvriers au service de l'entreprise

le 07/12/2012 à 21:34
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@titi: c'est sûr qu'en cas de conflit, ils sont là, la matraque à la main, mais du point de vue économique, ça apporte quoi ???

le 11/12/2012 à 0:13
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je suis abasourdi par le niveau de la plupart des commentaires qui ne font que cliver un peu plus notre société. j'ai dû regarder à deux fois avant de réaliser que j'étais sur le site de La Tribune, j'ai vraiment cru être sur yahoo, le parisien, bref...

le 12/02/2013 à 22:29
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@patrick : nous sommes là pour sensibiliser certains entrepreneurs sur la nécessité de protéger leur savoir faire, leurs outils de production face aux stratégies offensives de leurs concurrents. Certes, nous ne sommes pas des "spécialistes", mais si...

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